L'armée syrienne a pilonné lundi plusieurs villes des régions de Homs et Damas, au moment où une responsable de l'ONU appelait le régime de Bachar al-Assad à cesser immédiatement l'utilisation d'armes lourdes et les bombardements, parlant de «crimes contre l'humanité».

Le général Robert Mood, chef des observateurs de l'ONU en Syrie qui avait annoncé samedi la suspension de leurs opérations en raison de l'intensification des violences, interviendra mardi devant le Conseil de sécurité de l'ONU, a indiqué le ministère français des Affaires étrangères.

Sur le plan diplomatique, le président américain, Barack Obama, dont le pays appelle au départ du président Assad, rencontre lundi à Los Cabos, au Mexique, son homologue russe Vladimir Poutine, partisan lui d'un dialogue entre le régime syrien et l'opposition.

Sur le terrain, 50 personnes ont péri lundi à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui a fait état de violents bombardements à Homs (est), un des bastions de la contestation, et dans la région de Damas.

Sept personnes, dont trois rebelles, ont été tuées dans la province de Homs, dans les régions voisines de Qousseir et de Rastane, indique l'OSDH qui fait état en outre de «1 000 familles assiégées» à Homs.

Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a affirmé ce week-end que 30.000 soldats et membres de milices pro-gouvernementales assiégeaient Homs, appelant à une résolution de l'ONU contraignant Damas à cesser la répression.

Dans la province de Damas, plusieurs localités font l'objet de vastes opérations de l'armée.

Six civils, dont deux enfants, ont été tués dans de «violents bombardements» de Douma, à 13 km au nord-est de Damas, alors que des combats nocturnes ont opposé les forces régulières aux rebelles, a indiqué l'OSDH.

Le quotidien Al-Watan, proche du pouvoir, a fait état pour sa part de «la mort de centaines de terroristes ces trois dernières semaines aux portes de Damas».

«Les combats se poursuivent entre l'armée syrienne et des terroristes qui tentent d'entrer à Damas», affirme Al-Watan.

Le régime syrien, qui refuse de reconnaître l'ampleur de la révolte contre Bachar al-Assad, qualifie de «terroristes» les rebelles.

À l'ouverture de la 20e session du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, la haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay a indiqué que «le gouvernement de Syrie devrait cesser immédiatement l'utilisation d'armes lourdes et le bombardement de zones habitées».

«De telles actions équivalent à des crimes contre l'Humanité et autres possibles crimes de guerre», a-t-elle lancé.

Elle a exhorté la communauté internationale à «surmonter les divisions (...) pour mettre fin à la violence» et à s'assurer que les auteurs de ces violences, «y compris ceux qui ont attaqué les observateurs de l'ONU en Syrie», aient des comptes à rendre.

La France a redemandé devant le Conseil des droits de l'Homme la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) pour sanctionner la «barbarie» du régime d'Assad.

Des «crimes contre l'humanité, voire des crimes de guerre sont évoqués. (...) Nous avons basculé dans l'horreur la plus totale et la barbarie», a souligné le représentant permanent adjoint de la France auprès de l'ONU à Genève, Jacques Pellet.

En raison de l'escalade des violences, le général Mood avait annoncé samedi une suspension des opérations des quelque 300 observateurs de l'ONU venus surveiller l'application d'une trêve complètement ignorée.

Il a appelé dimanche le régime et l'opposition à «autoriser les femmes, les enfants, les personnes âgées et les blessés à quitter les zones de conflit, sans aucune condition préalable».

MM. Obama et Poutine vont discuter de leurs «désaccords» sur la conduite à tenir en Syrie en marge du sommet du G20 au Mexique, selon le département d'Etat américain.

Washington espère en effet que la Russie finisse par faciliter une issue à la crise en Syrie, malgré son refus de soutenir les efforts de l'ONU dans ce pays.

La secrétaire d'État Hillary Clinton a accusé la semaine dernière Moscou de fournir des hélicoptères d'attaque à Assad. Furieuse, la Russie a répliqué qu'elle n'avait fait que réparer des appareils syriens.