La responsable des opérations humanitaires de l'ONU est arrivée mercredi en Syrie où elle a pu visiter des quartiers de Homs «totalement dévastés» alors que les violences se sont poursuivies à travers le pays, plusieurs morts ayant été signalés dans la province d'Idleb (nord-ouest).

Précédant de trois jours l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan, Valerie Amos a rencontré des responsables syriens et s'est rendue dans la ville de Homs (centre).

Elle a pu entrer brièvement dans le quartier de Baba Amr, assiégé et pilonné par l'artillerie pendant un mois avant que les forces gouvernementales ne le reprennent le 1er mars.

La responsable de l'ONU a tenté de se rendre dans des quartiers tenus par l'opposition armée mais «n'a pas été en mesure de le faire» pour des raisons de sécurité, selon sa porte-parole Amanda Pitt.

Le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem lui avait pourtant «confirmé qu'elle pourrait se rendre là où elle voudrait», a souligné la porte-parole de Mme Amos, venue en Syrie pour obtenir un accès humanitaire «sans entrave» aux populations touchées par les violences.

Au cours de ce déplacement de près d'une heure, Mme Amos et les personnes qui l'accompagnaient «ont entendu des coups de feu». «Les parties (de la ville) qu'ils ont vues étaient totalement dévastées», a expliqué Amanda Pitt.

Symbole de la contestation jusqu'à sa chute, Baba Amr était quasi désert, ses habitants ayant fui les combats, a constaté le Croissant rouge, qui accompagnait Mme Amos.

Les bombardements y ont fait quelque 700 morts et des milliers de blessés, selon l'ONG Human Rights Watch. Des tirs de roquettes ont été signalés dans d'autres quartiers de Homs mercredi par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Damas interdisait jusque-là l'accès de Baba Amr aux humanitaires, mettant en avant des raisons de sécurité, en particulier la présence de bombes et de mines.

Mais selon Hadi Abdallah, militant à Homs de la Commission générale de la révolution syrienne, les autorités cherchaient en fait à «enterrer et brûler les cadavres et effacer les traces» de leurs crimes afin que la Croix-Rouge «ne s'aperçoive de rien».

La presse syrienne a fait état de la découverte de plusieurs corps d'étrangers à Baba Amr, dont un Européen accusé d'avoir aidé les rebelles.

Entre-temps, la répression a fait mercredi de nouvelles victimes, à Homs même et dans sa province, dans les provinces d'Alep (nord), d'Idleb et de Deraa (sud). Au moins 19 personnes, dont 13 civils et 6 déserteurs, ont été tuées par l'armée syrienne, a rapporté l'OSDH.

Et selon le Conseil national syrien (CNS) --la plus importante coalition de l'opposition--, qui redoute une «réédition du massacre» de Baba Amr, «42 chars et 131 véhicules de transport de troupes» se dirigent vers Saraqeb, dans la province d'Idleb, et «des colonnes militaires se dirigeaient vers la ville d'Idleb» mercredi.

Selon un nouveau bilan de l'OSDH, les violences ont fait 8458 morts, en majorité des civils, depuis le début de la révolte il y a près d'un an.

Alors que de plus en plus de militants réclament au moins une zone d'exclusion aérienne, le président américain Barack Obama a exclu «de lancer, comme certains l'ont suggéré, une action militaire unilatérale ou de croire qu'existe une solution simple».

«Ce qui se passe en Syrie est bouleversant et scandaleux», a-t-il jugé.

Washington pourrait néanmoins fournir une aide non militaire aux rebelles, comme des moyens de communication, comme l'a affirmé mercredi le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta.

L'Egypte a mis en garde contre une possible guerre civile si des armes étaient fournies à l'opposition qui les réclame.

De son côté, la Russie, comme l'a fait la Chine la semaine dernière, a appelé Damas et les rebelles à mettre «immédiatement» fin aux violences et à faciliter l'arrivée de l'aide humanitaire. La Russie comme la Chine ont bloqué à deux reprises des résolutions de l'ONU condamnant la répression en Syrie.

Un émissaire chinois, Li Huaxin, s'est rendu à Damas pour présenter des propositions de Pékin visant à résoudre la crise.

D'autre part, le président tunisien Moncef Marzouki a répété qu'il était prêt à accorder l'asile au président Bachar al-Assad, après le refus russe de l'accueillir, en vue d'«arrêter les massacres» eu Syrie.

En attendant, la situation humanitaire devient de plus en plus préoccupante, la nourriture et les médicaments se raréfient. Des milliers de Syriens continuent de fuir: environ 2000 sont arrivés au Liban depuis ce week-end, d'après le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).

Plus de 25 000 réfugiés sont actuellement recensés par l'ONU dans les pays voisins de la Syrie, et les violences ont déplacé entre 100 000 et 200 000 personnes à l'intérieur du pays.