Pour la première fois depuis plus d'une semaine, le calme régnait samedi à Homs, dans le centre de la Syrie, où les bombardements et les combats ont cessé avant l'arrivée des observateurs des Nations unies qui ont visité notamment un quartier rebelle de la ville, théâtre de violences persistantes ces derniers jours.

À New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté dans la journée, à l'unanimité, une nouvelle résolution portant la mission d'observation à 300 membres.

Une vidéo diffusée par la chaîne d'information qatarie Al-Jazira montre trois observateurs, portant des gilets bleus et des casques, marchant au milieu de dizaines de personnes dans une rue du quartier rebelle de Jouret el-Shayah à Homs. Les passants scandent «le peuple veut une intervention militaire».

Un peu plus tôt, un responsable municipal avait précisé sous couvert d'anonymat que l'équipe d'observateurs avait rencontré le gouverneur de la région avant de partir pour une visite de Homs.

Une première équipe de sept observateurs est arrivée en Syrie à la fin du week-end dernier pour commencer à vérifier la trêve censée être entrée en vigueur le 12 avril. L'équipe s'est rendue dans plusieurs régions troublées, dans la province de Deraa (sud), berceau du mouvement de contestation contre le régime du président Bachar el-Assad. Les observateurs ont également visité certains faubourgs de Damas.

Mais leur visite à Homs, la troisième plus grande ville de Syrie, est particulièrement importante, car la ville et ses alentours font partie des régions les plus touchées par les violences qui ont fait plus de 9000 morts, selon l'ONU, depuis les premières manifestations à la mi-mars 2011.

Avant cette visite, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme avait rapporté qu'aucune violence n'était signalée pour l'heure en Syrie et que le calme était revenu à Homs, pour la première depuis plus d'une semaine. Un militant de la province, Salim Qabani, disait que les chars étaient en train de quitter les rues pour gagner une base de la police.

En dépit de la trêve, des violences ont été régulièrement signalées à Homs ces derniers jours, les forces du régime alaouite bombardant les quartiers rebelles, selon les militants, alors que des attaques des déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL) ont été signalées.

Malgré l'extrême fragilité du cessez-le-feu, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté samedi à l'unanimité de ses 15 membres une nouvelle résolution portant de 30 à 300 membres la mission d'observation dans le pays. La résolution 2043 donne latitude au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon pour décider de la date du déploiement des observateurs supplémentaires, en fonction des conditions sur le terrain, notamment «la consolidation du cessez-le-feu».

La Mission des Nations unies de supervision en Syrie (UNSMIS) comportera «jusqu'à 300 observateurs militaires non armés, ainsi qu'une composante civile appropriée». Ils seront déployés pour une période initiale de 90 jours.

La résolution appelle à un arrêt immédiat des violences et la mise en oeuvre du plan de sortie de crise en six points élaboré par l'émissaire par l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan. Le texte constitue un compromis entre deux versions concurrentes proposées par la Russie, le plus fidèle allié de la Syrie, et les membres européens du Conseil.

Les Européens voulaient inclure dans le texte la menace de sanctions non militaires si Damas ne retirait pas ses troupes et équipements lourds des villes, comme le régime d'Assad s'était engagé à le faire dans le cadre du plan Annan. Mais la Russie et la Chine s'opposant farouchement à des sanctions contre Damas, cette disposition a dû être retirée.

Le texte final reprend ainsi la formulation utilisée dans la résolution adoptée samedi dernier autorisant l'envoi d'une avant-garde de 30 observateurs en Syrie. Elle exprime l'intention du Conseil de sécurité de surveiller la mise en oeuvre de la nouvelle résolution et d'«envisager des mesures supplémentaires».

Selon l'ambassadeur de France auprès de l'ONU, Gérard Araud, le Conseil de sécurité souhaitait que la mission soit déployée aussi vite que possible en Syrie, «mais en même temps, nous devons prendre en compte le danger pour les observateurs, et c'est pourquoi le secrétaire général devra évaluer la situation sur le terrain».

Les observateurs de l'ONU «doivent maintenant être déployés rapidement et sans entrave. Les autorités syriennes ont l'obligation d'assurer une liberté totale de mouvement pour la mission», qui «doit disposer de tous les moyens nécessaires à l'accomplissement de son mandat», a souligné samedi à Paris le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé.

«Si l'on devait constater une nouvelle fois que le régime syrien ne respectait pas ses obligations, le Conseil de Sécurité devra examiner, dans les plus brefs délais, toutes les options envisageables (...) C'est (...) à l'unanimité que nous devrons constater, le cas échéant, d'éventuelles violations et en tirer toutes les conséquences», a-t-il déclaré dans un communiqué.