Un chef rebelle a affirmé dimanche que le régime syrien perdait de plus en plus de terrain dans le conflit armé en Syrie, à la veille d'une intervention devant le Conseil de sécurité de l'ONU du médiateur Lakhdar Brahimi.

Bien que faiblement équipés face à la puissance de feu des forces du président Bachar al-Assad qui pilonnent leurs bastions, les insurgés, qui ont transféré leur commandement de Turquie en Syrie, tentent d'élargir la zone sous leur contrôle, notamment dans le nord-ouest du pays.

Le conflit a déjà fait plus de 29.000 morts depuis mars 2011 selon une ONG syrienne, et les belligérants sont décidés à se battre jusqu'au bout, sur fond de divisions internationales persistantes.

«Nous contrôlons la plus grande partie du pays. Dans la plupart des régions, les soldats sont prisonniers de leurs casernes», a affirmé à l'AFP le colonel rebelle Ahmad Abdel Wahab, dans le village d'Atmé près de la frontière turque.

«Avec ou sans aide extérieure (...), la chute du régime est une question de mois, pas d'années», a ajouté ce colonel, qui commande une brigade de 850 hommes. Ses dires ne peuvent être vérifiés de manière indépendante.

Possible signe d'un isolement croissant de Bachar al-Assad, son unique soeur, Bouchra, s'est établie à Dubaï avec ses enfants, ont annoncé à l'AFP des résidents syriens de la cité État. Elle est la veuve de l'un des «faucons» de l'appareil sécuritaire syrien, le général Assef Chawkat, tué le 18 juillet dans un attentat. Des sites internet d'opposition ont fait état de divergences entre le chef de l'État et sa soeur aînée.

Semaine chargée à l'ONU

Dimanche, au moins quarante personnes ont péri dans les violences à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui fait part de raids sur des bastions rebelles, notamment Homs (centre), Deir Ezzor (est), et des zones de Damas.

Dans la province de Deir Ezzor, la ville stratégique de Boukamal, frontalière de l'Irak, était pilonnée par les avions du régime.

À Damas, des hélicoptères ont mitraillé certains quartiers, dont Barzé et Qaboun ainsi que la ville voisine de Harasta, selon l'OSDH qui n'a pas avancé de bilan.

Les troupes syriennes ont également bombardé Alep, théâtre de violents combats depuis plus de deux mois, ainsi qu'Idleb (nord-ouest) et Deraa (sud).

Un commandant rebelle a indiqué à l'AFP que deux avions de combat de l'armée avaient été détruits au sol à Orm, dans la province d'Alep. Dans la même province, l'aviation a touché une position rebelle dans le village de Bianoun, où une réunion était en cours, tuant tous les participants, selon des villageois.

Une semaine après son retour de Damas, M. Brahimi, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, doit rendre compte au Conseil de sécurité lundi des résultats de sa première visite en Syrie depuis sa prise de fonction le 1er septembre.

M. Brahimi a affirmé à maintes reprises que sa mission était «très difficile» et qu'il n'avait pas de plan précis en vue d'un règlement. Le patron de l'ONU Ban Ki-moon a espéré que l'émissaire aurait bientôt «une stratégie» de sortie de crise à proposer.

Mais selon un diplomate occidental, l'émissaire «est en attente», pour le cas improbable où les deux camps décideraient de négocier. «Pour l'instant, le sort de la Syrie ne se décide pas à New York, mais sur place, par les armes».

Une série de réunions sur la Syrie sont d'ailleurs prévues en marge de l'Assemblée générale qui s'ouvre mardi à l'ONU, sans grand espoir d'un déblocage.

«Étrangement, tout le monde pensera à la Syrie, parlera de la Syrie, mais on ne prévoit aucune décision», commente un diplomate.

Une session ministérielle du Conseil de sécurité sera consacrée mercredi au Printemps arabe et vendredi, les Amis de la Syrie, groupe de pays occidentaux et arabes soutenant la révolte, se concerteront sur les moyens d'unifier l'opposition et préparer l'après-Assad.

Contrôler les groupes extrémistes

Malgré leurs multiples appels au départ de M. Assad, les pays occidentaux sont très réticents à l'idée d'armer les rebelles, arguant que l'arsenal pourrait tomber aux mains de groupes extrémistes.

C'est notamment pour tenter de contrôler ces groupuscules extrémistes agissant en son nom, selon un expert, que l'Armée syrienne libre (ASL), formée de déserteurs et de civils ayant pris les armes, a annoncé le transfert de son commandement vers la Syrie, après plus d'un an passé en Turquie.

Un transfert qui permettra au commandement d'être plus proche des combattants même s'il le rend plus vulnérable à une frappe aérienne.

La région dans laquelle le commandement siègera en Syrie n'a pas été précisée. Néanmoins l'OSDH a affirmé que près de 80% des villes et villages syriens frontaliers de la Turquie échappent désormais au contrôle du régime.

Et selon l'ONG, Damas veut à tout prix empêcher les rebelles de connecter l'ouest de la province d'Alep au nord de la région d'Idleb, car cela formerait une vaste zone hors de son contrôle aux portes de la Turquie, pays en première ligne dans le soutien à la rébellion.