Kofi Annan a demandé jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU davantage de pression sur le gouvernement syrien pour qu'il respecte son plan de paix, craignant que la crise ne devienne rapidement «incontrôlable».

L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe a également demandé à nouveau aux grandes puissances de signifier au président syrien Bachar al-Assad que le non respect de son plan aurait des «conséquences claires», ont indiqué des diplomates présents à cette réunion du Conseil qui se tenait à huis clos, au lendemain d'un massacre perpétré, selon l'opposition et une ONG syrienne, par les forces fidèles au régime à Al-Koubeir (centre), qui aurait fait des dizaines de morts.

Le Conseil doit faire pression sur Damas de manière «unifiée», a ajouté M. Annan, alors que Chine et Russie ont ces derniers mois bloqué toute résolution condamnant le régime de Damas. «Plus nous attendrons, plus sombre sera l'avenir de la Syrie», a-t-il insisté, cité par les mêmes diplomates.

S'adressant lui aussi au Conseil, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a indiqué que des armes lourdes, des balles perforantes et des drones avaient été utilisés contre les observateurs de l'ONU depuis leur déploiement en Syrie à la mi-avril, toujours selon des diplomates présents.

Selon M. Ban, cette tactique vise à forcer les observateurs à se retirer de régions où les forces syriennes ont été accusées de mener des attaques.

M. Ban a aussi déclaré aux 15 pays membres du Conseil que les observateurs avaient vu des convois militaires syriens approcher de villages et qu'ils avaient essayé de les empêcher de mener des assauts contre des zones habitées mais qu'ils avaient été ignorés.

Ban Ki-moon et Kofi Annan ont pris la parole devant le Conseil quelques heures après le massacre d'Al-Koubeir qui a fait 55 morts, dont des femmes et des enfants.

S'adressant dans la matinée à l'Assemblée générale de l'ONU, M. Annan s'est dit horrifié par ce massacre tandis que M. Ban l'a qualifié de «scandaleux et révoltant» et a affirmé que le président Bachar al-Assad «a perdu toute légitimité».

Devant l'Assemblée, Kofi Annan a reconnu que son plan «n'est pas appliqué». «Il faut clairement dire qu'il y aura des conséquences (pour Damas) si le plan n'est pas appliqué», a-t-il affirmé.

Il faut également «baliser plus clairement la voie vers une transition pacifique» en Syrie, a-t-il dit.

«Si les choses ne changent pas, l'avenir sera sans doute la répression brutale, les massacres, le conflit inter-religieux et une guerre civile totale», a prédit Kofi Annan.

«Il est évident que le temps est venu de déterminer ce que nous pouvons faire de plus pour garantir l'application de ce plan et/ou quelles autres options existent pour traiter cette crise», a-t-il expliqué. «Si nous nous rassemblons vraiment et parlons d'une seule voix, je pense qu'il est possible d'éviter le pire».

M. Ban a lui aussi invité les grandes puissances à «réfléchir aux moyens de d'agir de manière plus efficace, étant donné la détérioration de la situation».

Au cours de la réunion de l'Assemblée, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, et les représentants américain, allemand, français et britannique à l'ONU ont brandi, en termes plus ou moins explicites, la menace de sanctions contre Damas.