Les rebelles ont lancé vendredi un assaut sanglant contre une caserne de l'armée à Alep, théâtre de combats violents et cible de bombardements comme à Damas frappée également par des attentats aux véhicules piégés.

Pour sa première visite officielle dans la région depuis sa prise de fonctions le 1er septembre, le médiateur international pour la Syrie Lakhdar Brahimi aura des entretiens dimanche à la Ligue arabe au Caire et souhaite se rendre à Damas dans les jours suivants, a indiqué son porte-parole.

Selon des diplomates à l'ONU, M. Brahimi veut s'assurer avant d'aller à Damas qu'il pourra y être reçu en bonne et due forme par le président Bachar al-Assad. Un Canadien d'origine marocaine, Mokhdar Lamani, a été nommé pour diriger le bureau à Damas de M. Brahimi.

Non loin des côtes syriennes, les chefs de diplomatie européens étaient réunis à Chypre pour coordonner l'aide aux centaines de milliers de réfugiés syriens, la Commission européenne ayant annoncé à Bruxelles le déblocage de 50 millions d'euros supplémentaires en leur faveur.

Un mois et demi après l'ouverture du front d'Alep, deuxième ville du pays à 355 km au nord de Damas, de violents combats continuent d'opposer l'armée aux rebelles qui ont tenté de s'emparer d'une importante caserne à Hanano (est).

Les rebelles ont affirmé avoir pris le contrôle d'une partie de cette base qui comporte une importante armurerie, ce qu'a démenti l'armée.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), au moins 18 soldats et six rebelles ont été tués à Hanano, un quartier pris en grande partie en juillet par les rebelles.

Cette caserne «est l'un des principaux secteurs d'où ils (soldats et miliciens prorégime) tirent, et libérer cette zone est crucial pour nous», a dit à l'AFP le commandant Omar. «Plusieurs brigades de la rébellion prennent part prennent à l'offensive».

Un premier groupe de véhicules remplis de combattants rebelles blessés ou sous le choc est retourné du front. Plusieurs ont été transportés à l'hôpital d'Alep, mais leur commandant n'était pas joignable pour obtenir des détails sur la bataille.

Trois attentats

Les insurgés ont en outre dû repousser plusieurs attaques de l'armée dans d'autres quartiers d'Alep. Selon l'OSDH, un commandant d'une brigade rebelle a été tué dans celui de Zabdiya.

Les combats ont eu lieu sur d'autres fronts, à Idleb, Deraa (sud), Homs (centre), dans la province de Damas et à Deir Ezzor (est), a ajouté l'ONG. Près de Damas, des «centaines de soldats» ont attaqué Babbila et des combats ont eu lieu autour d'al-Qazzaz.

Au moins 104 personnes, dont 37 civils, 37 soldats et 30 rebelles, ont péri dans les violences à travers le pays, selon l'OSDH.

Damas a été en outre frappée par des attentats. Le premier, à la «motocyclette piégée», s'est produit devant une mosquée dans le quartier de Roukneddine (nord), tuant cinq policiers, le second, à la voiture piégée, entre le Palais de justice et le ministère de l'Information à Mazzé (ouest) sans faire de victime et une bombe a explosé à Salhiyé (centre), blessant des soldats.

Les deux premières attaques ont été attribuées par la télévision d'État à des «terroristes», terme utilisé par les autorités pour désigner les opposants et les rebelles qui réclament le départ de M. Assad.

Ces dernières semaines, les attentats se sont multipliés à Damas, malgré les mesures de sécurité prises par le régime qui ne parvient pas non plus à contenir les manifestations.

Des manifestations «massives», selon l'OSDH, ont eu lieu à Idleb (nord-ouest), ainsi que dans la province de Damas comme à Harasta, sous le slogan «Homs assiégée nous appelle», en référence à la troisième ville du pays où les bombardements sont incessants sur les quartiers rebelles.

Des vidéos ont montré des dizaines de jeunes manifestants à Damas. «Syrie, une révolte de dignité et de liberté», scandaient-ils. Même à Alep, des manifestants ont défilé malgré les violences, selon l'OSDH, une ONG qui s'appuie sur un réseau de militants

Nouvelles découvertes macabres

En outre, une vidéo postée par l'OSDH montre les cadavres d'au moins 20 hommes non identifiés gisant au pied d'un mur après avoir été «exécutés sommairement par balle» dans le quartier de Ikramiyah à Alep mercredi. La plupart des hommes ont les mains ligotées derrière le dos.

Les corps de 16 hommes, dont certains portaient des traces de torture, ont été en outre retrouvés à Harasta, selon la même source.

Dans ce contexte, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne tentaient à Chypre d'explorer les moyens d'aider l'opposition syrienne, tout en contenant la crise humanitaire.

L'UE cherche à se protéger d'une éventuelle arrivée de réfugiés, alors que la Turquie et la Jordanie estiment qu'elles ne seront bientôt plus en mesure de faire face aux flots de Syriens.

L'aide européenne s'adresse à plus de 1,5 million de personnes en Syrie et à une grande partie des Syriens qui ont fui vers les pays limitrophes (Jordanie, Turquie, Liban, Irak) dont le nombre dépasse les 235 000, selon l'ONU.

L'ONU a annoncé pour sa part avoir presque doublé leur appel de fonds humanitaires pour la Syrie, qui passe de 180 à 347 millions de dollars.

La violence en Syrie a fait plus de 26 000 morts depuis le début de la révolte en mars 2011 selon l'OSDH et quelque 20 000 selon l'ONU.