Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a prévenu dimanche que son pays ne resterait pas silencieux face aux crimes commis par le régime du président syrien Bachar al-Assad, après les critiques de l'opposition face à l'inaction de la communauté internationale.

Dans le même temps, le conflit a encore une fois coûté la vie à un journaliste, le reporter-photographe français indépendant Olivier Voisin, qui a succombé en Turquie après avoir été touché par des éclats d'obus dans la région d'Idleb (nord-ouest), selon le ministère français des Affaires étrangères.

Le reporter indépendant de 38 ans, qui publiait des photos dans la presse française et internationale, avait été grièvement blessé à la tête et au bras droit par des éclats d'obus alors qu'il couvrait les opérations d'une katiba (groupe armé d'opposition).

Ce décès vient s'ajouter à ceux d'une vingtaine de journalistes professionnels et d'une cinquantaine de citoyens-journalistes tués depuis le début de la révolte en mars 2011, selon Reporters sans frontières (RSF).

«Chaque jour un grand nombre d'enfants et de femmes innocents meurent en Syrie. Nous ne resterons pas silencieux sur ces crimes commis contre le peuple. Nous ne resterons pas silencieux face au dictateur brutal en Syrie», a insisté M. Erdogan, aux Émirats arabes unis.

Dès le début de la révolte populaire syrienne en mars 2011, la Turquie voisine a rompu ses liens avec le régime de Bachar al-Assad dont elle réclame le départ, et accueille la plupart des rencontres des opposants syriens.

Ces derniers doivent ainsi se réunir le 2 mars à Istanbul pour décider de la formation d'un gouvernement chargé de gérer les territoires syriens aux mains des rebelles, selon un porte-parole de la Coalition nationale syrienne.

«L'opposition veut établir une présence en Syrie qui lui donnerait plus de crédibilité», a expliqué Salman Shaikh, directeur du Brookings Doha Center.

Combats autour d'une académie de police

Le gouvernement de Damas dénonce régulièrement le rôle «destructeur de la Turquie» dans la crise syrienne, accusant systématiquement Ankara et plusieurs capitales occidentales et arabes du Golfe d'inciter à la guerre.

Alors que la Coalition de l'opposition a annoncé samedi qu'elle suspendait sa participation à plusieurs rencontres à l'étranger, dont une réunion des Amis de la Syrie le 28 février à Rome, pour dénoncer le «silence international sur les crimes» commis par le régime, la diplomatie américaine tentait dimanche de la convaincre de revenir sur sa décision.

«Nous essayons d'insister, et nos alliés et partenaires insistent également auprès d'eux, sur l'occasion qui leur est offerte à Rome de voir les pays qui les soutiennent le plus et de venir nous présenter la situation sur le terrain en termes sécuritaires, humanitaires, politiques et économiques», a expliqué un responsable américain.

Les États-Unis ont fermement condamné samedi les tirs de missiles sur Alep (nord) dont les derniers, vendredi, ont fait au moins 58 morts, dont 36 enfants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Ces séries d'attaques brutales sont «les dernières démonstrations de la cruauté du régime syrien», a affirmé la porte-parole du département d'État Victoria Nuland, répétant que le régime n'avait «pas de légitimité».

Sur le terrain, les violences ont fait encore dimanche au moins 105 morts --41 rebelles, 23 soldats et 41 civils-- selon un bilan provisoire de l'OSDH.

Un acteur syrien Yassine Bakoush, 75 ans, célèbre dans le monde arabe par son rôle dans des séries télévisées, a notamment été tué lorsqu'un engin explosif est tombé sur sa voiture dans le sud de Damas, ont rapporté des militants.

Parallèlement, des combats intenses se déroulaient autour d'une académie de police dans l'ouest de la province d'Alep, dernier bastion des troupes loyalistes dans cette zone, selon l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales civiles et militaires.

Par ailleurs, le Front jihadiste al-Nosra a revendiqué dimanche la responsabilité d'une attaque suicide menée début février contre une usine de l'armée, dans la province d'Hama, qui avait fait au moins 60 morts.