Plusieurs brigades de la rébellion syrienne ont rejeté l'adhésion du Front jihadiste Al-Nosra au réseau extrémiste Al-Qaïda, estimant que la priorité était de combattre le régime et appelant à un islam «modéré».

«Ici, en Syrie, nous avons lancé le jihad (guerre sainte) contre le régime (...), pas pour prêter allégeance à X ou Y et pas pour qu'on impose sur nos frères et notre peuple des choses malgré eux», a fait savoir vendredi dans un communiqué le Front islamique de libération de la Syrie.

Ce front regroupe une vingtaine de bataillons islamistes sous l'autorité de l'Armée syrienne libre (ASL) - principale composante de la rébellion armée- , comme le Liwa Al-Tawhid, Liwa Al-Islam ou les brigades Al-Farouk.

Mercredi, le Front al-Nosra, un groupe formé de jihadistes syriens et étrangers et qui n'est pas membre de l'ASL, a prêté allégeance au chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri, qui avait appelé à l'instauration d'un «État islamique» en Syrie.

«Prêter allégeance à des gens qui ne savent rien de notre situation ne peut pas servir notre peuple et notre nation», estime le communiqué. «O Moujahidine, le Front islamique de libération de la Syrie vous appelle à unifier vos rangs (...) et à suivre le chemin de la modération qu'a toujours connu la Syrie».

Les mouvements islamistes regroupés sous l'ASL affirment avoir une interprétation «modérée» de l'islam, comparé aux factions salafistes.

L'annonce d'Al-Nosra a été rejetée par l'opposition syrienne, tandis que le régime, qui assimile la rébellion à du «terrorisme», a demandé à l'ONU d'inscrire le groupe sur sa liste noire d'individus et d'organisations affiliées à Al-Qaïda.

Ce sujet était également présent vendredi lors des manifestations hebdomadaires contre le régime de Bachar al-Assad.

À Kafr Nabel, dans le nord-est de la Syrie, des manifestants brandissaient une banderole proclamant: «Notre révolution n'est pas contre le régime en tant que tel, elle est contre les attaques contre la raison et l'oppression (...) quelles que soient les formes qu'elles prennent».

À Alep (nord), des manifestants ont défilé dans le quartier de Boustan al-Qasr tenu par les rebelles avec des pancartes disant: «C'est le peuple syrien qui décidera du genre d'État qu'il veut», et d'autres ont scandé «Nous ne laisserons personne (nous) imposer sa tutelle» dans le quartier de Qaterji.

Le Front al-Nosra avait cependant des partisans dans la province d'Idleb (nord-ouest) comme à Bineche, où des banderoles proclamaient: «Le peuple islamique veut un califat islamique».