De violents combats ont opposé lundi avant l'aube des soldats et des déserteurs à Mazzé, important quartier résidentiel de Damas abritant des sièges des services de renseignements et des ambassades, faisant des morts et des blessés, selon la télévision d'État et une ONG syrienne.

« Une opération menée par un groupe de six à dix déserteurs a tué deux soldats et en a blessé 16 autres », a affirmé Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

En outre, « quatre déserteurs ont été tués et les autres ont été blessés ou arrêtés », a-t-il précisé, estimant qu'« il s'agit des combats les plus importants et les plus proches des centres de sécurité à Damas depuis le début de la révolte » le 15 mars 2011.

De son côté, la télévision officielle Al-Ikhbariya a indiqué que « trois terroristes avaient été tués et un quatrième a été arrêté dans des affrontements qui ont opposé les forces de l'ordre à un gang terroriste armé qui s'était abrité dans une maison du quartier résidentiel ».

Toujours selon la chaîne, un membre des forces de l'ordre a été tué et trois autres ont été blessés.

La maison « a subi d'importants dégâts, car ce groupe a fait usage de grenades, de roquettes RPG et de mitrailleuses contre les forces de l'ordre », a indiqué la télévision. Le régime syrien qualifie les rebelles et les opposants de « gangs terroristes ».

L'OSDH a affirmé que les combats avaient duré trois heures, après que les déserteurs ont tiré des roquettes RPG sur la résidence d'un officier de l'armée.

« Des échanges de tirs et des explosions ont été entendus à Mazzé » (ouest), apparemment lors d'une opération de l'Armée syrienne libre (ASL, regroupant les militaires dissidents), avait auparavant affirmé Mourtada Rachid, un militant sur place.

Les affrontements ont duré quelques heures.

« Nous avons eu très très peur, mais maintenant les routes ont été rouvertes et les magasins ont levé leur rideau », a déclaré à l'AFP une habitante.

Selon M. Rachid, des ambulances se sont rendues « sirènes éteintes » à Mazzé, où sont situés notamment les ambassades de Grèce et d'Iran ainsi que des bâtiments gouvernementaux, dont le commandement des renseignements aériens et une branche de la Sécurité militaire.

Des tirs ont également été entendus à proximité du quartier de Qaboun, dans l'est de Damas.

« A 3h (21h dimanche, heure de Montréal), des tirs et des explosions ont été entendus, notamment de roquettes RPG », a dit un autre militant, ajoutant que les tirs avaient duré « 10 minutes, avant de s'interrompre et de reprendre à nouveau ».

Situé à un kilomètre seulement du Palais présidentiel qui le surplombe, ce quartier d'affaires chic est également proche de la célèbre place des Omeyyades, des locaux de la télévision publique, de la Bibliothèque Assad, du siège de l'état-major et d'importants quartiers généraux des renseignements.

« Ces opérations à Damas visent à alléger la pression sur les autres régions » proches en proie à des opérations sécuritaires de l'armée qui cherche à réprimer la révolte, a expliqué M. Rachid.

Au début des affrontements à Mazzé, l'armée, déployée en province, a ainsi été rappelée dans la capitale, selon lui. « Ces combats forcent en outre le régime à laisser la garde républicaine à Damas », a-t-il ajouté.

Samedi, deux attaques, attribuées par les autorités à des « terroristes », avaient fait 27 morts et plus d'une centaine de blessés à Damas, selon le ministère de l'Intérieur.