Une bombe a explosé mercredi au passage d'un convoi d'observateurs internationaux en Syrie et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé que cette attaque pourrait remettre en cause la mission onusienne dans le pays.

Les violences ont touché d'autres régions de Syrie, faisant onze morts, selon une ONG syrienne, qui viennent s'ajouter à la longue liste des violations du plan de paix de l'émissaire Kofi Annan. Celui-ci avait dit mardi sa «profonde inquiétude» de voir la Syrie «s'enfoncer dans une guerre civile totale».

L'explosion au passage du convoi de l'ONU, à bord duquel se trouvait le chef des observateurs, le général Norvégien Robert Mood, a eu lieu à l'entrée de Deraa, bastion de la contestation dans le Sud, selon un photographe de l'AFP.

«La charge a explosé après le passage des quatre véhicules de l'ONU», a-t-il précisé. Derrière ces véhicules se trouvaient ceux de l'armée syrienne et des journalistes, qui ont été «projetés en l'air». Dix soldats syriens ont été blessés.

Le général norvégien était accompagné de son porte-parole Neeraj Singh, mais tous deux sont sains et saufs. Les journalistes aussi sont sortis indemnes.

C'est la première fois qu'un convoi de l'ONU est visé depuis le déploiement des observateurs le 15 avril, pour y surveiller un cessez-le-feu instauré le 12 avril en application du plan Annan, mais continuellement ignoré.

«C'est un exemple concret de violence dont les Syriens n'ont pas besoin. Il est impératif que la violence sous toutes ses formes cesse», a affirmé le général Mood. «Actuellement, 70 observateurs sont en Syrie. Ils seront 100 dans les deux prochains jours», a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, M. Ban, qui a parlé au téléphone avec le général Mood, a affirmé que «de tels incidents, s'ajoutant aux violences continues (...) dans de nombreuses villes de Syrie, remettent en question l'engagement des parties envers la fin des violences et pourraient avoir une incidence directe sur l'avenir de la mission».

M. Ban a aussi déclaré devant l'assemblée générale de l'ONU qu'il craignait qu'une «guerre civile de grande envergure aux effets catastrophiques pour la Syrie et la région» n'éclate si les violences ne s'arrêtent pas. Les deux camps «doivent se rendre compte qu'il ne reste plus beaucoup de temps pour cesser les violences» et permettre une résolution politique du conflit, a-t-il averti.

Le Conseil national syrien, principale coalition de l'opposition, a accusé le régime de l'attaque en arguant que ce dernier voulait saboter la mission censée mettre un terme à près de 14 mois de violences. Celles-ci ont fait près de 12.000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Pour Samir Nachar, membre de ce Conseil, «avec ces explosions, le régime veut éloigner les observateurs», et «cherche à corroborer sa théorie sur la présence de terroristes et de salafistes en Syrie, ce qui est contraire à la réalité».

Le régime de Bachar al-Assad accuse depuis mars 2011 des «terroristes» de semer le chaos. L'agence officielle Sana a rapporté l'explosion sans la commenter.

Paris l'a condamnée en disant tenir le régime «pour responsable de la sécurité des observateurs».

Ailleurs en Syrie, des tirs ont été entendus à distance au moment de la visite d'observateurs à Hama (centre), selon des vidéos mises en ligne par des militants. Onze personnes dont 11 civils ont péri dans les violences dans plusieurs villes, selon l'OSDH.

M. Annan a admis mardi qu'il était «très difficile de convaincre» le régime et la rébellion de déposer les armes. De fait, la répression de la révolte qui s'est militarisée au fil des mois et les combats entre soldats et déserteurs ont fait plus de 800 morts depuis le 12 avril, selon l'OSDH.

M. Annan a averti que son plan -qui prévoit aussi le retrait de l'armée des villes et la libération des détenus- étant «sans doute la dernière chance d'éviter la guerre civile» et que sa mission «n'était pas illimitée dans le temps».

«Il y a toujours de sérieuses violations» commises tant par l'armée que par les rebelles, a-t-il dit.

La rébellion a réclamé des frappes internationales ponctuelles à l'instar des opérations de l'Otan en Libye et menacé de reprendre les attaques contre les troupes gouvernementales si celles-ci ne mettaient pas fin à la répression.