Le président Bachar al-Assad a déclaré mardi qu'il allait «coopérer» à tout effort pour la stabilité de la Syrie et «promis» à son allié russe de faire cesser les violences, au moment où la pression internationale se faisait de plus en plus forte sur Damas.

Parallèlement, les tirs d'artillerie se sont poursuivis toute la journée mardi à Homs, faisant au moins 15 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Il y a jusqu'à quatre explosions toutes les cinq minutes», a déclaré Abou Rami, un opposant joint à Homs par l'AFP depuis Beyrouth. «La situation humanitaire est catastrophique», a-t-il ajouté.

Sur le plan diplomatique, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, cité par les agences russes, a été accueilli en héros à Damas avant de déclarer à l'issue d'entretiens avec M. Assad dans la capitale syrienne avair eu «une rencontre très utile».

Le président syrien nous a notamment assuré qu'il s'était entièrement engagé à faire cesser les violences d'où qu'elles viennent», a-t-il dit.

«Il est clair que les efforts pour faire cesser les violences doivent être accompagnés d'un dialogue entre toutes les forces politiques», a-t-il poursuivi. «Aujourd'hui, le président syrien a confirmé sa bonne volonté de contribuer à ce processus».

Selon M. Lavrov, le président Assad a «confirmé qu'il était prêt à envoyer une délégation officielle syrienne à une rencontre intersyrienne à Moscou».

Le président Assad a réitéré «la détermination de la Syrie à coopérer à tout effort pour renforcer la stabilité dans le pays», selon l'agence officielle syrienne Sana.

Mais Washington a fait part de son «scepticisme» vis-à-vis de ces promesses et appelé Damas à mettre immédiatement fin aux violences.

Sans aller aussi loin que les États-Unis qui ont annoncé la fermeture de leur ambassade en Syrie pour raisons de sécurité, la Belgique, le Royaume-Uni, suivis mardi de l'Espagne, de la France, de l'Italie et des Pays-Bas, ont annoncé le rappel de leurs ambassadeurs pour «consultations».

Les monarchies du Golfe ont décidé d'expulser les ambassadeurs de Syrie dans leurs six pays et de retirer les leurs de Damas, alors que les Emirats arabes unis ont annoncé l'envoi «d'une aide humanitaire urgente» aux déplacés Syriens dans les pays voisins.

La Maison Blanche a également affirmé «réfléchir à la possibilité» de fournir une aide humanitaire aux Syriens.

Le sénateur républicain John McCain a appelé à envisager d'armer l'opposition alors que l'élu démocrate John Kerry a appelé la Russie et la Chine, qui ont opposé leur veto au projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression, à soutenir l'action de l'ONU contre le régime de Bachar al-Assad.

En Egypte, le Parlement a exhorté le gouvernement à dénoncer la répression et décidé de geler ses relations avec le Parlement syrien.

La Turquie a annoncé pour sa part le lancement prochain d'une «nouvelle initiative» internationale après le blocage à l'ONU.

A Damas, M. Lavrov a confirmé la «bonne volonté» de la Russie «de contribuer à une sortie de crise sur la base de l'initiative proposée par la Ligue arabe», selon les agences de presse russes.

Il n'a toutefois pas précisé s'il se référait à la proposition arabe de novembre dernier appelant à la fin des violences et à une mission d'observateurs --aujourd'hui suspendue-- ou au dernier plan en date qui propose notamment un transfert des pouvoirs du président au vice-président.

Selon l'agence Sana, le président Assad fait référence au premier plan de la Ligue arabe.

D'autre part, le ministre russe a affirmé que M. Assad allait bientôt annoncer la date du référendum sur une nouvelle Constitution.

Des milliers de Syriens ont acclamé M. Lavrov à son arrivée mardi à Damas pour «remercier» Moscou d'avoir opposé son veto au projet de résolution.

Dans les villes «rebelles», notamment à Homs (centre), le sang a continué de couler au lendemain d'une journée particulièrement meurtrière avec près de 100 morts dans le pays.

Au moins 23 civils ont été tués mardi, dont 15 à Homs dans des bombardements des forces du régime, selon l'OSDH. En outre, quatre agents de la sécurité ont été tués dans l'explosion d'un engin piégé à Nawa (région de Deraa, sud) que les forces gouvernementales ont ensuite pris d'assaut.

«Les produits alimentaires ne parviennent pas aux zones assiégées» par l'armée, a affirmé à l'AFP Ahmad al-Qassir, porte-parole du «Conseil de la Révolution», une organisation de militants à Homs.

Le ministère de l'Intérieur a affirmé que les opérations se poursuivraient «jusqu'à ce que la sécurité et l'ordre soient rétablis» et que «toute personne armée qui terrorise les citoyens et met leur vie en péril soit vaincue».

Samedi déjà, le régime avait nié tout bombardement sur Homs et imputé les violences à des «groupes armés», comme il le fait depuis le début de la révolte.

Le Conseil national syrien (CNS) et l'Armée syrienne libre (ASL) ont appelé les hommes d'affaires syriens et arabes à financer les opérations des rebelles.

Le CNS est la principale formation de l'opposition et l'ASL, qui revendique quelque 40 000 combattants, mène des opérations contre les forces du régime.

La répression de la révolte a fait depuis la mi-mars plus de 6000 morts en Syrie, selon des militants.

Au moins 400 enfants ont été tués durant la même période, a indiqué le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).

«Omar le Syrien», un journaliste militant qui collaborait avec l'Agence France-Presse (AFP), a été tué dans la nuit de vendredi à samedi dans des bombardements à Homs, a rapporté mardi l'un de ses proches.