L'Université d'Alep, deuxième ville de Syrie, a annoncé la suspension provisoire des cours sur son site internet, à la suite de la mort de quatre étudiants abattus, selon des militants, par les forces de sécurité après une manifestation hostile au régime.

«Chers étudiants, vu les circonstances actuelles, les cours dans les facultés de sciences humaines seront suspendus jusqu'à la tenue des examens et ceux des facultés des sciences appliquées, jusqu'au 13 mai», indique le site.

Au moins quatre étudiants ont été tués et 200 autres arrêtés jeudi à l'aube dans la cité universitaire d'Alep (nord), avait auparavant rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Son président, Rami Abdel Rahmane, a estimé que si «Alep ne s'est pas encore révoltée contre le régime, l'importance de ces événements va pousser les habitants à se solidariser avec les étudiants».

Il a ajouté que les forces gouvernementales étaient «entrées en force, car la mobilisation s'est intensifiée ces derniers temps au sein et à l'extérieur des campus». Selon lui, «l'université a suspendu les cours, car ni la direction ni les forces de sécurité ne semblent en mesure de contrôler la situation».

«Des membres des forces de sécurité ont pénétré en grand nombre dans la cité universitaire durant la nuit après une manifestation d'étudiants réclamant la chute du régime et ont tiré» sur les étudiants, a affirmé de son côté à l'AFP Mohammad al-Halabi, porte-parole des militants sur place contacté via Skype.

Dans une vidéo filmée dans la nuit et postée jeudi, des tirs nourris et des cris sont entendus tandis que des dizaines d'hommes pénètrent dans l'enceinte du campus. L'étudiant filmant la scène affirme qu'il s'agit de membres de services de sécurité et de renseignements.

M. Halabi a ensuite rapporté que «les forces de sécurité ont pénétré dans les dortoirs dans la matinée, expulsé les étudiants et jeté leurs affaires, mettant le feu à certaines chambres».

Sur une autre vidéo, on voit un homme tentant d'éteindre un incendie qui a ravagé plusieurs chambres de la cité universitaire.

Une manifestation jeudi matin a également été dispersée à coups de gaz lacrymogène au sein de l'Université d'Alep, fortement mobilisée contre le régime ces derniers mois.

L'AFP n'est pas en mesure de vérifier ce bilan et ces informations en raison des restrictions drastiques imposées par les autorités aux médias.

Depuis le début de la contestation, plus de 11 100 personnes, en majorité des civils, ont péri dans les violences, selon l'OSDH, et des dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées selon des ONG.