Des observateurs de l'ONU déployés en Syrie se sont rendus samedi à Treimsa, une localité du centre du pays où l'armée syrienne a tué plus de 150 personnes jeudi, ont annoncé à l'AFP la porte-parole des observateurs, Sausan Ghosheh, et un militant dans la région.

Une première patrouille de reconnaissance s'était rendue sur les lieux dès vendredi, pour s'assurer que la voie était libre pour les observateurs, a précisé Mme Ghosheh.

«Nous n'avons pas demandé d'autorisation. Le général (Robert Mood, chef de la mission d'observation) a été clair hier, il a dit que nous étions prêts à aller à Treimsa pour chercher à vérifier les faits s'il y avait un cessez-le-feu», a-t-elle écrit dans un courriel à l'AFP.

Vendredi, la patrouille «a évalué la situation, pour voir si les combats avaient cessé et si nous avions accès à la ville», et samedi, «nous avons envoyé une grande patrouille intégrée, pour chercher à vérifier les faits», a-t-elle expliqué.

Dans un précédent courriel, elle avait annoncé que les observateurs étaient entrés à Treimsa, à bord d'un convoi de 11 véhicules.

Un militant de Hama, Abou Ghazi, a affirmé que le groupe avait rencontré des habitants sur place et «inspecté les endroits pilonnés et les lieux tâchés de sang».

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), plus de 150 personnes, dont des dizaines de rebelles, ont été tuées jeudi dans des bombardements et des combats à Treimsa. Un grand nombre de victimes ont été «sommairement exécutées» et 17 autres, dont des femmes et enfants, ont été tuées alors qu'elles tentaient de fuir cette localité sunnite.

L'armée syrienne a affirmé de son côté avoir mené à Treimsa «une opération de qualité» qui s'est soldée par «la destruction des repaires des groupes terroristes, la mort d'un grand nombre de leurs membres, sans qu'aucune victime civile ne soit à déplorer».

La mission d'observation de l'ONU, arrivée en Syrie en avril pour surveiller une trêve qui n'a jamais été appliquée, a suspendu mi-juin ses opérations en raison de l'intensité des violences, qui menaçaient la sécurité des observateurs, mais n'a pas quitté le pays.

Au moins 28 morts samedi, assaut à Deraa et combats près de la Turquie

Au moins 28 personnes ont été tuées samedi en Syrie, où un assaut d'envergure était en cours contre une localité de Deraa (sud) et des combats opposaient armée et rebelles près de la frontière avec la Turquie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Dans la province de Homs (centre), une femme enceinte a été tuée dans pilonnage de la ville de Qousseir, tandis que cinq autres personnes, dont trois insurgés, ont péri dans des combats avec l'armée et des tirs dans des quartiers rebelles de Homs.

Près de Damas, sept civils dont quatre femmes et un enfant ont été tués par un obus qui s'est abattu sur une maison dans la ville rebelle de Douma à l'aube.

Dans la province d'Alep (nord), des combats ont fait six morts parmi les rebelles et cinq parmi les soldats dans la région de Tall Slor, à la frontière avec la Turquie.

Et à Hama (centre), deux femmes, un garçon de 13 ans et un policier ont été tués dans l'explosion d'une voiture piégée devant un siège des services de sécurité militaire.

Dans la région de Deraa (sud), «des chars et des transports de troupes forts de centaines de soldats ont pris d'assaut Khirbet Ghazalé au milieu de tirs nourris», peu après que cette localité eut été bombardée par les hélicoptères militaires, selon l'OSDH.

Selon un militant sur place, «des chabbihas (miliciens pro-régime) ont mené des perquisitions et incendié les maisons abandonnées par leurs habitants».

«L'armée est entrée sans résistance, car les rebelles de l'Armée syrienne libre ont quitté la ville» avant l'assaut, affirme le militant qui se fait appeler Bayane Ahmad. «Le pilonnage a fait des dizaines de blessés, mais nous n'avons pas d'aide médicale pour les soigner», ajoute-t-il.

L'Iran réaffirme être prêt à aider à régler la crise syrienne

L'Iran est prêt à «jouer son rôle» au côté des autres pays de la région pour essayer d'établir un dialogue entre le gouvernement et l'opposition en Syrie, a réaffirmé samedi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast.

«L'Iran est prêt à jouer son rôle pour ramener la stabilité et la sécurité en Syrie» et éviter que la crise syrienne ne fasse «rapidement tâche d'huile dans toute la région», a déclaré M. Mehmanparast au quotidien gouvernemental Iran.

Téhéran, principal allié de Damas, a proposé à plusieurs reprises d'user de son influence pour aider à régler la crise syrienne, mais cette offre a été rejetée par l'opposition syrienne et certains pays occidentaux et arabes qui accusent Téhéran d'aider militairement le régime du président Bachar al-Assad à réprimer la rébellion.

L'Iran accuse de son côté certains pays occidentaux et arabes d'armer les rebelles syriens pour provoquer la chute du régime de Damas.

M. Mehmanparast a renouvelé les critiques de Téhéran contre «certains pays de la région (qui) pensent qu'en armant les rebelles, ils peuvent régler la crise syrienne».

«Au lieu de provoquer des dissensions et pousser la Syrie vers la guerre civile, ces pays doivent utiliser leur influence pour créer un climat de dialogue entre le gouvernement et l'opposition», a-t-il ajouté.

Il a également réaffirmé le soutien de Téhéran au plan de l'émissaire international Kofi Annan pour tenter de résoudre la crise syrienne. Bien qu'il ait jusqu'à présent échoué, ce plan demeure «la meilleure solution pour régler la crise syrienne», a-t-il estimé.

Il est encore temps d'éviter la guerre civile en Syrie, selon François Hollande

Il est encore temps d'éviter la guerre civile en Syrie, a déclaré samedi le chef de l'État français, François Hollande, estimant qu'il s'agirait du «pire» scénario.

La Russie et la Chine «bloquent toute résolution au Conseil de sécurité» de l'ONU pour tenter de trouver une solution aux violences en Syrie, a déploré le président lors de son interview télévisée du 14 juillet, jour de fête nationale.

«Je l'ai dit à M. Poutine, qui est très attaché à ce que la Syrie reste proche de son pays. Il y a des relations commerciales, historiques, et je les respecte», a-t-il expliqué.

«Je lui ai dit, le pire c'est d'avoir une guerre civile en Syrie. Donc, faisons en sorte de trouver une position politique qui évite la guerre civile. Il est encore temps, plus que temps», a-t-il poursuivi.

MM. Hollande et Poutine s'étaient rencontrés le 1er juin à Paris.

Selon le président français, la conférence des Amis de la Syrie, le 6 juillet à Paris, «a permis de réunir la moitié des pays de la planète et de dire que nous devons continuer les pressions pour que Bachar al-Assad parte et qu'une transition politique s'effectue».

La communauté internationale a appelé vendredi l'ONU à agir contre l'escalade de la violence en Syrie, après la mort d'au moins 150 personnes dans le centre du pays, l'opposition dénonçant un massacre tandis que le régime évoquait une opération antiterroriste.