Le massacre de Houla «n'est pas seulement un incident», dit Louise Arbour, présidente de l'International Crisis Group et ex-procureure en chef du Tribunal pénal international. «C'est très difficile de voir se dérouler des exactions comme celles-là. C'est désespérant, frustrant de voir des gens innocents être assassinés et d'avoir l'impression d'avoir si peu de moyens d'intervention. Mais dans certains cas, c'est la réalité. Il ne faut pas que le remède soit pire que le mal.»

Tournant dans le conflit syrien ou autre épisode d'horreur dans un conflit sanglant, les experts s'interrogent sur la prochaine intervention à être tentée. Hier, le président français François Hollande n'a pas exclu une intervention militaire sous mandat de l'ONU. Une solution qui ne suscite guère d'enthousiasme chez les observateurs, qui préconisent d'autres actions. Louise Arbour, elle, voit malgré tout une lueur d'espoir. «Il y a plus de chances que jamais que les responsables de ce qui s'est passé à Houla soient un jour traduits en justice. Ça n'arrivera pas demain matin, mais c'est de moins en moins possible d'échapper à la justice.»

Voici les cinq options qui sont sur la table.

1. Miser sur la mission de Kofi Annan

«Jusqu'à maintenant, dit Louise Arbour, c'est la seule initiative qui a assuré un consensus international.» Le ralliement de la Russie à la mission de paix, alors qu'elle soutient toujours le régime Assad, est non négligeable. «La mission Annan n'est pas allée jusqu'ici au-delà du cessez-le-feu, mais tout le monde comprend qu'on devra passer bientôt à des négociations politiques.»

2. Encourager le plus possible les négociations

«Il faut qu'il y ait un dialogue entre les rebelles et le gouvernement», martèle Henri Habib, professeur émérite de science politique à l'Université Concordia. «Pour moi, c'est le dialogue qui compte avant tout. S'il y a 10 000 morts, c'est un échec des deux côtés. On doit mettre autant de pression sur le gouvernement que sur les rebelles pour négocier.»

3. Augmenter la présence d'observateurs

Le Conseil de sécurité, dit Louise Arbour, acceptera probablement d'augmenter la présence des observateurs de l'ONU sur le terrain. «Ça offre une certaine mesure de protection, et ça permet de réfuter certaines allégations du régime, par exemple, quant à ce qui se passe sur le terrain. Jusqu'ici, c'est difficile d'avoir des renseignements vérifiables.»

4. Imposer - ou pas - des sanctions économiques

Il est dangereux d'exagérer les effets des sanctions économiques. «Il faut se demander: est-ce que de faire souffrir la population peut avoir un effet sur le régime? demande Louise Arbour. Dans ce cas-ci, non. C'est un régime qui se bat pour sa survie.»

5. Soupeser une intervention militaire

«La Syrie est une poudrière, on ne peut pas prendre le risque d'aggraver la situation au Liban, en Turquie, en Irak, en Jordanie, en Israël», dit Henri Habib. Si le Conseil de sécurité de l'ONU a donné le feu vert à une intervention militaire en Libye, c'est loin d'être certain qu'il fera de même pour la Syrie. «La Russie et la Chine se sont dites trahies par la façon dont l'OTAN s'est acquittée de la mission où, selon eux, on s'est servi du prétexte de protection des populations civiles pour en fait se lancer dans une opération de changement de régime, dit Louise Arbour. Mais au fond, j'ai l'impression qu'il n'y a pas beaucoup d'appétit militaire pour aller en Syrie, justement à cause des répercussions sur la région...»