Premier président israélien à s'exprimer devant le Parlement européen en près de 30 ans, Shimon Peres a plaidé lundi en faveur de l'intervention d'une force de la Ligue arabe en Syrie «pour mettre fin au massacre», dans un discours appuyé contre le terrorisme et pour la paix.

«La Ligue arabe peut et doit former un gouvernement provisoire en Syrie pour arrêter le massacre et empêcher la Syrie de s'effondrer. Les Nations unies doivent soutenir une force de Casques bleus arabes», a dit M. Peres devant les députés européens.

«On ne peut rester les bras croisés alors que le président syrien (Bachar al-Assad) massacre son propre peuple et ses enfants», a dit M. Peres qui a reçu une ovation debout de la plupart des députés à la fin de son discours.

«La meilleure solution pour mettre fin à la tragédie syrienne est de permettre à la Ligue arabe, dont la Syrie est un État membre, d'intervenir», a-t-il insisté, estimant qu'une «intervention occidentale serait perçue comme une ingérence étrangère».

Au cours de son intervention qui a duré environ 45 minutes, Shimon Peres s'est livré à un plaidoyer pour la paix au Proche-Orient. La formation prochaine d'un nouveau gouvernement en Israël constitue selon lui «une occasion de reprendre les négociations de paix» avec les Palestiniens et de concrétiser la solution de «deux États pour deux nations».

L'Europe, dont il a loué le modèle, a un rôle à jouer dans ce processus, a-t-il insisté, comme il l'avait déjà fait à l'occasion de sa tournée sur le Vieux Continent, qui l'a conduit à Bruxelles et Paris, avant Strasbourg.

Ce qui s'est passé en Europe, qui s'est reconstruite «en six ans» après la Deuxième Guerre mondiale, peut aussi se passer au Proche Orient, a-t-il dit. «La paix peut se réaliser rapidement», a-t-il assuré, évoquant non seulement «un choix stratégique» pour Israël, mais aussi «un appel moral».

La paix passe toutefois par la lutte contre le terrorisme, a souligné le dirigeant israélien âgé de 89 ans, faisant notamment porter la responsabilité de l'instabilité dans la région sur le mouvement chiite libanais Hezbollah et son principal soutien, l'Iran.

«L'Iran soutient le terrorisme dans le monde entier. Son principal nervi, le Hezbollah, mène des attaques terroristes et menace la stabilité de la région», a-t-il déclaré.

«Le régime iranien constitue la plus grande menace contre la paix. (...) Personne ne menace l'Iran. L'Iran menace les autres. Il met en danger l'indépendance des pays arabes et l'existence même de l'État hébreu», a ajouté M. Peres.

L'Iran demande la reconnaissance de ses droits au nucléaire civil, en particulier en matière d'enrichissement d'uranium, alors que l'Occident et Israël soupçonnent Téhéran, malgré ses démentis, de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, condamné par six résolutions de l'ONU, dont quatre assorties de sanctions.

Si les Iraniens demeurent insensibles aux sanctions «d'autres options sont sur la table», a averti le président israélien.

M. Peres, prix Nobel de la paix en 1994, a demandé aux Européens de placer le Hezbollah sur la liste noire des organisations terroristes, ce qui requerrait l'unanimité des 27 États de l'UE.

«Le Hezbollah est une organisation terroriste, pas un mouvement politique», a-t-il insisté. «Le Hezbollah est en train de détruire le Liban», a mis en garde le dirigeant israélien. «C'est un État dans l'État, une armée privée à côté de l'armée nationale, qui envoie des soldats pour soutenir le massacre du dictateur sanglant de Syrie», a-t-il ajouté.

«Dans le monde, il y a eu récemment 20 tentatives d'attentats de la part du Hezbollah», a poursuivi M. Peres, rappelant notamment l'attentat commis le 18 juillet à l'aéroport de Bourgas, en Bulgarie, qui a fait six morts - cinq touristes israéliens et un chauffeur d'autobus.

Les autorités bulgares ont indiqué le 5 février qu'elles avaient la preuve d'une implication du Hezbollah dans l'attentat de Bourgas, mais l'UE doit encore certifier l'enquête bulgare avant, éventuellement, de prendre une décision.

Un autre pays de l'UE, Chypre, juge actuellement un membre présumé du Hezbollah accusé d'«avoir planifié des attaques contre des cibles israéliennes».

«Nous vous appelons à appeler terrorisme le terrorisme», a conclu M. Peres.