Al-Nosra, créé en janvier 2012, est un des groupes rebelles syriens les plus actifs dans la lutte contre le régime de Bachar al-Assad. Hier, il s'est réclamé du groupe terroriste Al-Qaïda. Quatre mots pour comprendre ce que cette profession de foi signifie, tant pour les rebelles syriens que pour les grandes puissances occidentales.

Ayman al-Zawahiri

Le chef du Front djihadiste Al-Nosra (que l'on peut traduire en français par La Victoire), Abu Mohammed al-Jawlani, a déclaré sa loyauté et son obéissance à Ayman al-Zawahiri, à la tête d'Al-Qaïda depuis la mort de ben Laden. «Ils partagent la même idéologie, un islamisme combatif qui justifie sa violence pour atteindre l'objectif d'un État islamique», explique le politicologue Sami Aoun. Cette déclaration consolide l'idée que la Syrie est devenue un champ de bataille international pour les islamistes, ajoute M. Aoun. Al-Nosra nie toutefois être parrainé par la branche irakienne du réseau extrémiste, contrairement à ce que cette dernière avait déclaré mardi.

Rebelles

Les rebelles qui luttent contre le régime de Bachar al-Assad ne sont pas unis. Le groupe principal est l'Armée de libération syrienne. Si cette armée a rapidement critiqué les positions idéologiques d'Al-Nosra, elle se trouve en mauvaise posture pour les condamner. «Ils ne peuvent dénigrer les victoires d'Al-Nosra sur le terrain. Il peut être difficile de critiquer Al-Nosra, lorsqu'ils libèrent, par exemple, une route ou un emplacement stratégique», indique le politicologue Sami Aoun. Al-Nosra est pour le moment minoritaire parmi les rebelles. Ils sont environ 10 000, comparativement à 140 000 dans l'Armée de libération syrienne.

Armes

La confirmation de l'allégeance d'Al-Nosra à Al-Qaïda complique les relations entre les pays occidentaux et les rebelles. «Ça accentuera les hésitations d'Obama et donnera des arguments contre une intervention américaine, mais on n'a pas besoin d'Al-Nosra pour comprendre qu'Obama ne fera pas un déploiement militaire terrestre», croit le politicologue Sami Aoun. Reste à voir ce que feront les Britanniques, qui fournissent, selon M. Aoun, des informations et des armes à l'Armée de libération syrienne. Peut-on s'assurer que les armes fournies à un groupe rebelle ne finiront pas dans les mains de l'autre? «C'est le problème, ils n'ont pas vraiment de garantie», ajoute le politicologue.

Propagande

Cette allégeance officielle fait le beau jeu de Bachar al-Assad. Depuis le début du conflit, le président syrien a recours à la propagande en affirmant qu'il lutte contre des terroristes. «Il voulait montrer que la révolution syrienne est une révolution des islamistes fanatiques et radicaux pour bloquer les décisions américaine et européenne contre son régime», souligne M. Aoun, qui croit que plus le conflit avance, plus il s'islamise. Il ajoute cependant que la culture populaire syrienne n'est pas djihadiste.

PHOTO ARCHIVES REUTERS

Un membre d'Al-Nosra fuit alors que la base du Front djihadiste est bombardée par les forces du président Assad, dans la province de Raqqa, dans l'est du pays, le 14 mars.