Les rebelles syriens ont remporté lundi leur plus importante victoire depuis le début de la révolte contre Bachar al-Assad, il y a deux ans, en s'emparant pour la première fois d'une capitale provinciale, Raqa, dans le nord du pays.                

«Les rebelles contrôlent presque entièrement la ville. Il y a encore quelques foyers de résistance des forces du régime, en particulier le siège de la sécurité militaire et le bâtiment du parti Baas», a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales.

Les combats se poursuivent et la ville est visée par des raids de l'aviation du régime, indique la même source.

«Dans les prochaines heures, Raqa sera la première capitale d'une province qui sera hors du contrôle du régime», a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. Selon lui, ce sont les djihadistes du Front al-Nosra, alliés à d'autres groupes, qui combattent dans la ville.

Une statue d'Hafez al-Assad, prédécesseur et père de l'actuel président Bachar, a été détruite, selon une vidéo mise en ligne par des militants.

Des informations font état de la mort d'un chef de la police et de l'arrestation de deux autres hauts responsables de la sécurité d'État et de la sécurité politique, a précisé l'OSDH, ajoutant que le chef de la sécurité d'État avait été transféré en Turquie.

Située sur l'Euphrate, près de la frontière turque, la ville de Raqa comptait 240 000 habitants, mais plus de 800 000 déplacés sont venus s'y installer depuis le début du conflit en mars 2011.

Ces dernières semaines, les rebelles avaient coupé toutes les voies d'approvisionnement d'armes et de renforts de l'armée vers la ville.

Par ailleurs, les insurgés ont pénétré dans l'aéroport militaire de Menagh, à 30 km au nord-ouest de la ville et fait sauter un pont au sud-est d'Alep pour empêcher l'arrivée de renforts vers le principal aéroport.

Livraisons d'armes

En revanche, les forces gouvernementales menaient lundi une offensive majeure pour reprendre les quartiers sous contrôle rebelle dans la ville de Homs (centre).

À Homs, «il s'agit des combats les plus violents depuis des mois et il y a des dizaines de morts et de blessés parmi les assaillants», a affirmé l'OSDH sans pouvoir avancer de bilan précis.

L'armée, épaulée par les miliciens pro-régime des Forces de défense nationale, a attaqué le centre de Homs, où des rebelles sont retranchés.

La ville est surnommée par les rebelles «capitale de la révolution», car c'est à Homs, qui comptait 800 000 habitants avant le conflit, que le soulèvement contre le régime de Bachar al-Assad a été le plus intense avant que l'armée ne reprenne le contrôle d'environ 80 % de l'agglomération.

Le secrétaire d'État américain John Kerry a promis de continuer à renforcer l'opposition syrienne sans l'armer, tout en donnant implicitement son aval aux livraisons d'armes aux rebelles «modérés» effectuées par des pays du Golfe.

Mais le secrétaire d'État, dont l'administration refuse d'armer les rebelles syriens, a répété qu'il n'y avait «pas de garantie qu'une arme ou une autre ne puisse tomber pas dans de mauvaises mains».

De leur côté, le président russe Vladimir Poutine, allié de Damas, et son homologue français François Hollande ont parlé de la coopération des deux pays sur la Syrie, dans un entretien téléphonique lundi.

Après le Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition, les comités locaux de coordination (LCC), qui regroupent des militants anti-régime, ont accusé à leur tour le voisin irakien et le Hezbollah libanais «d'aider directement les troupes du régime Assad» en «bombardant des positions de la rébellion» près des frontières irakienne et libanaise.

Au moins 33 soldats syriens ont été tués lundi dans une embuscade menée par des hommes armés contre leur convoi en Irak, où ils étaient entrés fuyant pour fuir les violents combats de ces derniers jours du côté syrien de la frontière, ont indiqué des officiers irakiens.