Un gouverneur et un responsable du parti au pouvoir étaient mardi aux mains des rebelles syriens dans la première capitale provinciale conquise depuis le début du conflit, que le président Bachar al-Assad se dit pourtant en passe d'emporter.

En visite au Qatar dans le cadre d'une tournée régionale, le secrétaire d'État américain John Kerry a répété que les États-Unis ne livraient pas d'armements aux insurgés, tout en se disant confiants dans le fait que les armes envoyées par les pays du Golfe tombent entre les mains d'opposants «modérés».

Les rebelles ont remporté lundi leur victoire la plus importante depuis le début de la révolte en mars 2011, en s'emparant de Raqa, le chef-lieu d'une province du nord-est du pays.

Une vidéo tournée par des rebelles et diffusée par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) montre le gouverneur de Raqa, Hassan Jalili, assis au milieu de rebelles au côté de Souleiman Souleiman, le secrétaire général du parti Baas au pouvoir pour la province.

«Il s'agit des plus hauts dirigeants du régime à être capturés par les rebelles» depuis deux ans, a indiqué le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales.

Les insurgés ont conquis la plupart des quartiers de Raqa lundi, mais des troupes et des milices prorégime ont continué de résister pendant la nuit autour du siège des services du renseignement militaire, selon l'OSDH.

«De nouveaux renforts de l'armée sont en route vers Raqa. Reste à voir s'ils pourront rejoindre la ville (...) et l'aviation a bombardé la ville», a indiqué M. Abdel Rahmane.

Le quotidien progouvernemental Al-Watan affirmait mardi que «l'armée et les services de sécurité se livrent à de violents combats» à Raqa où ont afflué des «milliers d'hommes armés».

L'opposition joue «ses dernières cartes»

Malgré les avancées sur le terrain des rebelles qui contrôlent de larges zones du nord et de l'est du pays, M. Assad a estimé que la Syrie est «sortie victorieuse de la bataille» et que l'opposition «joue ses dernières cartes», selon des propos rapportés mardi par un journal libanais.

Pour M. Assad, le «complot touche à sa fin», selon des visiteurs arabes qui l'ont rencontré et ont rapporté ses dires au quotidien pro-iranien Al-Akhbar.

«Des succès significatifs ont été réalisés et leur importance stratégique est claire», a-t-il ajouté selon ces visiteurs.

Dans le centre du pays, de nouveaux heurts ont eu lieu mardi près de poches de résistance rebelles à Homs, selon l'OSDH, au troisième jour d'un assaut de l'armée et de milices prorégime pour conquérir ces enclaves insurgées dans la ville.

Un militant dans la Vieille ville de Homs a évoqué de lourdes pertes dans les deux camps. «C'est un déluge de balles. Tout est en feu dans la Vieille ville», a déclaré à l'AFP cet homme se présentant sous le nom d'Abou Bilal.

Les violences dans le pays ont fait mardi 126 morts -- 28 civils, 40 soldats et 58 rebelles --, selon un bilan provisoire de l'OSDH.

À Ankara, le roi Abdallah II de Jordanie a exhorté le gouvernement syrien à avancer vers une «transition incluant toutes les parties» afin d'empêcher l'éclatement de ce pays.

«Seule une transition incluant toutes les parties peut arrêter ce conflit et empêcher la fragmentation de la Syrie», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse avec le président turc Abdullah Gül, dont le pays soutient les rebelles.

Par ailleurs, les autorités syriennes ont remis à l'ambassadeur de Russie un journaliste allemand, Billy Six, entré clandestinement en Syrie. Il était pigiste pour Junge Freiheit, a précisé cet hebdomadaire allemand.

Sur le plan économique, le prix du litre du carburant a augmenté mardi de plus de 18%, alors que les pénuries persistent depuis plusieurs mois.