L'opposition au régime syrien de Bachar al-Assad a reçu mercredi le soutien de poids des Arabes et des Occidentaux qui l'ont reconnue comme le «représentant légitime» du peuple syrien, son chef recevant une invitation officielle à se rendre à Washington.

Parallèlement, la diplomatie américaine a accusé le régime de Bachar al-Assad d'utiliser des missiles et bombes incendiaires contre les rebelles sans être plus précise sur les armements employés. «Des Scud sont tombés en Syrie», a par la suite déclaré à l'AFP un responsable sous couvert d'anonymat.

La décision du groupe des «Amis du peuple syrien» réuni à Marrakech, au Maroc, renforce davantage la légitimité de l'opposition, 21 mois après le début d'une révolte contre le régime devenue guerre civile, faisant plus de 42 000 morts selon une ONG syrienne.

«Les participants reconnaissent la Coalition nationale (syrienne) comme le représentant légitime du peuple syrien», est-il écrit dans le document final adopté par ce groupe réunissant des pays arabes et occidentaux opposés au régime Assad.

Ce dernier a «perdu toute légitimité et devrait renoncer (au pouvoir) afin de permettre le déclenchement d'un processus politique de transition», ajoute le texte.

A la réunion, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a exhorté tous les pays à reconnaître individuellement la Coalition nationale regroupant l'ensemble des composantes de l'opposition. «Nous le faisons globalement, mais il faut que chacun de nous, dans son pays, si ça n'a pas déjà été fait, le fasse».

«Aujourd'hui, une reconnaissance complète a été accordée à la Coalition nationale syrienne comme seule représentante du peuple syrien», a déclaré de son côté son homologue marocain Saad-Eddine el-Othmani.

Le groupe des «Amis du peuple syrien» rassemble plus d'une centaine de pays occidentaux et arabes, organisations internationales et représentants de l'opposition syrienne, qui se réunissaient pour la première fois depuis l'unification mi-novembre de l'opposition sous la houlette de la Coalition.

Après cette reconnaissance, le chef de cette Coalition, Ahmed Moaz al-Khatib, a été invité à se rendre à Washington «à la première occasion», a indiqué le sous-secrétaire d'État William Burns.

Emboîtant le pas à la France et la Grande-Bretagne, les États-Unis ont reconnu mardi la Coalition, provoquant la colère de la Russie qui, avec la Chine et l'Iran, soutient le régime Assad et préconise une solution entre Syriens sans ingérence étrangère.

Pour Moscou, Washington mise ainsi «sur une victoire par les armes» de l'opposition.

Attentats à Damas

Les États-Unis ont aussi suscité les critiques des rebelles et des opposants syriens en plaçant le Front jihadiste Al-Nosra, qui lutte contre le régime Assad, sur sa liste des organisations terroristes après l'avoir présenté comme une émanation de la branche irakienne d'Al-Qaïda.

M. Khatib a appelé les Éats-Unis à réexaminer leur décision. La Coalition avait pourtant annoncé récemment la création d'un nouveau commandement militaire chapeautant la plupart des groupes rebelles à l'exclusion d'Al-Nosra.

Alors que les Occidentaux ont affirmé qu'ils n'avaient pas l'intention de fournir d'armes aux rebelles, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a souhaité pouvoir transmettre désormais par le biais de la Coalition «une aide non létale, et bien évidemment plus d'aide humanitaire».

L'Arabie saoudite a annoncé à Marrakech une aide financière de 100 000 millions de dollars en faveur de l'opposition unifiée.

Yasser Tabbara, porte-parole de la Coalition, a estimé à environ 145 millions de dollars l'aide promise à la conférence.

En attendant de voir les retombées de cette reconnaissance de la Coalition sur le terrain, combats entre soldats et rebelles et attentats continuent de tuer en Syrie, faisant 121 morts mercredi, en majorité des civils, selon un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Une série d'attentats à Damas, dont trois ont visé le ministère de l'Intérieur, ont fait 11 morts et des dizaines de blessés, selon une source de sécurité. Le ministre de l'Intérieur Mohammad al-Chaar est sain et sauf selon la télévision d'État.

Selon un responsable américain, le régime syrien a tiré des missiles Scud contre les rebelles qui tentent de chasser du pouvoir Bachar al-Assad.

Je ne suis pas en mesure de confirmer quels type de missiles, mais (je) dis simplement que nous voyons actuellement que des missiles sont employés», avait auparavant déclaré la porte-parole du département d'État Victoria Nuland, interrogée sur un article du New York Times (NYT) dans lequel des responsables américains anonymes accusent le régime de Damas d'avoir tiré des missiles Scud sur les forces de l'opposition syrienne.

«L'idée même que le régime syrien puisse lancer des missiles sur son propre peuple, à l'intérieur de ses frontières, est une escalade militaire stupéfiante, désespérée et totalement disproportionnée», avait de son côté affirmé le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney.

Depuis trois jours, un journaliste de l'AFP présent dans la province d'Idleb (nord-ouest) a pu entendre de très violentes explosions en provenance de la région de la base de cheikh Souleimane, garnison de l'armée capturée par des rebelles islamistes. Ces explosions n'ont rien à voir avec des tirs d'artillerie classique, selon ce journaliste.

Un chef rebelle de l'Armée syrienne libre (ASL) à l'ouest d'Alep, Cheikh Azam Ajamar, avait fait état dimanche à l'AFP de tirs sur la zone de missiles de type Luna.