Le président syrien Bachar al-Assad a nié dimanche tout lien avec le massacre de Houla dans lequel 108 personnes dont 49 enfants ont péri le 25 mai, se disant déterminé à venir à bout de la révolte qui secoue son régime depuis près de 15 mois.

Resté sourd aux appels à cesser la violence, M. Assad a de nouveau accusé l'étranger de mener une «guerre» contre la Syrie et écarté tout dialogue avec l'opposition, dans un discours devant le nouveau Parlement.

La communauté internationale a multiplié ces derniers jours les mises en garde contre les risques d'une guerre civile en Syrie, même si elle est divisée sur la façon de régler le conflit alors que le cessez-le-feu préconisé par le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan est resté lettre morte.

Devant les députés issus des élections du 7 mai organisées en pleines violences et boycottés par l'opposition, M. Assad a rendu hommage à «tous les martyrs, civils ou militaires».

Il a souligné que les auteurs du carnage de Houla (centre) étaient des «monstres».

La rébellion et le régime se sont rejeté la responsabilité du massacre, alors qu'un haut responsable de l'ONU a dit que «de forts soupçons» pesaient sur les milices pro-régime.

M. Assad a martelé que son pays faisait face à un «plan de destruction» et «à une véritable guerre menée de l'étranger». Ne reconnaissant pas l'ampleur de la révolte qu'il assimile à du terrorisme, il a d'autre part souligné que son régime avait en vain «essayé par tous les moyens politiques» de sortir de la crise et prévenu qu'«il n'y aurait pas de compromis dans la lutte contre le terrorisme, la sécurité de la nation étant une ligne rouge».

M. Assad a écarté tout dialogue avec les opposants «liés à l'étranger», en allusion notamment au Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition, qui refuse à son tour tout dialogue avant un départ de M. Assad.

Réagissant au discours, un responsable du CNS joint par l'AFP a dénoncé des propos qui reflètent la volonté du président Assad de poursuivre la répression «dans le sang».

Les militants pro-démocratie ont riposté aux propos du président syrien sur leur page «Syrian Revolution 2011» sur Facebook: «Sortons tous, (...) pour répondre au bourreau, au meurtrier des enfants. Mettez-vous en colère, intensifiez la colère sur le terrain par tous les moyens».

La révolte s'est militarisée au fil des mois face à la répression. Les violences continuent de tuer malgré la présence de près de 300 observateurs de l'ONU censés surveiller un cessez-le-feu proclamé le 12 avril dans le cadre du plan Annan et systématiquement violé.

Samedi, 89 personnes ont été tuées, dont 57 soldats, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), le bilan le plus lourd pour l'armée régulière en une journée depuis mars 2011.

Dimanche, 39 personnes ont été tuées dans les violences à travers le pays, dont douze civils, 19 soldats, cinq combattants rebelles et trois déserteurs, selon l'OSDH.

Plus de 13.400 personnes ont été tuées en près de 15 mois, en majorité des civils morts dans la répression, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Manoeuvres»

Face à l'escalade, le chef de la diplomatie saoudienne Saoud Al-Fayçal a accusé M. Assad de «manoeuvrer» pour «gagner de temps» et affirmé que son pays «soutient la création d'une zone tampon en Syrie».

A son tour, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé M. Assad de conduite «autocratique»: «Jusqu'à présent, je ne l'ai pas vu appréhender les réformes avec une compréhension démocratique. Il continue d'appréhender les problèmes avec une logique autocratique».

Human Rights Watch a appelé à «isoler» les groupes vendant des armes à Damas, comme la compagnie publique russe Rosoboronexport: «Fournir des armes à la Syrie alors que des crimes contre l'humanité y sont commis pourrait revenir à une assistance dans l'accomplissement de ces crimes».

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a pour sa part exhorté la Russie à soutenir une transition politique en Syrie, déclarant que le départ du président Assad n'était pas une condition préalable mais devait être «un résultat» de cette transition.

Lors de déplacements vendredi à Berlin puis à Paris, le président russe Vladimir Poutine était resté ferme sur ses positions sur la Syrie, écartant de nouveau toute sanction de l'ONU contre le régime de Damas de même que le départ du président Assad.

«Nous devons éviter un embrasement qui pourrait mettre le feu à toute la région», a par ailleurs déclaré au journal «Bild am Sonntag» le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle, qui entame lundi une tournée qui l'emmènera en Turquie, au Liban ainsi qu'au Qatar et aux Emirats arabes unis.

Au Liban où la révolte syrienne attise les tensions, le calme est revenu dans la ville de Tripoli où des affrontements entre Libanais pro et anti-Assad ont fait 14 morts la nuit de vendredi à samedi.