Les rebelles syriens se sont emparés samedi d'un village frontalier avec la Turquie à l'issue de combats ayant fait 40 morts dans les rangs de l'armée, dont des tirs ont de nouveau touché le territoire turc et provoqué des représailles d'Ankara.

Depuis le début du conflit, l'armée syrienne a perdu de larges secteurs du nord de la Syrie le long de la frontière avec la Turquie qui sont tenus par les insurgés dans l'ouest ou les Kurdes dans l'est.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les rebelles ont pris le contrôle de Khirbet al-Joz, dans la province d'Idleb (nord-ouest), à 2 km de la frontière avec la Turquie, un pays qui soutient les insurgés syriens.

Les combats, qui ont duré douze heures, ont fait 40 morts du côté des soldats et neuf chez les insurgés dans ce village totalement déserté de ses habitants, indique l'OSDH.

De l'autre côté de la frontière, l'armée turque a riposté à deux nouveaux tirs en provenance de Syrie qui ont frappé son territoire dans la province de Hatay (sud-est) sans faire ni victimes ni dégâts, a-t-on annoncé de source officielle.

Un premier obus a atterri à 04H00 GMT à 50 mètres à l'intérieur du territoire turc dans un terrain vague, indique un communiqué du gouvernorat de Hatay. L'armée turque a riposté par quatre salves de tirs de mortier, souligne le texte selon lequel le tir, provenant d'une batterie des forces loyalistes, visait les rebelles déployés près de la frontière.

Vers 11H30 GMT, un deuxième obus s'est abattu à 1,2 km en territoire turc, également dans un terrain vague, auquel la Turquie a répondu par deux salves de tirs de mortier.

Depuis la mort mercredi dans un village frontalier de cinq civils turcs, tués par des tirs syriens, Ankara riposte systématiquement, accentuant les tensions entre la Syrie et la Turquie et ravivant les craintes d'une propagation du conflit syrien.

Apparition publique d'Assad

Alors que le pays est à feu et à sang avec plus de 31 000 morts, dont une majorité de civils, en près de 19 mois selon l'OSDH, le président Bachar al-Assad a fait une rare apparition publique samedi matin à Damas, selon les médias officiels.

La télévision l'a montré serrant la main de hauts responsables militaires et civils et embrassant des fillettes devant un monument aux morts.

Toujours à Damas, les forces de sécurité étaient déployées en nombre dans le quartier de Mouhajirine (nord) et perquisitionnaient maison par maison, selon l'OSDH.

Ailleurs, l'armée a continué à bombarder des fiefs rebelles, notamment dans la province de Homs (centre), selon l'OSDH.

Dans la ville même de Homs, la troisième de Syrie, le pilonnage du quartier rebelle de Khaldiyé s'est poursuivi, et des affrontements ont éclaté lorsque l'armée a tenté d'entrer dans plusieurs zones tenues par les insurgés.

À Alep, deuxième ville du pays que se disputent depuis juillet rebelles et armée, des habitants ont fait état de violents combats dans l'est.

«Je n'ai jamais vu autant de rebelles dans le secteur. Ils ont mis des mortiers sur le toit des maisons et placé des bus municipaux à l'entrée de Tariq al-Bab pour empêcher l'armée d'y entrer», a déclaré un habitant de ce quartier à l'AFP.

Les violences à travers le pays ont fait 88 morts samedi, dont 38 soldats, 32 rebelles et 18 civils, selon l'OSDH.

Le représentant de Brahimi rencontre des rebelles

Sur le plan diplomatique, le représentant à Damas de Lakhdar Brahimi a rencontré samedi des membres de l'opposition armée dans le cadre des discussions voulues par l'émissaire international avec toutes les parties du conflit, a indiqué à l'AFP un responsable de l'ONU.

Mokhtar Lamani s'est rendu dans la région de Lajat (à 50 km au sud de Damas) et «a rencontré des dirigeants de l'opposition armée», a indiqué le porte-parole de la mission de l'ONU Khaled al-Masri.

M. Brahimi, qui a succédé à Kofi Annan dont le plan de paix n'a jamais été appliqué, s'était rendu à Damas à la mi-septembre pour rencontrer le président Assad, sans obtenir de concession de sa part.

Dans une déclaration à la télévision, le ministre de la Défense, le général Fahd al-Freij, a assuré samedi que la victoire était «proche», et tendu la main aux rebelles: «La patrie ouvre ses bras à tous ses enfants, y compris ceux qui ont commis des erreurs et veulent revenir dans son giron».

L'Iran, fidèle allié de Damas, a réclamé pour sa part la libération immédiate de dizaines d'Iraniens enlevés en août par des rebelles syriens.

Vendredi, un commandant rebelle avait indiqué à l'AFP que ces otages seraient exécutés si l'armée ne se retirait pas totalement de la Ghouta orientale, une banlieue de Damas où sont basées les unités les plus organisées de l'Armée syrienne libre, parlant d'un ultimatum expirant samedi.

La Russie, autre soutien international de Damas, a livré samedi 24 tonnes de médicaments et de matériel médical à la Syrie, selon l'agence Sana.