Le vice-premier ministre turc Bülent Arinç a affirmé lundi qu'un avion de sauvetage en mer turc avait essuyé des tirs syriens alors qu'il menait des recherches pour retrouver les pilotes de l'avion de combat turc abattu vendredi par la Syrie.

«Un de nos avions CASA s'est envolé avec une équipe d'aide. Malheureusement, des tirs venant du sol ont visé notre avion CASA. Notre ministère des Affaires étrangères et notre état-major ont appelé les autorités syriennes et ce harcèlement a immédiatement cessé», a déclaré M. Arinç à la presse.

Menace sur les exportations d'électricité

Arinç a également annoncé lundi que la Turquie allait décider dans les prochains jours si elle interrompt ses exportations d'électricité vers la Syrie en représailles au fait de l'avion de chasse turc qui a été abattu vendredi.

«Nous avons considéré jusque-là pour des raisons humanitaires qu'il convenait de fournir de l'électricité à la Syrie, afin que la vie quotidienne de la population ne soit pas affectée», a déclaré M. Arinç lors d'une conférence de presse à l'issue d'un conseil des ministres.

«Pour l'instant nous continuons mais le sujet est à l'ordre du jour du gouvernement. Je pense que d'ici un ou deux jours, il y aura une déclaration pour dire si nous continuons ou non», a-t-il poursuivi.

Doléance à l'ONU

La Turquie a dénoncé lundi un «acte hostile» de Damas, dans une lettre adressée au Conseil de sécurité et au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à la suite de cette attaque.

«Cette attaque dans l'espace aérien international, qui pourrait avoir causé la mort de deux pilotes turcs, est un acte hostile de la part des autorités syrienne contre la sécurité nationale de la Turquie», indique cette lettre dont l'AFP a obtenu copie.

Pour Ankara, cet incident «constitue une menace grave pour la paix et la sécurité dans la région». «La Turquie se réserve la possibilité de faire valoir ses droits au regard des lois internationales», précise la lettre qui ne réclame pas d'action de la part du Conseil dans l'immédiat.

«La Turquie se concentre pour le moment sur la mission de recherche (des pilotes). Quand les faits auront été établis complètement, nous déciderons de l'ampleur des mesures à prendre en réponse à cet acte», ajoute le texte.

Suite à la destruction du F-4, la Turquie a demandé une réunion urgente avec ses alliés de l'Otan, qui aura lieu mardi à Bruxelles.

«Les enregistrements radar et radio turcs et syriens confirment que notre appareil a été abattu dans l'espace aérien international», affirme la lettre. Elle précise que le F-4 n'a effectué aucune manoeuvre hostile, que «les tirs n'ont été précédés d'aucun avertissement» et que des communications radio interceptées montrent que les unités militaires syriennes responsables «étaient parfaitement au courant des circonstances et du fait que l'avion appartenait à la Turquie».

Ankara fait aussi référence dans cette lettre à un second incident au cours duquel un autre avion turc a essuyé des tirs syriens alors qu'il menait des recherches pour secourir les deux pilotes.

Au cours de cet incident, qui s'est produit lui aussi vendredi dernier, précise la lettre, une batterie anti-aérienne postée sur la côte syrienne a pris pour cible un avion de type CASA «en dépit de la coordination établie avec les autorités syriennes pour les opérations de secours».