Un attentat à la bombe a frappé dimanche un quartier du centre de Damas abritant des bâtiments des services de sécurité et le bureau du vice-président Farouk al-Chareh, selon la télévision d'État.

Après près de 18 mois de conflit, le nouveau médiateur international Lakhdar Brahimi a affirmé que le changement en Syrie était «inévitable» tout en se gardant d'appeler au départ du président Bachar al-Assad décidé à écraser à tout prix la rébellion, malgré les destructions et le nombre élevé de morts.

Deux bombes ont explosé à Abou Remmaneh, un quartier résidentiel chic où se trouvent également de nombreuses ambassades, à proximité de la place ultrasécurisée des Omeyyades à Damas, faisant quatre blessés, a indiqué la télévision en parlant d'attentat «terroriste».

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), «deux bombes ont explosé près d'un immeuble rattaché à l'état-major de l'armée et des forces armées dans le centre de Damas», faisant des blessés.

Un groupe islamiste obscur, «la Brigade des petits-fils du Prophète», qui se présente comme proche de l'Armée syrienne libre (ALS, rébellion), a revendiqué sur sa page Facebook l'attentat, en affirmant qu'il s'agit d'«une réponse aux massacres à Daraya et dans les autres villes».

Les attentats se sont multipliés ces derniers jours à Damas où l'armée tente de nettoyer des poches de résistance des rebelles.

Samedi soir, 15 civils ont péri dans un attentat dans une banlieue populaire de Damas connue pour son hostilité au régime Assad, a rapporté la presse officielle en l'imputant à «un groupe terroriste armé».

Le 28 août, une voiture piégée a explosé lors de funérailles dans une banlieue de Damas favorable au régime faisant douze morts.

Le régime impute généralement ce genre d'attentats à la rébellion, qu'il assimile à des «groupes terroristes» depuis le début en mars 2011 de la révolte qui s'est militarisée au fil des mois face à la répression sanglante.

Ailleurs dans le pays, les violences ont continué de plus belle au lendemain d'une nouvelle journée de combats et de bombardements au cours de laquelle 168 personnes ont péri, dont 110 civils, selon l'OSDH.

La dernière boulangerie bombardée

Les bastions rebelles dans plusieurs villes étaient sous le feu des chars du régime et de ses hélicoptères, les rebelles équipés d'armes légères ne parvenant pas, malgré la multiplication de leurs attaques, à faire cesser les frappes de l'armée de l'air qui a la maîtrise totale du ciel.

Les rebelles avaient marqué des points en prenant le bâtiment principal d'une base aérienne à Boukamal (est) à la frontière irakienne.

Après une attaque jeudi, ils ont affirmé tenir une partie de l'aéroport d'Abou el-Zouhour, l'un des deux principaux avec Taftanaz de la province d'Idleb (nord-ouest). Mais les hélicoptères décollant de Taftanaz survolent toujours la ville proche du même nom, vidée de la plupart de ses habitants, selon un journaliste de l'AFP.

Dans la région d'Idleb, l'aviation a aussi visé des habitations notamment dans le district rebelle de Jabal el-Zawiya.

À Alep, métropole du nord entrée dans une guerre d'usure après plus d'un mois de combats, plusieurs quartiers oint été bombardés. «Les bombardements sur le quartier de Hanano n'ont pas arrêté» toute la nuit, selon un militant se présentant sous le nom d'Oussama.

«Même les écoles ne sont pas épargnées par les destructions», a-t-il ajouté. «Il y a toujours des files d'attente devant les boulangeries» et «parfois, il y a une pénurie totale de farine. Les gens se sont habitués aux coupures d'électricité, mais le plus dur, c'est de se procurer des médicaments, du pain et du lait pour nourrissons».

Plus au sud, l'armée a détruit la dernière boulangerie qui vendait encore du pain dans la ville rebelle de Qousseir (centre), ont indiqué des militants.

Dans la province de Deir Ezzor (est), les chars ont bombardé les secteurs insurgés. À la frontière turque, les rebelles sont entrés dans la localité de Harem, a dit à l'AFP un commandant se faisant appeler Abou Saïd, précisant que des soldats étaient toujours réfugiés dans la citadelle de la ville.

Changement «inévitable»

«Les troupes savent parfaitement où se cachent les rebelles», affirme à l'AFP Rami Abdel Rahmane, chef de l'OSDH. «Ils ont une liste d'objectifs, souvent des maisons. Ce ne sont pas bombardements sans discernement» et la présence de civils dans ces maisons «importe peu au régime».

Au lendemain de sa prise de fonctions officielle, M. Brahimi a affirmé que le changement en Syrie était «inévitable», soulignant toutefois qu'«il est trop tôt de dire qui devrait partir et qui devrait rester».

«M. Assad est le président du gouvernement actuel, Kofi (Annan, son prédécesseur) lui a parlé et je lui parlerai», a-t-il ajouté dans une interview publiée sur le site de la chaîne al-Jazeera.

La guerre en Syrie a fait plus de 26 000 morts selon l'OSDH et poussé à l'exode des centaines de milliers de personnes.