Un double attentat-suicide a frappé mercredi le siège de l'état-major de l'armée au coeur de Damas tuant quatre gardes, suivi de combats d'une intensité sans précédent entre rebelles et soldats.

Le conflit en Syrie qui a fait plus de 30 000 morts en 18 mois selon une ONG syrienne, devait encore dominer la 2e journée de l'Assemblée générale de l'ONU, avec en orateur vedette, le président d'Iran Mahmoud Ahmadinejad, dont le pays est accusé de fournir hommes et armes aux forces de son allié Bachar al-Assad.

Deux kamikazes ont lancé tôt le matin, à dix minutes d'intervalle, leurs voitures piégées aux abords et à l'intérieur du QG de l'état-major, à quelques mètres de la place fortifiée des Omeyyades dans une zone abritant de nombreux bâtiments gouvernementaux et de la Sécurité, selon les autorités.

Dans un communiqué, l'armée a affirmé que « tous les commandants et les officiers militaires » étaient « sains et saufs ». Une source militaire citée par la télévision d'État a fait état de quatre morts parmi les gardes du QG et de 14 civils et militaires blessés.

Alors qu'il couvrait ces attaques, un journaliste syrien, Maya Nasser, travaillant pour la télévision iranienne Press TV, a été tué par un tireur embusqué et le chef du bureau à Damas de cette chaîne et d'une autre TV iranienne, le Libanais Hussein Mortada, a été blessé par balle, selon les médias iraniens.

La télévision a diffusé des images des explosions, capturées à environ dix minutes d'intervalle par les caméras de surveillance. Lors de la première explosion, la chaîne marque d'un cercle un véhicule blanc qui semble ralentir à son passage près de l'enceinte du bâtiment avant la déflagration et lors de la seconde, une grosse boule de feu apparaît dans l'enceinte du QG.

Complicité à l'intérieur du QG

Les routes menant au centre-ville ont été coupées par les services de sécurité, a constaté un photographe de l'AFP. Les vitres du QG étaient brisées et une partie du mur d'enceinte a été détruite. Un cratère de deux mètres de profondeur était visible à l'extérieur du complexe militaire.

La page Facebook du conseil militaire rebelle pour la région de Damas a rapporté que les rebelles de « l'Armée syrienne libre (ALS) ont frappé le bâtiment de l'état-major », mais il n'était pas possible de confirmer cela dans l'immédiat.

Selon le porte-parole de ce conseil et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), cette attaque a été possible grâce à la complicité de militaires à l'intérieur du bâtiment. Le porte-parole a démenti qu'il s'agit d'une attaque-suicide.

L'ASL n'a jamais revendiqué d'attentats-suicides. Des groupes islamistes radicaux avaient revendiqué ce genre d'attentats.

« Il semble que l'opération soit une mutinerie à l'intérieur de l'état-major », affirme de son côté Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH.

Un groupe islamiste anti-régime a revendiqué le double attentat mené mercredi contre le siège de l'état-major syrien a Damas, affirmant que cinq de ses combattants avaient été tués, dont un kamikaze.

Dans un communiqué diffusé sur l'internet, la branche de Damas de « Tajamo Ansar al-islam » (Rassemblement des partisans de l'islam), affirme qu'un kamikaze a fait exploser sa voiture à l'entrée principale du bâtiment, et que des bombes placées au troisième étage avec l'aide de militaires ont été actionnées.

Après la double attaque, de violents combats entre rebelles et militaires ont éclaté à l'intérieur de l'état-major, a-t-il indiqué. « Il s'agit des combats les plus violents au coeur de Damas depuis le début de la révolte et de l'attentat le plus important dans la capitale depuis celui du 18 juillet ».

Ce dernier avait visé le bâtiment de la Sécurité nationale et tué quatre hauts responsables de la Sécurité, dont le beau-frère du président Bachar al-Assad. Il avait été revendiqué par l'ASL, composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes face à la répression du régime.

Femmes et enfants exécutés

Sur fond d'impasse diplomatique internationale, régime et rebelles sont décidés à se battre jusqu'au bout, le régime Assad répétant vouloir en finir à n'importe quel prix avec cette rébellion assimilée à du « terrorisme » et celle-ci jugeant que ce régime ne peut tomber que par la force.

Toujours dans la capitale, au moins 16 personnes, dont six femmes et trois enfants, ont été exécutées chez eux par des miliciens pro-régime dans le quartier sunnite de Barzé (nord), selon l'OSDH, une ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins.

Ailleurs dans le pays, les bombardements de bastions rebelles ont fait au moins 17 morts dans la ville de Deir Ezzor (est) et sept dans la province de Damas, dont des membres de la même famille.

Les violences en Syrie ont fait plus de 30 000 morts en 18 mois, en majorité des civils, selon un nouveau bilan de l'OSDH.

Au premier jour des travaux de l'Assemblée générale à New York, le Qatar, chef de file des pays critiques de Damas, a appelé à une intervention militaire de pays arabes en Syrie, alors que le président américain Barack Obama a déclaré que le régime Assad devait « prendre fin ».

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déploré un « désastre régional » en Syrie « avec des implications mondiales ».

Et à Moscou, le président russe Vladimir Poutine, dont le pays est un allié du régime syrien, a de nouveau appelé l'Occident à cesser ses « ingérences » en allusion au conflit en Syrie.