Le chef des observateurs de l'ONU en Syrie, le général Robert Mood, a critiqué sur un ton inhabituel jeudi la communauté internationale qui ne fait selon lui que bavarder dans des « hôtels de luxe » sans remédier à l'enlisement du conflit syrien.        

Dans une nouvelle tentative de résoudre la crise, des pays occidentaux et arabes et des opposants syriens se réunissent vendredi à Paris pour tenter d'obtenir le départ du président Bachar al-Assad, en dépit de l'opposition de la Russie qui boycotte cette troisième rencontre des Amis du peuple syrien.

La France et la Grande-Bretagne ont exhorté Moscou à cesser de soutenir « le régime meurtrier » de Bachar al-Assad, soulignant qu'il était « condamné ».

La Russie, alliée du régime, a de son côté démenti toute discussion avec Washington concernant l'avenir de M. Assad, à la suite d'informations de presse selon lesquelles les États-Unis tenteraient de convaincre le Kremlin d'accorder l'asile politique au chef d'État contesté.

Exprimant sa déception face à l'impasse dans le dossier syrien, le général Mood, chef d'une mission d'observateurs aujourd'hui suspendue en raison des violences, s'en est pris aux réunions stériles censées trouver une issue à près de 16 mois de violences, qui ont tué encore 19 personnes mercredi.

« Il y a beaucoup trop de discussions dans de beaux hôtels, dans d'agréables réunions, alors que l'on agit trop peu pour aller de l'avant et arrêter la violence », a-t-il affirmé à la presse à Damas.

Il a toutefois reconnu la difficulté des pourparlers, estimant que la réunion du 30 juin à Genève préconisant un gouvernement de transition était « le meilleur résultat possible en vue d'une issue pacifique pour le peuple syrien ».

Altercations au sein de l'opposition

À Genève, les grandes puissances, dont la Russie, la Turquie et des pays arabes, étaient arrivées à un consensus sur les principes d'une transition en Syrie avant de diverger sur l'interprétation de l'accord. Washington a estimé qu'il ouvrait la voie à l'ère « post-Assad », tandis que Moscou et Pékin, également allié de Damas, réaffirmaient qu'il revenait aux Syriens de déterminer leur avenir.

À ces divisions, persistantes depuis le début de la révolte en mars 2011, s'ajoutent les divergences de l'opposition, dont les pourparlers au Caire se sont terminés dans une ambiance tendue au point que certains en sont venus aux mains.

Au bout de deux jours de réunions, 200 représentants de 30 mouvements d'opposition sont parvenus à se mettre d'accord sur une transition excluant M. Assad, mais ont laissé percer leurs divergences sur la façon d'y parvenir.

Des participants ont rapporté que des opposants avaient claqué la porte, accusant les autres de monopoliser les décisions.

Vendredi, la conférence de Paris consistera d'ailleurs à « encourager » l'opposition syrienne à s'unifier et à « accroître la pression sur le régime syrien pour que soit appliqué le plan de Genève » et un cessez-le-feu jamais respecté, selon une source diplomatique occidentale.

Poursuite des combats

Sur le terrain, les combats entre rebelles et armée faisaient rage mercredi, notamment à proximité d'une branche des renseignements aériens, l'un des organes les plus redoutés du régime, près de la capitale, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

À Homs, les forces gouvernementales bombardaient deux quartiers rebelles selon un militant joint par Skype. « L'Armée libre syrienne (ASL) combat les forces du régime chaque jour à Baba Amr pour reprendre le secteur », a-t-il dit, en référence au quartier repris en mars par l'armée.

Par ailleurs, les corps des deux pilotes de l'avion de combat turc abattu le 22 juin par la défense syrienne ont été retrouvés en mer, selon l'armée turque.

Ankara soutient que l'avion se trouvait en mission d'entraînement dans l'espace aérien international, alors que Damas avance qu'il était entré dans son espace aérien. Une source russe a indiqué que l'avion avait « provoqué » la défense antiaérienne syrienne, en violant « deux fois » l'espace aérien de ce pays.

Le président Assad a regretté cet incident dans un entretien à un journal turc, en rejetant les accusations d'Ankara et reprochant de nouveau à son voisin turc de fournir un soutien logistique aux « terroristes » syriens.