Damas a rejeté lundi la mission des enquêteurs de l'ONU devant être envoyés en Syrie pour déterminer si des armes chimiques sont utilisées dans le conflit, telle que l'a proposée le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui envisage un déploiement sur tout le territoire.

«Le secrétaire général (...) a suggéré une mission supplémentaire permettant à la mission de se déployer sur tout le territoire syrien, cela est contraire à la demande qu'a faite la Syrie aux Nations unies» à ce sujet, a indiqué un responsable du ministère des Affaires étrangères cité par l'agence officielle SANA.

Il a souligné que «la Syrie ne pouvait accepter de telles manoeuvres de la part du secrétariat général de l'ONU, tenant compte du rôle négatif qu'elle a joué en Irak et qui a ouvert la voie à l'invasion américaine» de 2003.

Le ministère des Affaires étrangères syrien a «regretté» que Ban Ki-moon «ait cédé aux pressions d'États connus pour leur soutien à l'effusion de sang en Syrie», sans préciser de quels pays il s'agissait.

Il a précisé que la demande qu'avait fait Damas auprès des Nations unies portait sur «l'envoi d'une mission technique neutre et honnête au village de Khan Aassal dans la province d'Alep (nord) pour enquêter sur ce qui s'est passé après que le village eut été la cible d'un missile doté de matières chimiques toxiques tiré par les bandes terroristes».

Le gouvernement syrien et l'opposition armée s'accusent mutuellement d'avoir employé des armes chimiques dans les régions d'Alep et de Damas dans le cadre du conflit qui ravage le pays.

Plus tôt lundi, Ban Ki-moon avait annoncé que les enquêteurs des Nations unies sont «prêts» à être déployés en Syrie, lors d'une conférence de presse à l'occasion de l'ouverture à La Haye, au siège de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), de la troisième conférence sur le bilan de la Convention sur les armes chimiques.

«Ma position est claire : toutes les allégations feront l'objet d'enquêtes sans retard, sans condition et sans exception», a soutenu Ban Ki-moon, selon lequel «l'ONU est maintenant en mesure de se déployer en Syrie». «Dans moins de 24 heures, tous les arrangements logistiques auront été réglés».

«Nous n'attendons plus que le feu vert du gouvernement syrien pour déterminer si des armes chimiques ont été déployées», a ajouté le secrétaire général : «nous sommes encore en train de discuter de cela avec le gouvernement syrien».

Selon le ministère syrien, les consultations et «lettres échangées» entre la Syrie et l'ONU avaient «jusqu'au 3 avril enregistré des progrès», avant l'arrivée de Ban à La Haye et sa demande d'une «mission supplémentaire».

Damas avait déposé le 20 mars une requête officielle pour une enquête de l'ONU sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, qui avait été annoncée par Ban Ki-moon dès le lendemain.

La Grande-Bretagne et la France avaient de leur côté demandé que l'ONU enquête sur des allégations d'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien.