Des combats meurtriers opposaient mardi rebelles et soldats à Homs dans le centre de la Syrie, relançant le cycle de la violence dans la «capitale de la révolution», Moscou avertissant que le conflit qui dure depuis près de deux ans risquait encore de traîner en longueur.

Au même moment, la Russie, grand allié du régime syrien, affrétait deux avions pour que près de 150 des 8000 de ses ressortissants installés en Syrie quittent le pays via Beyrouth, assurant qu'il ne s'agissait en aucun cas d'une évacuation.

Homs, à la pointe de la contestation dès le début du soulèvement en mars 2011, avait un temps été le symbole de la violence du régime. Reprise en grande partie par l'armée, seuls quelques quartiers, assiégés depuis des mois et vidés de leurs habitants, y restent aux mains des rebelles. Elle est depuis pilonnée sans répit mais restait jusqu'ici épargnée par les combats.

Après avoir récemment perdu du terrain, les insurgés semblent être revenus à l'offensive, tandis que l'armée ne lâche pas un pouce de terrain dans cette ville symbole, point névralgique sur la ligne de démarcation entre régime et rebelles, qui tiennent désormais de larges zones dans l'est et le nord du pays.

Selon les experts, le régime a réduit ses ambitions territoriales pour se concentrer sur un axe incluant Damas, reliant le sud de la Syrie au pays alaouite dans le nord-ouest, en passant par Homs.

Depuis trois jours, l'ouest de Homs, poumon industriel de la Syrie avant la révolte, est revenu au coeur des affrontements, selon les militants sur le terrain, notamment Omar Chakir, joint par l'AFP par téléphone, qui fait état d'un important déploiement militaire dans les zones bordant Homs à l'ouest.

«L'ouest de Homs est stratégique, car il borde l'autoroute reliant Damas à la côte. Il est la clé de l'accès à la capitale et du commerce et des armes entrant en Syrie par la Méditerranée», a expliqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Selon des informations de l'hôpital militaire de Homs, jusqu'à 130 soldats et combattants pro-régime ont été tués ou blessés ces trois derniers jours à Homs», a-t-il rapporté, précisant avoir identifié 23 morts. «Mais ce nombre pourrait augmenter», a ajouté le chef de cette ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins.

Le conflit, qui a fait depuis mars 2011 plus de 60.000 morts selon l'ONU, risque de «traîner en longueur», a estimé le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, soulignant que la victoire des rebelles était loin d'être acquise.

«Au début, certains pronostics parlaient de deux, trois, quatre mois, maintenant (le conflit dure depuis près de) deux ans. La situation peut évoluer de différentes façons. Je pense que le conflit risque de traîner en longueur», a-t-il dit.

M. Bogdanov a par ailleurs indiqué que la diplomatie russe voulait élargir les contacts avec l'opposition syrienne.

Le régime syrien a de son côté lancé une nouvelle fois une invitation au dialogue, incluant cette fois-ci outre l'opposition tolérée et représentée au gouvernement, «l'opposition nationale à l'intérieur et à l'extérieur de la Syrie et même les hommes armés qui ont été bernés à condition qu'ils déposent leurs armes».

Lundi, le chef de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à «adopter une résolution contraignante sur un cessez-le-feu» en Syrie, déplorant que «les contacts menés par l'émissaire international Lakhdar Brahimi n'ont abouti jusqu'à présent à aucune lueur d'espoir».

Sur le terrain, l'artillerie et l'aviation continuaient à pilonner la périphérie de la capitale, tandis que des combats meurtriers opposaient soldats et rebelles dans la province de Deraa (sud), selon l'OSDH.

Plus de 12.000 Syriens, pour la plupart des femmes et des enfants, se sont réfugiés en Jordanie au cours des six derniers jours, selon une source gouvernementale du royaume.

Un premier bilan provisoire de l'OSDH fait état de 76 morts mardi, dont 40 civils, au lendemain de la mort de 178 personnes, dont 42 --des femmes, des enfants et de nombreux miliciens pro-régime-- dans un attentat suicide dans la province de Hama (centre).

Damas a accusé Al-Qaïda de cette attaque, et son voisin turc d'ouvrir grand les portes de son territoire aux «terroristes», dans des messages à l'ONU diffusés mardi par la télévision officielle.