Le gouvernement syrien a dit accepter le plan en six points de Kofi Annan pour mettre fin aux violences en Syrie, alors même que l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe confiait à Pékin avoir «besoin de l'aide de la Chine» pour progresser dans sa «tâche ardue».

«Le gouvernement syrien a écrit à l'envoyé spécial conjoint Kofi Annan pour accepter son plan en six points, approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies», a indiqué le porte-parole de M. Annan, Ahmad Fawzi, dans une déclaration écrite.

M. Annan selon lui considère cette décision comme une «étape initiale importante» pour mettre fin aux violences qui continuent à faire rage en Syrie, avec un bilan de plus de 9100 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

«M. Annan a écrit au président (syrien Bachar al-) Assad pour exhorter le gouvernement syrien à mettre immédiatement en vigueur ses engagements», a ajouté M. Fawzi.

Pour M. Annan, a spécifié son porte-parole, la décision de Damas devrait permettre de répondre aux «souffrances» et «créer un environnement propice à un dialogue politique qui répondrait aux aspirations légitimes du peuple syrien».

Le plan Annan, approuvé le 21 mars par le Conseil de sécurité, préconise notamment la cessation de toutes formes de violence armée par toutes les parties sous supervision de l'ONU, la fourniture d'aide humanitaire à toutes les zones affectées par les combats et la libération des personnes détenues arbitrairement.

Cette annonce est intervenue alors que l'ancien secrétaire général de l'ONU se trouvait à Pékin.

Kofi Annan a été reçu par le premier ministre chinois Wen Jiabao, qui lui a témoigné sa «confiance» en lui promettant l'appui du gouvernement chinois pour sa «médiation».

«Je ne peux pas faire ce travail tout seul, j'ai besoin d'aide et de soutien, et de soutien et de conseils de pays comme le vôtre et c'est pourquoi je suis ici» dans la capitale chinoise, a déclaré M. Annan au Grand palais du peuple de la capitale chinoise.

Le chef du gouvernement chinois a pour sa part estimé que la déclaration de l'ONU appelant à la fin des violences, votée par Moscou et Pékin, reflétait «le niveau élevé d'inquiétude et l'important consensus auquel est parvenue la communauté internationale sur la question syrienne».

M. Annan est venu à Pékin juste après s'être rendu à Moscou, l'autre poids lourd accusé par les pays occidentaux de soutenir le président Assad, responsable d'une sanglante répression du soulèvement populaire contre son régime.

La Russie et la Chine, fidèles alliés de Damas, avaient bloqué deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en Syrie.

Mais Moscou et Pékin avaient par la suite voté une déclaration (forme moins contraignante que la résolution) à l'ONU appelant à la fin des violences, exhortant Bachar al-Assad et ses opposants à «appliquer immédiatement» le plan Annan.

Le président russe Dmitri Medvedev a jugé que les propositions en six points de Kofi Annan pour la Syrie étaient «la dernière chance» pour y éviter une «guerre civile prolongée» et a promis à l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe de lui apporter «toute l'aide» possible.

Le président américain Barack Obama a aussi exprimé son appui aux efforts de Kofi Annan. La Chine, de son côté, n'a eu de cesse de répéter ces derniers jours qu'elle aussi soutenait la mission de M. Annan.

«Le gouvernement chinois soutient vos efforts de médiation en tant qu'envoyé spécial», a ainsi confirmé mardi M. Wen.

Sur place en Syrie, des combats entre soldats des forces régulières et déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL) ont fait rage dans la nuit de lundi à mardi, entraînant la mort d'au moins neuf personnes, dont cinq civils, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Bachar al-Assad se trouvait mardi à Homs (centre) et s'est rendu dans le quartier de Baba Amr, un bastion rebelle assiégé et pilonné pendant des semaines avant d'être repris le 1er mars par l'armée, a rapporté la télévision publique.

Au même moment, plusieurs centaines d'opposants syriens étaient réunis mardi à Istanbul pour envisager l'après-Bachar al-Assad et discuter des propositions du Conseil national Syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, pour bâtir une «république démocratique».