Le Conseil National Syrien (CNS) s'est doté vendredi d'un nouveau président, le chrétien Georges Sabra, qui a promis d'oeuvrer avec les autres groupes à accélérer la chute de Bachar Al-Assad même si cette coalition reste réservée sur un plan d'unification de l'opposition.

Dans sa première déclaration à la presse, Georges Sabra, un ancien communiste de 65 ans, a appelé la communauté internationale à aider le peuple syrien en lui fournissant des armes.

«Nous avons une seule demande, c'est de faire arrêter le bain de sang et d'aider le peuple syrien à chasser ce régime sanguinaire en nous armant», a-t-il dit aux journalistes qui lui demandaient ce qu'il souhaitait obtenir de la communauté internationale.

«Nous voulons des armes», a-t-il répété à trois reprises.

Il s'est engagé au nom du CNS, principale coalition de l'opposition, à «oeuvrer, avec les autres composantes de l'opposition syrienne, à accélérer la chute du régime du criminel» Bachar Al-Assad.

M. Sabra est un ancien instituteur qui a passé de longues années en prison et dans la clandestinité avant de quitter la Syrie au début de l'année. Farouk Tayfour, membre des Frères musulmans, a été élu vice-président par le secrétariat général du CNS, au terme d'une réunion de six jours de cette coalition visant à renouveler ses instances.

Une initiative pour fédérer l'opposition

L'élection de Georges Sabra intervient alors que les différents groupes de l'opposition syrienne discutent depuis jeudi à Doha sous l'égide du Qatar et de la Ligue arabe d'un plan visant à les fédérer, sur la base d'une initiative appuyée par des pays arabes et occidentaux, dont les États-Unis.

Les participants à la réunion avaient indiqué jeudi soir être proches d'un accord, mais le CNS, réservé sur l'initiative en discussion, avait initialement demandé un délai jusqu'à vendredi après-midi pour annoncer sa décision finale.

Vendredi soir, les autres groupes de l'opposition se sont réunis sans lui, après qu'il eut demandé in extremis un report de la réunion.

L'initiative sur la table est largement inspirée d'un plan de l'opposant Riad Seif, prévoyant la formation d'une instance politique unifiée d'une soixantaine de membres représentant les différentes formations, dont les groupes civils animant le soulèvement de l'intérieur et les formations militaires.

Cette instance doit à son tour constituer un gouvernement transitoire de dix membres, un conseil militaire suprême pour chapeauter les groupes armés, et un organe judiciaire.

«La demande de report du CNS est une mauvaise chose, car il veut tout accaparer, et la seule chose qui leur importe est qui va diriger (l'opposition) alors que le sang syrien qui coule doit être notre première considération», a affirmé à l'AFP l'opposant Haytham Maleh.

Le CNS, qui craint d'être marginalisé, devait proposer lors d'une nouvelle réunion samedi la formation d'un «gouvernement provisoire» en attendant la tenue d'un congrès général, selon un document obtenu par l'AFP.

Cette nouvelle proposition est en retrait par rapport à sa demande initiale de tenue d'un «congrès national de 300 membres dans les zones libérées», difficilement réalisable.

Les pays arabes soutenant le soulèvement et les puissances occidentales font pression sur l'opposition syrienne pour qu'elle constitue une instance qui serait reconnue par la communauté internationale et pourrait canaliser les aides.

Rapidement considéré par la communauté internationale comme un «interlocuteur légitime» après sa création officielle en octobre 2011, le CNS a ensuite été vivement critiqué, notamment par l'administration américaine, pour son manque de représentativité.

Quelque 400 délégués avaient élu mercredi une nouvelle direction de 41 membres se voulant plus représentative, qui a élu à son tour un bureau exécutif de 11 membres.

Sur ces 11 membres, quatre sont nouveaux et trois sont islamistes, selon un décompte de l'AFP.

«Le bureau exécutif représente l'ensemble des composantes de la société syrienne, en regroupant des représentants des militants animant le soulèvement à l'intérieur, des islamistes, des laïcs, des Kurdes, des Assyriens, des chrétiens et pour la première fois un représentant des tribus», a déclaré à l'AFP Georges Sabra.

L'élection d'un chrétien est un message fort à cette communauté, face au régime syrien qui se pose en défenseur des chrétiens contre l'islamisme. Elle montre également la volonté du CNS de se poser en coalition représentative de l'ensemble des composantes du peuple syrien, le président sortant, Abdel Basset Seyda, étant un Kurde.

Les Comités locaux de coordination (LCC), un important réseau de militants animant la révolte sur le terrain en Syrie, mais ne disposant d'aucun représentant dans la nouvelle direction du CNS, ont claqué vendredi la porte du CNS, accusant les Frères musulmans d'avoir pris le contrôle de cette instance.