Pour la première fois, les chefs de la diplomatie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU se retrouvent samedi à Genève pour essayer de s'entendre sur une transition en Syrie et arrêter la spirale de la violence qui plonge chaque jour un peu plus le pays dans la guerre civile.

À l'initiative de l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, cette réunion du «Groupe d'action sur la Syrie» offre un cadre inédit, détaché du formalisme du Conseil de sécurité, pour tenter de dégager un consensus sur les moyens d'appliquer le plan en six points adopté en avril et resté lettre morte sur le terrain.

Outre la Russie, les États-Unis, la Chine, la France et la Grande-Bretagne, les secrétaires généraux de l'ONU et de la Ligue arabe, l'Irak, le Qatar et le Koweit - dans le cadre de leurs fonctions tournantes au sein de la Ligue - ainsi que la Turquie et la Haut commissaire aux Affaires étrangères de l'Union européenne seront présents à Genève.

Les objectifs du Groupe d'action sur la Syrie sont «d'identifier les étapes et les mesures pour assurer l'application complète du plan en six points et des résolutions 2042 et 2043 du Conseil de sécurité, y compris l'arrêt immédiat de la violence sous toutes ses formes», a indiqué l'émissaire.

«Le groupe d'action doit aussi se mettre d'accord sur des directives et des principes pour une transition politique menée par les Syriens qui satisfassent les aspirations légitimes du peuple syrien, et s'entendre pour faire de ces objectifs une réalité sur le terrain», a-t-il dit.

Cette réunion est née dans la douleur, objet de multiples tractations qui ont fait douter à plusieurs reprises de sa tenue, l'opposition se cristallisant entre Occidentaux et Russes sur la création d'un gouvernement de transition et sur les méthodes pour faire de ce plan une réalité.

La Russie voit de «très bonnes chances» de progresser dans le règlement de la crise à Genève, a finalement déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à l'issue d'entretiens vendredi à Saint-Pérzesbourg avec son homologue américaine, Hillary Clinton.

«Je peux dire en toute confiance que nous avons de très bonnes chances demain (samedi) à Genève de trouver un dénominateur commun et de faire un pas en avant», a dit M. Lavrov.

Plus mesuré, un responsable du département d'État américain a constaté des progrès dans les discussions russo-américaines, mais souligné que «des difficultés et des divergences subsistaient» dans les approches de la Russie et des États-Unis.

La décision des organisateurs de cette conférence de ne pas inviter «des acteurs aussi importants que l'Iran et l'Arabie Saoudite, des voisins directs de la Syrie tels le Liban et la Jordanie, ainsi que l'Organisation de coopération islamique» n'est «pas la meilleure», a regretté de son côté le ministère russe dans un communiqué.

Pour tenter de resserrer les boulons, un comité préparatoire de hauts fonctionnaires représentant tous les participants a travaillé toute la journée vendredi à Genève. Il a clos ces travaux dans l'après-midi, signe que les prolongations n'ont pas été nécessaires.