Des combats d'une ampleur sans précédent depuis le début de la révolte en Syrie, en mars 2011, ont secoué vendredi Alep, la grande métropole du nord, au lendemain de l'annonce par les rebelles du lancement d'une attaque « décisive ».

Sur le front de Damas, les troupes gouvernementales ont lancé un assaut contre plusieurs quartiers rebelles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et des militants.

Comme tous les vendredis, des Syriens ont manifesté contre le régime de Bachar al-Assad un peu partout au pays avec comme mot d'ordre l'unification des brigades de l'Armée syrienne libre. Cette force d'opposition armée est en effet minée par des rivalités internes et l'émergence de groupuscules radicaux autonomes.

Les violents affrontements, annoncés par un commandant rebelle qui a évoqué une attaque « décisive », ont débuté jeudi à Alep, une ville que régime et rébellion se disputent depuis plus de deux mois.

Évoquant des combats « sans précédent», le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, a affirmé à l'AFP que les affrontements se déroulaient désormais « sur plusieurs fronts », et plus seulement « dans une ou deux rues d'un secteur ». Il a par ailleurs évoqué l'arrivée de renforts et d'équipements côté rebelles.

L'OSDH, qui se base sur un large réseau de militants, a fait état de tirs au mortier d'une intensité inédite de la part des rebelles à Sleimaniyé et Sayyed Ali, des quartiers du centre-ville contrôlés par le régime et jusqu'à présent épargnés par les violences.

«Tout le monde était terrorisé. Je n'ai jamais rien entendu de pareil», a affirmé Ziad, 30 ans, qui réside à Sleimaniyé.

Les affrontements dans le centre ont cependant baissé en intensité en début d'après-midi, selon l'OSDH.

«Première fois que je vois ça»

«C'est la première fois que je vois ça à Sayyed Ali», a confié un autre habitant. Selon l'OSDH, des obus ont tué jeudi cinq personnes dans ce quartier, dont quatre enfants.

Le correspondant de l'AFP a fait état de bombardements incessants entre jeudi et vendredi matin contre les quartiers tenus par les rebelles, notamment dans l'est.

Selon une source militaire, les combats les plus violents ont éclaté à l'aube dans les quartiers d'Arkoub et de Mayssaloun.

Dix insurgés ont été tués vendredi par l'armée alors qu'ils tentaient de pénétrer dans le quartier kurde de Cheikh Maksoud (nord), a encore dit le responsable militaire, sous le couvert de l'anonymat.

Parallèlement, dans la capitale, «les forces régulières ont lancé un assaut contre les quartiers est de Barzé, Qaboun et Jobar. Elles ont coupé les routes menant aux quartiers, arrêté des citoyens lors de perquisitions et détruit des maisons », indique l'OSDH.

La Commission générale de la révolution syrienne, un réseau de militants anti-régime, a également fait état d'une « campagne sécuritaire et militaire d'envergure » dans ces quartiers, où « des maisons et des commerces ont été détruits ».

Le régime a soutenu à plusieurs reprises avoir purgé Damas des «terroristes», mais les violences n'ont pas cessé depuis le début des affrontements dans la capitale, à la mi-juillet.

L'OSDH a fait état de la mort de 128 personnes jeudi, au lendemain de la journée la plus sanglante en 18 mois de conflit, mercredi, avec 305 morts.

« Multiplication des massacres »

Réunis à New York en marge de l'assemblée générale de l'ONU, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, celui de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, et le médiateur international Lakhdar Brahimi ont souligné jeudi « la nécessité vitale pour la communauté internationale de s'unir pour soutenir le travail » de M. Brahimi, selon un porte-parole de l'ONU.

Aucune issue au conflit n'est en vue en raison notamment des divisions internationales entre partisans du départ du président Assad, États-Unis en tête, et défenseurs de son régime, dont la Russie, la Chine et l'Iran.

À Genève, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a donné vendredi son feu vert à la prolongation et à l'extension du mandat de ses enquêteurs, condamnant par ailleurs « la multiplication des massacres » en Syrie. L'ancienne procureure du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) Carla del Ponte pourrait intégrer cette commission d'enquête.

Cette instance a déjà recueilli un millier de témoignages dans les pays voisins de la Syrie - Damas lui refuse l'accès à son territoire -, rassemblant ainsi des preuves sur des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis par les forces gouvernementales et les milices pro-régime.

Plus de 30 000 personnes, en majorité des civils, ont péri dans les violences depuis le début de la révolte, qui s'est transformée en guerre civile, selon l'OSDH.