Un attentat suicide à la voiture piégée a frappé pour la première fois samedi la ville de Deir Ezzor faisant neuf morts, dans une nouvelle escalade de la violence en Syrie face à laquelle la communauté internationale reste impuissante en raison de ses divisions.

Ailleurs dans le pays, la répression menée par les troupes du régime et les combats entre soldats et insurgés ont fait 23 morts --12 civils, quatre déserteurs et huit soldats-- malgré la présence des observateurs de l'ONU chargés de surveiller une trêve constamment violée, selon une ONG syrienne.

Face à ces violences qui ensanglantent le pays depuis l'éclatement de la révolte populaire en mars 2011, les grandes puissances n'arrivent pas à se mettre d'accord sur les moyens de résoudre la crise, même s'ils ont approuvé le plan de l'émissaire international Kofi Annan, instituant la trêve.

Au sommet des pays les plus industrialisés aux États-Unis, le président Barack Obama a réaffirmé que le G8 jugeait «préférables» «une résolution pacifique et une transition politique en Syrie», exprimant la «profonde inquiétude» du groupement face à la violence.

Mais la Russie, qui a bloqué jusqu'à présent toute condamnation à l'ONU du régime de Bachar al-Assad, son allié, continue de rejeter toute ingérence en Syrie.

Pour le conseiller du Kremlin, Mikhaïl Margelov, il «ne peut pas y avoir de changement de régime par la force». «Les Syriens doivent pouvoir régler leurs affaires eux-mêmes», a-t-il dit, se demandant «qui prendra le pouvoir si le régime actuel cède la place».

À New York, le nouveau ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a évoqué avec le patron de l'ONU Ban Ki-moon «la situation extrêmement grave en Syrie et ses conséquences préoccupantes» sur les pays voisins, selon l'ONU.

Mais entre temps, la violence continuait de plus belle.

À Deir Ezzor (est), un kamikaze a fait exploser le matin une voiture piégée chargée d'une tonne d'explosifs, selon la télévision d'État qui impute l'attentat à des «terroristes», comme elle le fait depuis le début de ces attaques.

«Les immeubles résidentiels et les installations publiques et privées près du site de l'attentat terroriste ont subi d'importants dégâts», a-t-elle ajouté en montrant des immeubles et des véhicules détruits, un grand cratère et des taches de sang.

Des observateurs de l'ONU se sont rendus sur les lieux de l'attaque qui s'est produite selon l'OSDH dans une rue abritant un siège des renseignements militaires et aériens et un hôpital militaire.

Le régime ne reconnaît pas la contestation et accuse l'opposition et la rébellion, assimilées à des «terroristes», de semer le chaos dans le pays.

L'opposition, qui ne veut rien moins que le départ du régime Assad, l'a de nouveau accusé d'être «entièrement responsable» de l'attentat à Deir Ezzor et de «tous les attentats criminels» en Syrie.

Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a estimé que le régime cherchait à «se venger» après avoir échoué à empêcher les Syriens de manifester vendredi par dizaines de milliers.

Plusieurs attentats meurtriers ont secoué Damas et Alep (nord), deuxième ville du pays, depuis le début de la contestation, la plupart ayant été revendiqués par des groupuscules obscurs, comme le Front al-Nosra. Le 10 mai, un double attentat avait fait 55 morts à Damas.

Les militants tentent désespérément de prendre à témoin les observateurs dont la tâche est encore compliquée par la multiplication des attentats.

Trois responsables de l'ONU, dont l'un de ses adjoints, se trouvent à Damas pour évoquer la mission d'observation. M. Annan doit se rendre «bientôt» en Syrie, selon son porte-parole.

En 14 mois, plus de 12.000 personnes ont été tuées en Syrie, en majorité des civils tués par les forces gouvernementales, selon l'OSDH.

En raison des divisions internationales, l'Union européenne et les États-Unis ont imposé unilatéralement des sanctions contre le régime syrien, qualifiées de «terrorisme économique» dans un rapport officiel syrien adressé au Conseil des droits de l'Homme et à l'ONU.

Dans ce contexte, le CNS a appelé les autorités libanaises à respecter les sanctions touchant le secteur bancaire syrien.

Enfin, les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Qatar ont appelé leurs ressortissants à éviter de se rendre au Liban, où des combats entre sunnites anti-Assad et alaouites pro-Assad ont fait dix morts depuis une semaine.