L'ONU a exhorté mercredi la communauté internationale à débloquer massivement des fonds pour aider un million de réfugiés syriens ayant fui le conflit dans leur pays, une ONG dénonçant de son côté le recours aux enfants comme soldats ou boucliers humains.

Alors que la Syrie entre vendredi dans la troisième année d'un conflit qui ne donne aucun signe de répit, des obus de mortier ont tué deux enfants et blessé 30 personnes à Damas, et de nouveaux combats meurtriers ont éclaté près de la frontière avec le Liban.

Au moment où les pays voisins de la Syrie sont débordés par l'afflux de réfugiés fuyant les violences, dépassant la barre d'un million, l'ONU a appelé les gouvernements à débloquer massivement des fonds, à défaut de quoi l'organisation ne pourrait délivrer l'aide nécessaire.

Le nombre de réfugiés, qui vivent en majorité dans des conditions précaires, pourrait doubler voire tripler d'ici la fin de l'année, si le conflit se poursuit, a averti le Haut Commissaire de l'ONU aux réfugiés, Antonio Guterres, à Amman.

«Les pays d'accueil et les agences humanitaires ne seront pas capables de répondre (à une telle situation), sauf s'ils bénéficient d'un soutien plus important de la communauté internationale», a-t-il affirmé, en soulignant l'«énorme menace pour la région» si la crise s'éternisait.

M. Guterres se rendra jeudi au Liban, pays de quatre millions d'habitants qui accueille à lui seul 300 000 réfugiés.

Dans le même temps, l'ONG Save the children a mis en garde contre le recours de plus en plus fréquent aux enfants sur la ligne de front en Syrie, les deux parties en conflit n'hésitant pas à s'en servir comme soldats ou même boucliers humains.

«Deux millions d'enfants coincés en Syrie sont les victimes innocentes» d'une guerre sanglante, déplore l'ONG dans un rapport, relevant qu'ils «risquent en permanence la malnutrition, la maladie, le traumatisme». Les deux parties ont tendance à les recruter «comme messagers, gardes, informateurs ou combattants».

La veille, l'Unicef avait déjà souligné que plus de deux millions d'enfants syriens étaient en passe de devenir une «génération perdue».

Une semaine de mobilisation

En deux ans, le conflit, déclenché par une contestation pacifique qui s'est militarisée face à la répression, a fait plus de 70 000 morts et des millions de déplacés, selon l'ONU.

Les Frères musulmans, influente composante de l'opposition, ont appelé à une semaine de solidarité, entre le 15 et 22 mars, avec le peuple syrien à l'occasion du deuxième anniversaire du déclenchement de la révolte.

La confrérie appelle à «l'organisation de marches de soutien, de sit-in et de festivals dans toutes les capitales et villes du monde par solidarité avec le peuple syrien, les révolutionnaires, les réfugiés, les déplacés et les blessés», soulignant l'«héroïsme» et les «grands sacrifices» des Syriens face aux «massacres du régime».

Les combats entre l'armée et les groupes rebelles, au sein desquels des jihadistes jouent un rôle de premier plan, ne connaissent pas une minute de répit à travers la Syrie.

Le régime a fait savoir mardi qu'il avait les moyens de combattre «pendant des années» les insurgés, qu'il considère comme des «terroristes» à la solde de l'étranger.

Les violences ont coûté la vie à un conseiller syrien de la délégation de l'Union européenne à Damas, a annoncé mercredi l'UE, qui a précisé qu'il avait été tué mardi au cours d'une attaque à la roquette dans la banlieue où il habitait.

L'agence officielle Sana a annoncé de son côté «la chute de deux obus de mortier tirés par des terroristes près d'un orphelinat» à Damas, sans donner de bilan. L'OSDH a confirmé ces tirs, en faisant état de deux enfants morts et de 30 blessés.

De nouveaux combats ont par ailleurs opposé les troupes régulières à des rebelles à la frontière avec le Liban dans la province de Homs, faisant quatre morts parmi les insurgés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Et l'armée tentait toujours à coups de raids aériens de reprendre le contrôle du quartier symbolique de Baba Amr, attaqué dimanche par surprise par les rebelles un an après sa reprise par les loyalistes.