Le général norvégien Robert Mood va prendre vendredi la tête de la Mission de supervision de l'ONU en Syrie (MISNUS) au moment où cette équipe d'observateurs militaires non armés monte en puissance, mais où le cessez-le-feu est de plus en plus précaire.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a proposé cette nomination au Conseil de sécurité dont aucun des 15 pays membres n'a soulevé d'objection, selon des diplomates. Le général Mood est déjà en route pour Damas et sa nomination doit être annoncée officiellement vendredi.

Robert Mood, 54 ans, avait négocié avec Damas le déploiement des 30 premiers observateurs chargés de surveiller le cessez-le-feu entré en vigueur le 12 avril.

Cette première équipe sera bientôt à effectif plein, a confirmé vendredi Ahmad Fawzi, porte-parole du médiateur Kofi Annan. Quinze observateurs se trouvent déjà sur place, dont certains à Homs et Hama (centre), principaux foyers de contestation du régime syrien et cibles de bombardements meurtriers.

La MISNUS va monter en puissance pour atteindre 100 observateurs d'ici un mois, sur les 300 prévus, selon le patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous.

Plusieurs pays, dont la France, ont critiqué la lenteur de ce déploiement. Mais les stratèges de l'ONU expliquent que déployer des observateurs non armés sans accord formel de cessez-le-feu entre les belligérants est une situation inédite et qu'il faut acheminer aussi le matériel nécessaire (40 véhicules blindés pour 100 hommes). La question de l'utilisation par la Mission d'avions ou d'hélicoptères pour se déplacer n'est toujours pas réglée avec le gouvernement syrien.

Celui-ci rechigne aussi à laisser entrer des observateurs de pays membres des Amis de la Syrie. Ce groupe, qui soutient l'opposition syrienne, rassemble des pays occidentaux et arabes dont les États-Unis, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Arabie saoudite ou le Qatar.

La nomination du général Mood intervient au moment où, malgré la présence des observateurs, le cessez-le-feu est régulièrement violé.

Devant cette situation qu'il a qualifiée d'«inacceptable», Ban Ki-moon a exigé jeudi du gouvernement syrien qu'il retire «sans délai» ses chars des villes syriennes où ils se trouvent encore en violation du plan de paix de Kofi Annan. L'Union européenne a elle aussi accusé vendredi Damas de ne pas tenir sa parole.

Sur place, le travail des observateurs commence à être contesté par les opposants syriens eux-mêmes, qui critiquent leur immobilisme. Lors d'une manifestation à Homs (centre) vendredi, un pancarte proclamait: «Est-ce une mission d'observation du cessez-le-feu ou une mission d'observation du feu?», selon une vidéo diffusée par l'opposition.

Le général Mood aura donc besoin de toute son expérience des opérations de maintien de la paix et du Proche-Orient. Entre 2009 et 2011, il était à la tête de l'Organisme des Nations unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST) au Moyen-Orient. Il a aussi servi deux fois au sein de la Force internationale de sécurité au Kosovo (KFOR) en 1991-2000 et 2002.