Israël, accusé d'avoir lancé des raids aériens en Syrie, est déterminé à empêcher le transfert d'armes sophistiquées syriennes au mouvement Hezbollah libanais, allié de l'Iran, afin de préserver son «avantage qualitatif» sur le champ de bataille.

Damas a annoncé mercredi soir que l'aviation israélienne avait «directement bombardé» un centre de recherche militaire entre la capitale et la frontière libanaise, tandis que des sources de sécurité avaient fait état d'un raid israélien à la frontière syro-libanaise sur un convoi transportant des armes venant de Syrie.

Officiellement, les autorités israéliennes ont refusé jeudi de confirmer ou démentir quelque attaque que ce soit en Syrie. «Pas de commentaire», a déclaré le ministre des Finances Youval Steinitz, membre du cabinet de sécurité, affirmant qu'il se tenait au courant «par les médias».

«D'une manière générale, Israël ni dément ni ne confirme ce genre d'activités militaires pour des raisons de sécurité», a rappelé Tzahi Hanegbi, un député du Likoud (droite), très proche du premier ministre Benyamin Nétanyahou.

En 2007, les responsables israéliens s'étaient refusés à confirmer une attaque aérienne contre un réacteur nucléaire présumé en construction dans l'est de la Syrie, implicitement reconnue par la suite.

Mais Tzahi Hanegbi, ancien président de la commission de la Défense et des Affaires étrangères, a laissé clairement entendre qu'Israël était responsable de l'attaque en Syrie.

«Israël a toujours dit que si des armes sophistiquées en provenance d'Iran, de Corée du Nord et de Russie tombaient dans les mains du Hezbollah, une ligne rouge serait franchie. Israël ne peut accepter que des armes sophistiquées tombent dans les mains d'organisations terroristes», a insisté M. Hanegbi.

«Israël souhaite que les pays occidentaux prennent le contrôle des armes (syriennes), mais le monde n'est pas prêt à une décision de ce genre», a-t-il expliqué. «Israël se retrouve donc devant un dilemme que nous sommes seuls à pouvoir trancher».

«Casus belli»

Le général de réserve Dan Harel, ancien chef d'état-major adjoint, a lui aussi souligné qu'Israël «n'est pas prêt à accepter que le Hezbollah bouleverse l'équilibre des forces».

«Si Israël s'est effectivement livré à l'attaque qu'on lui prête, c'est pour maintenir cet équilibre militaire», a argué Dan Harel.

Un autre général de réserve, Daniel Milo, ancien chef de la défense aérienne, a pour sa part relevé sur la radio militaire que le système anti-aérien SA-17 de fabrication russe, dont est équipée la Syrie, pourrait, s'il tombait aux mains du Hezbollah «porter atteinte à la liberté presque totale dont dispose notre aviation de survoler le Liban».

De moyenne portée et capable d'abattre simultanément 24 cibles, le SA-17 est considéré comme un des lanceurs de missiles anti-aériens les plus sophistiqués.

Dany Rothschild, lui aussi général de réserve et ex-chef du service de recherches de l'armée, a lié l'attaque présumée au déploiement ces derniers jours de deux batteries du système antimissile Iron Dome dans le nord du pays.

«Lorsqu'on se livre à ce genre d'activités (une attaque contre la Syrie, NDLR), on peut être confronté à une attaque du Hezbollah, et peut-être de la Syrie, c'est pourquoi il faut préparer des moyens de défense et Dome de Fer fait partie de ces moyens», a-t-il souligné.

Les médias israéliens ont rapporté jeudi une forte augmentation des demandes de masques à gaz dans le nord de crainte d'attaques de Syrie ou du Hezbollah.

Les dirigeants israéliens ont prévenu à plusieurs reprises que la livraison d'armes chimiques syriennes au Hezbollah libanais constituerait «un casus belli», auquel ils réagiraient de façon «immédiate» et «décisive».