L'ambassadrice de Syrie à Paris, Lamia Chakkour, va être expulsée mardi ou mercredi en réponse au massacre de Houla qui a provoqué la mort de quelque 108 personnes, dont 49 enfants, a annoncé le président français François Hollande, tout comme les ambassadeurs syriens en Allemagne, en Italie et en Espagne, et les chargés d'affaires syriens à Londres et Washington.

Cette décision sera notifiée à l'ambassadrice «aujourd'hui (mardi) ou demain (mercredi)», a déclaré le chef de l'État français lors d'un point presse à l'issue d'un entretien avec le président béninois Thomas Boni Yayi, ajoutant par ailleurs que le groupe des pays «amis de la Syrie» serait réuni «début juillet» à Paris.

Berlin rompt également ses relations diplomatiques avec Damas. L'ambassadeur de Syrie en Allemagne a été convoqué mardi au ministère allemand des Affaires étrangères où son expulsion du territoire allemand lui sera signifiée, selon l'agence de presse allemande dpa. L'Australie a également annoncé l'expulsion de deux diplomates syriens.

Le ministère italien des Affaires étrangères a annoncé mardi avoir convoqué l'ambassadeur de Syrie à Rome pour le déclarer «persona non grata» et donc l'expulser en réaction aux «violences contre la population civile relevant de la responsabilité du gouvernement syrien».

Cette mesure, «coordonnée avec les autres partenaires européens», a été «étendue à plusieurs fonctionnaires de l'ambassade», a indiqué le ministère dans un communiqué.

L'Espagne a décidé mardi d'expulser l'ambassadeur de Syrie à Madrid en réponse à la «répression inacceptable exercée par le régime sur la population», a annoncé le ministère des Affaires étrangères.

L'Espagne a également décidé l'expulsion de quatre diplomates syriens en poste à Madrid, indique le ministère dans un communiqué, en adressant à Damas «son ferme rejet de la violence perpétrée contre la population civile» et en appelant le régime syrien à «saisir l'occasion offerte par le plan Annan».

Le Royaume-Uni a annoncé mardi l'expulsion du chargé d'affaires syrien à Londres, plus haut représentant du régime de Bachar al-Assad en l'absence d'ambassadeur, en signe de protestation après le massacre de Houla.

«Le chargé d'affaires est expulsé. Le secrétaire au Foreign Office (William Hague) donnera des détails sous peu», a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères.

Les États-Unis ont décidé mardi d'expulser le chargé d'affaires syrien à Washington «en réponse» au massacre survenu ce week-end, a annoncé dans un communiqué la porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland.

Zuheir Jabbour, le plus haut représentant syrien à Washington, a été informé mardi qu'il disposait de 72 heures pour quitter le pays, a précisé Mme Nuland.

«Nous avons pris cette décision en coordination avec des pays partenaires, l'Australie, le Canada, l'Espagne, le Royaume-Uni, l'Italie, la France et l'Allemagne», a-t-elle indiqué.

«Nous tenons le gouvernement syrien pour responsable» du massacre, «exemple le plus incontestable à ce jour des violations flagrantes du gouvernement syrien de ses obligations vis-à-vis du Conseil de sécurité de l'ONU», a déclaré la porte-parole.

«Nous encourageons tous les pays à condamner les actes du régime (du président syrien Bachar) al-Assad en prenant des mesures similaires», a dit Mme Nuland.

«J'ai eu une conversation hier (lundi) avec David Cameron, le premier ministre britannique. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a eu une discussion avec le secrétaire général des Nations Unies et nous avons convenu d'un certain nombre de pressions à exercer sur la Syrie», a affirmé M. Hollande.

Il a précisé que «parmi les décisions» prises, il y avait «l'expulsion de l'ambassadrice de Syrie en France» et qu'«aujourd'hui (mardi) ou demain, ça lui sera notifié».

«Elle est aussi ambassadrice auprès de l'UNESCO, ça aura donc des conséquences sur la rapidité d'exécution de cette décision», a-t-il ajouté.

Le chef de l'État a tenu à préciser qu'il s'agissait d'«une décision non pas unilatérale de la France, mais d'une décision concertée avec (ses) partenaires».

M. Hollande a également indiqué que «la réunion des amis de la Syrie devrait avoir lieu au début du mois de juillet». «Nous cherchons la date qui permettrait de réunir le plus de participants possibles», a-t-il ajouté.

«Nous sommes en discussion également avec la Russie qui joue un rôle et je m'en entretiendrai avec le président Poutine vendredi», a-t-il également affirmé.

Le président Hollande doit avoir un dîner de travail vendredi avec son homologue russe, à l'Élysée.

La majorité des 108 victimes du massacre de Houla (centre de la Syrie) ont été exécutées, selon les premiers résultats d'une enquête de l'ONU. Damas nie l'implication de ses troupes.

Laurent Fabius a déclaré mardi dans un entretien au Monde que le président syrien Bachar al-Assad était «l'assassin de son peuple» et devait «quitter le pouvoir», «le plus tôt sera le mieux», a-t-il ajouté.