Le Premier ministre britannique David Cameron s'est dit mardi favorable à une sortie sécurisée du président Bachar al-Assad de Syrie si cela pouvait mettre fin à l'effusion de sang, les violences ayant redoublé d'intensité avec une multiplication des attentats et des raids.

«Je suis (favorable à) tout pour voir cet homme quitter le pays et avoir une transition sûre en Syrie», a déclaré M. Cameron à la chaîne satellitaire à capitaux saoudiens Al-Arabiya.

«Certainement, je ne lui offre pas un plan de sortie en Grande-Bretagne, mais s'il veut partir, il pourrait partir, cela pourrait être arrangé», a-t-il affirmé. Il a toutefois dit «préférer qu'il affronte la force de la justice et du droit internationaux pour ce qu'il a fait».

A l'issue d'une visite en Arabie saoudite, M. Cameron, qui effectue une tournée dans la région, est arrivé dans la soirée en Jordanie, où il s'entretiendra mercredi avec le roi Abdallah II, a annoncé l'agence de presse jordanienne Petra.

Une grande partie de l'opposition syrienne, actuellement réunie à Doha pour se restructurer, pose comme condition préalable à toute négociation un départ de M. Assad qui, lui, refuse de quitter le pouvoir après plus d'un an et demi d'un révolte qui s'est transformée en guerre civile.

Mardi, les attaques à la bombe et à la voiture piégée se sont multipliées, frappant plusieurs banlieues de Damas, au lendemain d'un attentat suicide à la voiture piégée qui avait infligé un rude coup à l'armée en tuant au moins 50 combattants pro-régime dans le centre du pays.

Les violences ont fait au moins 131 morts -- 68 civils, 44 soldats et 19 rebelles -- à travers le pays, selon un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un réseau de militants et de médecins dans les hôpitaux civils et militaires et estime à plus de 36 000 morts le nombre de victimes depuis mars 2011.

En soirée, trois bombes ont fait, selon l'OSDH, 10 morts et une quarantaine de blessés, dont de nombreux grièvement touchés, à Qudsaya, une banlieue populaire de l'ouest de Damas. Les médias officiels ont également fait état de morts et de blessés sans fournir de bilan précis.

Plus tôt, une voiture piégée avait fait des blessés à Mouadamiya, près de Damas, et une autre avait fait des dégâts dans la banlieue de Sayeda Zeinab, selon l'OSDH. Ces attentats n'ont pas été revendiqués dans l'immédiat.

Alors que des combats meurtriers ont récemment éclaté aux abords du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, dans le sud de Damas, les autorités ont fermé les bureaux en Syrie du mouvement islamiste Hamas, qui a rompu avec le régime longtemps son proche allié, selon un responsable palestinien à Damas.

Près d'un demi-million de réfugiés palestiniens vivent en Syrie, et selon l'OSDH, des combattants palestiniens prennent part aux affrontements, certains avec le régime, d'autres avec les rebelles.

Damas au centre des combats

Damas, un temps éclipsée par l'ouverture fin juillet du front d'Alep (nord), est désormais au centre des combats, avec de nombreux raids aériens sur les villes de la banlieue.

Selon des experts, le régime a réduit ses ambitions territoriales pour se concentrer sur la capitale, le centre et le pays alaouite (nord-ouest), afin de se maintenir sur ces positions et avoir une carte à jouer lors d'éventuelles négociations.

De fait, le ballet de ses chasseurs-bombardiers s'est accéléré, avec des raids mardi à travers tout le pays, dont l'un, particulièrement violent, a tué 19 civils et blessé 61 autres à Saraqeb (nord-ouest), selon l'OSDH.

Des militants locaux ont diffusé des vidéos montrant les bombardements aériens, avec les missiles largués avec des parachutes et explosant à terre et des enfants hurlant autour des gravats provoqués par l'attaque.

Un haut responsable de l'ONU a estimé que l'armée faisait vraisemblablement usage de bombes à sous-munitions, tandis que Moscou, allié de Damas, a affirmé que les rebelles avaient «obtenu 50 missiles Stinger de l'extérieur pour frapper les avions» du régime.

L'émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, s'est pour sa part inquiété d'un risque de «somalisation» du pays, «avec un effondrement de l'Etat et l'émergence de milices et de factions armées».

Au Qatar, le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, examine la création d'une nouvelle direction politique, proposée par l'un de ses membres, Riad Seif, en amont d'une réunion élargie jeudi.

Cet ancien député en exil veut ainsi «éviter un vide politique au moment de la chute du régime d'Assad» et «garantir une reconnaissance internationale».

Pour tenter de reprendre l'initiative, le CNS a annoncé s'être élargi à 13 nouveaux groupes d'opposition, répondant aux critiques venues de Syrie et de l'étranger l'accusant de manquer de représentativité.

Alors que beaucoup redoutent de voir la crise syrienne enflammer la région, Israël a demandé mardi au Conseil de sécurité de l'ONU d'agir après des incursions de l'armée syrienne dans la zone-tampon sur le plateau du Golan, dont l'État hébreu occupe une partie depuis 1973.