Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a appelé samedi l'opposition syrienne «à se mettre en ordre de marche» pour former rapidement un «gouvernement provisoire représentatif de la diversité de la société syrienne».

«Quelles que soient ses manoeuvres, le régime de Bachar al-Assad est condamné par son propre peuple, qui fait preuve d'un grand courage. Le moment est venu de préparer la transition et le jour d'après», a affirmé M. Fabius dans une déclaration écrite.

Le ministre français dit avoir pris un certain nombre de contacts, notamment avec le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi, ainsi qu'avec le premier ministre du Qatar Hamad Bin Jassim al-Thani.

«Nous sommes tous d'accord pour considérer que l'heure est venue pour l'opposition de se mettre en ordre de marche afin de prendre les commandes du pays», souligne-t-il.

«Nous souhaitons la formation rapide d'un gouvernement provisoire qui devra être représentatif de la diversité de la société syrienne. La France soutient pleinement les efforts de la Ligue arabe dans ce sens», ajoute-t-il.

La France est prête «à toute initiative - y compris la tenue à Paris d'une réunion ministérielle - en vue de consolider les efforts des pays arabes dans la construction de la Syrie de demain», écrit M. Fabius.

«Nous chercherons, par ailleurs, à apporter, avec l'Union européenne, l'aide et le soutien nécessaires aux réfugiés de plus en plus nombreux, en lien avec les pays voisins», conclut le ministre qui abordera cette question, lundi à Bruxelles, avec ses partenaires européens.

Cette déclaration intervient alors que la bataille fait rage à Damas et à Alep (nord) entre rebelles et forces gouvernementales et deux jours après le troisième veto de Moscou et Pékin à une résolution du Conseil de sécurité menaçant Damas de sanctions.

Elle suit aussi l'attentat de mercredi qui a tué quatre hauts responsables syriens de la sécurité en plein coeur de Damas.

Ce n'est pas la première fois qu'Occidentaux et Arabes appellent à l'unité de l'opposition syrienne, composée d'une myriade de groupes et de mouvements qui peinent encore à s'entendre, même si des progrès ont été faits.

Le 6 juillet, Paris avait organisé la troisième réunion du groupe «des amis de la Syrie», qui avait réuni une centaine de pays occidentaux, arabes et organisations.

Le président du Conseil national syrien (CNS), qui apparaît comme le mouvement le plus large et le plus représentatif, le Kurde Abdel Basset Sayda, y avait participé. Le CNS dit être en liaison avec l'Armée syrienne libre (ASL) qui combat sur le terrain les troupes du régime.

Le gouvernement syrien a échoué dans la protection des civils

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a affirmé samedi que le gouvernement syrien avait échoué dans la protection des civils et lui a demandé de «cesser les tueries et l'utilisation d'armes lourdes contre les agglomérations».

«Le gouvernement syrien a manifestement échoué dans la protection des civils et la communauté internationale a une responsabilité collective de suivre la charte des Nations unies et d'agir sur la base de ses principes», a déclaré M. Ban Ki-moon lors d'une conférence de presse après avoir rencontré le président croate, Ivo Josipovic sur l'île de Brijuni en Croatie.

M. Ban a annoncé l'envoi en Syrie du sous-secrétaire chargé des opérations de maintien de la paix, le diplomate français Hervé Ladsous ainsi que du principal conseiller militaire de l'ONU, le général Babacar Gaye, afin de rendre compte de la situation.

«L'ONU reste activement engagée et pleinement mobilisée. J'envoie en Syrie mon sous-secrétaire chargé des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, pour évaluer la situation, ainsi que le principal conseiller militaire de l'ONU, le général Gaye, pour diriger la Misnus (Mission de supervision de l'ONU en Syrie) dans cette phase critique», a souligné le secrétaire général.

M. Ban s'est inquiété de la «détérioration rapide» de la situation en Syrie et de l'aggravation des souffrances de la population civile alors que les «combats s'intensifient à travers le pays, y compris dans la capitale».

Le secrétaire général de l'ONU s'est félicité de l'adoption, la veille, au Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution autorisant la prolongation de 30 jours de la mission des 300 observateurs des Nations unies en Syrie.

Il a estimé que le vote unanime représentait un «signal constructif» et a demandé au Conseil de sécurité de «redoubler d'efforts pour parvenir à avancer d'une manière unie» vers une solution à la crise syrienne.

M. Ban a renouvelé son appel à «toutes les parties en Syrie, gouvernement et forces de l'opposition, de cesser les violences armées sans aucune condition», soulignant que «le gouvernement syrien, en premier lieu, doit cesser les tueries et l'utilisation d'armes lourdes contre les agglomérations».

Pour M. Ban, pour parvenir à la paix, «les tueries et les violations des droits de l'homme doivent cesser» afin de «passer rapidement à une transition pacifique et à un dialogue politique» entre les parties syriennes en conflit.