La communauté internationale a condamné lundi le massacre à Daraya, près de Damas, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon réclamant une enquête «immédiate et impartiale», alors que la rébellion affirmait avoir abattu un hélicoptère pour se venger de cette nouvelle tuerie.

Le président français François Hollande a affirmé que l'emploi d'armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad serait «une cause légitime d'intervention directe» de la communauté internationale, comme avait déjà prévenu il y a une semaine son homologue américain Barack Obama.

Dimanche soir, le président Assad a de nouveau promis de vaincre «à n'importe quel prix» la rébellion, qu'il assimile à des terroristes, même si son allié iranien a appelé au dialogue en évoquant une situation militaire «dans l'impasse».

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a annoncé dimanche la découverte d'au moins 320 corps à Daraya, une localité à sept km au sud de Damas, précisant que la majorité des victimes avaient été tuées dans une opération militaire en cours depuis cinq jours.

«Le secrétaire général est bouleversé par ces informations et condamne fermement ce crime brutal et épouvantable», a déclaré le porte-parole de M. Ban Martin Nesirky. «Il faut enquêter immédiatement, d'une manière indépendante et impartiale», a-t-il ajouté.

Paris s'est dit également «profondément choquée», tandis que Washington voyait dans Daraya une «nouvelle et affreuse preuve de la répression brutale d'Assad». L'Union européenne a aussi condamné le massacre dont les circonstances, selon elle, «ne sont pas tout à fait claires».

Après Daraya, la «vengeance» des rebelles

Un porte-parole de la brigade rebelle de Badr, Omar al-Qabouni, a de son côté affirmé que ses hommes avaient abattu un hélicoptère de l'armée pour «venger» Daraya.

La télévision officielle a fait état du crash d'un hélicoptère sur le quartier de Qaboun, dans l'est de Damas, sans donner les circonstances de l'incident.

Dans le même temps, de violents combats se poursuivaient dans plusieurs quartiers du nord-est de Damas, en particulier à Jobar, ainsi qu'en banlieue est, selon l'OSDH.

Selon un commandant rebelle qui se fait appeler Sélim, l'armée a ouvert un nouveau front à l'est de la capitale, «tandis que l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) essaie de ramener la bataille dans Damas même».

Sur l'autre grand front syrien, celui d'Alep (nord), des bombardements intenses continuaient de viser, selon l'OSDH, les quartiers où sont retranchés les rebelles, engagés depuis plus d'un mois dans une bataille cruciale pour cette métropole commerçante.

Au moins 154 personnes ont péri dans les violences lundi, selon un décompte de l'ONG qui a fait état de la découverte lundi à Daraya de 14 nouveaux cadavres.

L'opposition et des militants avaient dénoncé un massacre à Daraya en diffusant des images, non authentifiées, montrant des dizaines de corps, dont de nombreux exécutés sommairement.

Le régime avait pour sa part affirmé avoir débarrassé Daraya de «terroristes mercenaires».

Un départ d'Assad, «totalement inacceptable»

Alors que de nombreux pays occidentaux réclament le départ du pouvoir de M. Assad, le ministre d'Etat syrien pour les Affaires de la réconciliation nationale, Ali Haïdar, en visite à Téhéran, a affirmé que cette idée était «totalement inacceptable dans la mesure où elle a été mise en avant par des pays étrangers».

L'Iran, grand allié régional de Damas qui préconise un dialogue avec l'opposition, doit présenter au sommet des Non-Alignés qu'il accueille jeudi une «proposition» de règlement, dont les détails n'ont pas été révélés.

En France, M. Hollande a prévenu que l'emploi d'armes chimiques par Damas serait «une cause légitime d'intervention directe» de la communauté internationale.

Il a par ailleurs assuré que «la France reconnaîtra le gouvernement provisoire de la nouvelle Syrie» dès sa formation. Washington a jugé de son côté que l'opposition devait mieux s'organiser avant de commencer à former un gouvernement provisoire.

Le président français a en outre critiqué la Russie et la Chine --deux alliés de Damas qui ont opposé leurs veto à des résolutions sanctionnant le régime pour sa répression--, dont l'attitude «affaiblit», selon, lui la capacité du Conseil de sécurité de l'ONU dans la crise.

Il a également confirmé que Paris «travaillait» en concertation avec ses partenaires à la création de «zones tampons» en Syrie.

La Turquie, qui accueille plus 80 000 réfugiés syriens mais qui a prévenu qu'elle ne pourrait pas en accueillir plus de 100 000, a récemment suggéré que l'ONU installe des camps de réfugiés «dans les frontières de la Syrie» pour contenir l'afflux des personnes déplacées et les protéger.

Une réunion ministérielle du Conseil de sécurité de l'ONU est prévue jeudi pour discuter de l'aide humanitaire et de passages sécurisés, en l'absence d'un consensus sur un règlement du conflit en raison des divergences principalement entre l'Occident et la Russie.

Depuis le début en mars 2011 de la révolte qui s'est transformée en guerre civile en raison de la répression menée par le régime, les violences ont fait plus de 25 000 morts, selon l'OSDH.