Des obus tirés par les rebelles ont provoqué jeudi un carnage à la faculté d'architecture de Damas et un député a brossé un tableau catastrophique de la situation de l'armée loyaliste dans le sud du pays.

Par ailleurs, Damas n'a pas encore donné son feu vert pour accorder «l'accès sans entraves» à son territoire, demandé par l'ONU pour y mener une enquête sur l'utilisation éventuelle d'armes chimiques.

«Le nombre des martyrs par les obus tirés par des terroristes contre la faculté d'architecture s'élève à 15 étudiants», a dit le président de l'université de Damas Amer Mardili, selon l'agence officielle Sana.

Dans la terminologie officielle, le terme «terroriste» désigne les rebelles en guerre contre les troupes du régime de Bachar al-Assad.

La télévision syrienne al-Ikhbariya a montré des flaques de sang, des chaises et des tables cassées dans ce qui semble être la cafétéria de la faculté et aussi des étudiants blessés transportés à l'hôpital.

«Ce que nous avons vu aujourd'hui est un crime de guerre. L'utilisation des (obus) de mortier doit cesser immédiatement. La grande majorité des personnes tuées par ces projectiles sont des civils», a déclaré Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Les protagonistes doivent cesser de prendre les civils comme cible. Les universités de Damas et d'Alep, les plus importantes institutions éducatives du pays, ont été visées par des attaques sanglantes», a-t-il ajouté. Plus de 80 étudiants avaient été tués à la mi-janvier dans le bombardement de l'université d'Alep.

Depuis le début de la semaine, les rebelles ont lancé des attaques contre ce secteur où se trouvent plusieurs bâtiments officiels, notamment la télévision, faisant au moins cinq morts.

Les tirs d'obus et de roquettes par les insurgés se sont multipliés ces dernières semaines sur Damas, place forte du régime dont les troupes tentent de neutraliser les poches rebelles à la périphérie et empêcher les combattants d'avancer dans la capitale.

Des combats faisaient rage par ailleurs à la périphérie de la capitale, selon l'OSDH.

Par ailleurs, un député de Deraa, berceau de la contestation en Syrie, a lancé jeudi un appel au président syrien pour le mettre en garde sur la situation dans cette province affirmant notamment que les rebelles contrôlaient une partie de l'autoroute reliant Damas à cette région du sud.

«La province de Deraa est déchirée d'ouest en est après l'évacuation de plusieurs positions militaires, pour des raisons (...) que nous ne connaissons pas. En tout cas, ce sont les terroristes du Front al-Nosra qui ont pris la place», a déclaré au Parlement Walid al-Zohbi, dont les propos étaient retransmis sur la télévision officielle.

Alors que ses collègues voulaient le faire taire, il a lancé: «C'est faux que l'autoroute de Deraa est sécurisée. Depuis Kherbet Ghazalé jusqu'au poste frontalier (avec la Jordanie) elle est totalement contrôlée par les hommes armés».

Les rebelles syriens se sont récemment emparés dans le sud d'une bande de 25 km allant de la Jordanie à la ligne de cessez-le-feu avec Israël sur le plateau du Golan, avait affirmé dimanche l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Nous sommes totalement exposés du côté du sud et nous n'avons qu'une seule couverture du côté de l'ouest avec la brigade 61. Le citoyen vit un enfer et le moral des gens est au plus bas», a-t-il poursuivi.

Par ailleurs, Damas n'a pas encore donné son feu vert pour accorder «l'accès sans entraves» à son territoire, demandé par les Nations unies pour y mener une enquête sur l'utilisation éventuelle d'armes chimiques, ont déclaré des diplomates mercredi.

Selon l'ONU, les recherches «se concentreront dans un premier temps» sur les accusations portées par le gouvernement syrien, qui a été le premier à demander une enquête. La France et le Royaume-Uni ont de leur côté demandé à l'ONU d'étudier toutes les accusations, qu'elles viennent de l'opposition ou de Damas.

Mercredi, la violence a coûté la vie à 148 personnes à travers le pays, dont 63 civils, 28 soldats et 57 rebelles.