L'Assemblée générale de l'ONU a adopté vendredi à une large majorité une résolution à la portée symbolique dénonçant le pilonnage des villes rebelles par l'armée syrienne et critiquant l'impuissance du Conseil de sécurité à faire pression sur Damas.

La résolution, présentée par l'Arabie saoudite au nom du groupe arabe et soutenue par une soixantaine de pays, dont les États-Unis et les Européens, a été adoptée par 133 voix. Douze pays ont voté contre, dont la Russie, la Chine et l'Iran, et 31 se sont abstenus, dont l'Inde et le Pakistan.

Au lendemain de la démission du médiateur Kofi Annan, qui a déploré le manque de soutien des grandes puissances à sa mission, le texte déplore que le Conseil «n'ait pu s'accorder sur des mesures qui obligeraient les autorités syriennes à respecter ses décisions».

Depuis le début de la crise syrienne en mars 2011, Moscou et Pékin ont bloqué toutes les tentatives occidentales au Conseil pour faire pression sur le régime syrien en le menaçant de sanctions.

La résolution adoptée vendredi a une portée essentiellement symbolique, l'Assemblée ne pouvant émettre que des recommandations, contrairement au Conseil.

Une précédente résolution de l'Assemblée, en février, avait recueilli 137 voix et avait abouti à la création du poste de médiateur auquel M. Annan avait ensuite été nommé.

L'ambassadeur français Gérard Araud, dont le pays préside la Conseil en août, s'est félicité de la «très large majorité» obtenue par le texte: «Est-ce que la Russie et la Chine vont continuer à bloquer l'action de la communauté internationale? C'est à elles de répondre».

L'ambassadrice américaine Susan Rice a salué un «message fort»: «En dépit de l'opposition persistante d'une minorité de pays de plus en plus isolés, une majorité écrasante de pays membres de l'ONU se tient résolument aux côtés du peuple syrien».

«Guerre par procuration»

L'ambassadeur syrien Bachar Jaafari a pour sa part estimé que la résolution n'aurait «absolument aucun effet».

L'ambassadeur russe est du même avis: cette résolution n'a pas de «grand sens pratique» et n'est qu'une «tentative de plus de faire une pression politique et propagandiste sur la Syrie», a déclaré Vitali Tchourkine.

«Parmi les co-auteurs les plus actifs de cette résolution figurent les pays qui livrent des armes à des groupes extrémistes en Syrie», a-t-il ajouté.

Avant le vote, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait appelé solennellement les grandes puissances à dépasser leurs «rivalités» et à montrer qu'elles avaient «retenu les leçons de Srebrenica», site du massacre de milliers de musulmans par les forces serbes de Bosnie en juillet 1995, que des Casques bleus de l'ONU n'avaient pu empêcher.

Pour M. Ban, le conflit en Syrie est désormais une «guerre par procuration» et menace de dégénérer en «guerre civile de longue durée».

La résolution «condamne le recours accru aux armes lourdes par les autorités syriennes», notamment le «pilonnage aveugle d'agglomérations».  Elle demande au gouvernement syrien «d'honorer immédiatement son engagement de cesser d'utiliser des armes lourdes» et de faire rentrer ses troupes dans leurs casernes, ce qui est précisément une des clauses du plan de paix proposé par M. Annan, resté lettre morte.

Le texte souligne aussi l'inquiétude suscitée par les stocks d'armes chimiques syriennes et demande enfin une «transition politique» démocratique en Syrie.

Le texte avait été remanié jusqu'à la dernière minute et son vote retardé d'une journée pour lui assurer davantage de soutien. Contrairement à des versions précédentes, la résolution ne demande pas explicitement le départ du pouvoir de Bachar al-Assad, ni l'application de sanctions économiques similaires à celles adoptées par la Ligue arabe en novembre 2011.