Des dizaines de milliers de Syriens ont manifesté contre le régime vendredi, notamment en soutien à la capitale Damas gagnée par les violences, tandis que les troupes poursuivaient leur pilonnage de plusieurs villes et combattaient les rebelles, selon des militants.

Dans la capitale et sa banlieue, ainsi que dans d'autres villes, les forces de sécurité ont tiré pour disperser les défilés, faisant plusieurs blessés, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

À Maaret al-Noomane, ainsi que dans de nombreuses villes de la province d'Idlib (nord-ouest), des manifestations massives ont eu lieu réclamant notamment le jugement des dignitaires du régime qui réprime dans le sang la contestation depuis un an, a précisé l'ONG.

Dans la province de Hama (centre), les forces de l'ordre ont aussi tiré sur des manifestants, tandis qu'un soldat a été tué par des déserteurs, a-t-elle ajouté.

Des vidéos de militants ont montré des manifestations dans la province de Deraa (sud) ainsi que dans les régions kurdes du Nord-est.

Certains manifestants réclamaient l'armement des déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL), d'autres scandaient «Ce sont tes derniers jours Bachar» al-Assad, le président syrien qualifié de «tueurs d'enfants».

Des militants ont fait état de rassemblements d'une «ampleur sans précédent» ainsi que d'un déploiement militaire «inédit», notamment à Alep, centre économique et commercial du pays longtemps peu touché par la contestation et désormais gagné par d'imposantes manifestations.

Au total, 15 personnes ont péri, dont sept soldats, un déserteur et sept civils en Syrie, selon un bilan provisoire de l'OSDH. La veille, 62 personnes en majorité des civils y ont été tuées, a indiqué l'ONG.

De violents combats opposent depuis jeudi soldats et déserteurs à Aazaz, dans la province d'Alep (nord) près de la frontière turque, «également bombardée et survolée par des hélicoptères de l'armée», a affirmé à l'AFP Mohammad al-Halabi, un militant.

Trois soldats, un déserteur et un civil y ont péri, selon l'OSDH.

Aazaz, 75 000 habitants, est la plus grande ville de cette province après la ville même d'Alep. À 50 kilomètres au nord d'Alep, elle est un enjeu stratégique, car de nombreux civils blessés dans la répression ainsi que des déserteurs y transitent pour gagner la Turquie.

Par ailleurs, l'armée bombardait plusieurs quartiers de Homs (centre), tuant cinq civils, tandis qu'un autre a péri dans la ville proche de Rastane, a affirmé l'OSDH.

À Sarmine, dans la province d'Idlib, les autorités ont tué «plusieurs terroristes armés», a rapporté l'agence officielle Sana, tandis que l'ASL affirme défendre cette ville bombardée et assaillie par les forces du régime.

Comme tous les vendredis depuis le début de la contestation, les militants avaient appelé à manifester, cette semaine sous le slogan: «Damas, nous arrivons». La capitale et sa région sont depuis quelques jours le théâtre chaque nuit d'affrontements entre soldats et dissidents.