La Russie, l'un des derniers soutiens du régime syrien, a appelé samedi à lancer un processus de transition politique sans ingérence extérieure en Syrie où la spirale de violences a encore fait des dizaines de morts.

Devant l'escalade continue des combats entre soldats et rebelles, la Suisse a fait part de son intention d'envoyer lundi au Conseil de sécurité de l'ONU une pétition signée par 52 pays réclamant la saisie de la Cour pénale internationale pour les crimes de guerre commis en Syrie.

Vendredi, après une réunion à Genève avec des émissaires russe et américain, le médiateur international Lakhdar Brahimi a affirmé que tous trois étaient d'accord pour appeler à la formation d'un gouvernement réunissant toutes les parties en conflit et ayant «les pleins pouvoirs exécutifs».

Il a souligné que cela signifiait «tous les pouvoirs de l'État», sans donner davantage d'explications. Cela pourrait signifier dans la pratique que le président Bachar al-Assad serait privé de toutes ses prérogatives.

C'est en effet sur le sort de M. Assad qu'achoppent les discussions, car les propositions de règlement se basent désormais sur la «Déclaration de Genève» datant de juin et qui ne se prononce par sur cette question, laissant libre cours aux interprétations.

Si Washington y voit le chemin vers l'ère post-Assad, Moscou insiste pour que «les Syriens eux-mêmes, sans ingérence extérieure» trouvent une solution pour mettre fin à 22 mois de conflit qui a fait plus de 60 000 morts selon l'ONU.

Réaffirmant son soutien au plan de Genève, Moscou a appelé à «lancer un processus de transition politique visant à inscrire dans la loi l'égalité de droits garantis pour tous les groupes ethno-confessionnels de ce pays».

«La priorité est de faire cesser immédiatement toute violence et effusion de sang et d'acheminer l'aide humanitaire aux Syriens», a affirmé le ministère russe Affaires étrangères, en apportant son soutien à la mission de M. Brahimi, critiqué et accusé de «partialité» par le pouvoir syrien.

L'émissaire russe Mikhaïl Bogdanov a en outre rencontré à Genève Michel Kilo, un important opposant au régime hostile à toute intervention étrangère.

Au moment où les acteurs internationaux sont à la recherche d'une solution politique au conflit, les combats en Syrie continuent sans relâche, avec leur lot quotidien de morts et de dévastation.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins, au moins 90 ont péri samedi à travers le pays.

Une voiture piégée a explosé dans la province de Damas, a précisé l'OSDH sans faire état de victime, alors que près de la capitale, des hommes armés ont tué un ancien champion de marche syrien Hicham al-Rakcha.

En outre, l'aviation du régime a mené des raids sur une banlieue de Damas, entre Mleha et Jaramana, habitée en majorité par des druzes et des chrétiens, des minorités globalement pro-régime, a rapporté l'ONG en parlant de plusieurs morts.

Selon une militante, «aujourd'hui même ceux qui ont soutenu le régime disent qu'ils en ont assez».

Des combats ont en outre opposé rebelles et soldats dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk à Damas, a précisé l'OSDH.

Les bastions rebelles dans les villes de Hama (centre), Deraa (sud), Idleb (nord-ouest) et Deir Ezzor (est) ont pour leur part été la cible de bombardements à l'artillerie lourde de l'armée, a ajouté l'OSDH.

La Syrie a basculé dans la guerre civile après qu'une révolte populaire violemment réprimée par le régime se soit militarisée et les combats opposent les soldats à des déserteurs aidés par des civils ayant pris les armes, mais aussi des jihadistes venus de l'étranger.