Les rebelles syriens ont surpris l'armée dimanche avec un assaut sur leur ancien bastion de Baba Amr à Homs (centre), tandis que des insurgés islamistes affirmaient leur contrôle sur l'est du pays en créant un Conseil local.

À Ankara, le haut-commissaire de l'ONU aux réfugiés, Antonio Guterres, a prévenu que le nombre de réfugiés syriens, qui était de 33 000 il y a un an et vient de franchir le cap du million, pourrait doubler ou tripler à la fin de l'année si aucune solution n'est trouvée au conflit dans ce pays.

Un an après la prise de Baba Amr par l'armée, à l'issue de plus d'un mois de bombardements intenses ayant fait des centaines de morts, les rebelles ont lancé à l'aube un assaut-surprise sur ce quartier symbolique, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Ils se trouvent actuellement dans l'ensemble du quartier», a précisé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH, une organisation basée au Royaume-Uni s'appuyant sur un vaste réseau de militants et de sources médicales civiles et militaires.

À la mi-journée, les forces gouvernementales ont fermé plusieurs routes aux abords de Baba Amr et assiégeaient presque entièrement le quartier, où combats et bombardements se poursuivaient, a ajouté l'OSDH.

«Les révolutionnaires se sont infiltrés dans la nuit à Baba Amr. Les barrages de l'armée ont à peine eu le temps de comprendre ce qui se passait», a affirmé Omar, un militant en contact avec les combattants sur place.

Les troupes gouvernementales avaient repris le 1er mars 2012 le quartier de Baba Amr, symbole de la révolte ravagé par les bombes. Le président Bachar al-Assad s'était rendu lui-même sur place le 27 mars pour annoncer un retour à la normale dans le secteur.

La ville de Homs, surnommée «la capitale de la Révolution», est aujourd'hui contrôlée à 80% par l'armée, qui mène depuis plusieurs jours une violente offensive contre les enclaves rebelles de Khaldiyé et du Vieux Homs, assiégés depuis huit mois et où les affrontements se poursuivaient dimanche.

Dans une vidéo, un jeune combattant entouré de 25 compagnons d'armes a lu un communiqué annonçant «"la bataille de la grande victoire" en vue de libérer les quartiers violés (contrôlés par l'armée), en particulier Baba Amr, et d'alléger la pression sur nos frères combattants et sur les quartiers assiégés de Homs».

«Combler le vide»

Les soldats à Homs semblent avoir été également déroutés par le double attentat au camion piégé mené il y a quelques jours par le Front jihadiste Al-Nosra devant des barrages à l'entrée de Homs, selon l'OSDH.

Dans l'est du pays, le Front Al-Nosra et d'autres groupes islamistes de la rébellion qui contrôlent une grande partie de cette région riche en hydrocarbures ont annoncé la création d'un conseil local chargé de gérer les affaires courantes, selon un communiqué retransmis par l'OSDH.

«Grâce à Dieu tout-puissant, les bataillons islamiques ont formé le Conseil religieux dans la région de l'est pour gérer les affaires de la population et combler le vide sécuritaire», selon ce communiqué.

Une vidéo diffusée par l'OSDH montre des rebelles accrocher une banderole proclamant «Conseil religieux de la région de l'est» sur un bâtiment à Mayadeen.

Le Front Al-Nosra, qui ne cache pas ses aspirations de voir la Syrie devenir un État islamique, a connu une ascension fulgurante à partir de mi-2012, s'imposant partout comme le fer de lance de la rébellion au détriment de l'Armée syrienne libre (ASL), principale composante de l'opposition armée.

En bientôt deux ans, le conflit syrien, déclenché par une contestation pacifique qui s'est ensuite militarisée face à la répression, a fait plus de 70 000 morts, un million de réfugiés et des millions de déplacés selon l'ONU, qui a évoqué mercredi une «catastrophe absolue».

Dans le reste du pays, de violents combats ont éclaté aux abords de l'aéroport militaire de Mingh, près d'Alep (nord), que les rebelles tentent de prendre depuis des mois.

Et à Alep même, 20 corps d'hommes ont été retrouvés près de la rivière Qweiq, là où près de 80 corps de jeunes gens exécutés avaient déjà été retrouvés fin janvier.

Samedi, les violences ont encore fait au moins 160 morts --64 rebelles, 48 civils et 48 soldats-- à travers le pays, selon un bilan de l'OSDH.