La nouvelle offensive de l'armée syrienne, qui a fait au moins 69 morts et des dizaines de blessés selon des opposants au régime Assad, soulève une fois de plus l'indignation. Les États-Unis ont fermé leur ambassade à Damas et Londres a rappelé son ambassadeur pour consultations.

Washington ferme son ambassade en Syrie

Cette nouvelle offensive démentie encore une fois par le régime survient  à la veille d'une visite à Damas du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, dont le pays a opposé samedi, avec la Chine, son veto contre une résolution de l'ONU condamnant la répression en Syrie.

Au moins 69 personnes, en majorité des civils, ont été tuées lundi notamment dans le bombardement de Homs par le régime qui prenait également d'assaut Zabadani, près de Damas, selon des militants.

À Homs, haut lieu de la contestation, au moins 42 civils ont été tués et des dizaines ont été blessés, selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien de droits de l'Homme (OSDH) à la suite d'un bombardement d'une violence inédite.

Le régime a pour sa part accusé «des gangs terroristes» d'être derrière ces violences.

Le bombardement, qui a débuté à l'aube, a visé notamment les quartiers de Khaldiyé, Baba Amro, Inchaat et Bab Sbaa, selon l'OSDH basé en Grande-Bretagne.

Dans la province de Homs, à Rastan, dix personnes ont été tuées par un bombardement des forces du régime. Deux autres personnes ont été également tuées dans cette province, une à Qousseir, l'autre à Houla.

Par ailleurs, des centaines de blindés de l'armée syrienne prenaient d'assaut lundi la ville de Zabadani, au nord-ouest de Damas, «parallèlement à des tirs nourris et des bombardements de chars», a rapporté l'OSDH, qui fait état également d'un assaut sur la localité de Daraya, également près de la capitale.

L'Observatoire indique que trois personnes ont été tuées et des dizaines ont été blessées dans la localité de Madaya, près de Zabadani, à la suite de «violents bombardements» lundi matin.

Dans la province d'Idleb (nord-ouest), six personnes ont été tuées: deux femmes et un enfant ont péri après la chute d'une roquette sur un champ agricole, un homme par les tirs d'un sniper dans la ville d'Idleb et à Maaret al-Nooman, deux militants ont été tués par les tirs des forces de sécurité en tentant d'organiser une manifestation en face de chars de l'armée syrienne, selon l'Observatoire.

À Sarghaya, dans la région de Damas, deux civils dont un enfant ont été tués par des tirs contre le véhicule où ils circulaient. Et à Alep (nord), un civil de 45 ans a été tué par des tirs des forces de sécurité sur un bus aux abords de la ville, selon la même source.

D'autre part, des «groupes terroristes ont attaqué un barrage de l'armée dans la localité de Bara (province d'Idleb, dans le nord-ouest), tuant trois officiers, selon l'agence officielle Sana, précisant que «plusieurs soldats» avaient été enlevés.

En outre, «une explosion a provoqué la mort de plusieurs terroristes qui préparaient des bombes artisanales dans un immeuble» du quartier de Khaldiyé à Homs, selon la télévision publique.

La télévision syrienne a fait état également de «plusieurs civils et militaires tués à Rastane et Baba Amro par les tirs des groupes terroristes armés».

«Les autorités ont pris d'assaut (...) une cachette de groupes armés dans les vergers de Douma (nord-est de Damas) et ont tué et arrêté plusieurs terroristes», indiqué également Sana, citant des sources officielles.

«Des bombes, des armes dont certaines sont de fabrication israélienne, des des appareils de communication satellitaires Thuraya (...) ainsi que des 'grades' (militaires) pour induire en erreur ont été saisis», ajoute Sana.

Balais diplomatique sous pression

Le CNS a exhorté «la communauté internationale à agir vite (...) pour empêcher un nouveau massacre dans cette ville sinistrée et protéger les civils syriens d'une guerre d'extermination sous couvert du silence et de la complicité» de ceux qui ont fait barrage à la résolution de l'ONU.

La Russie et à la Chine ont opposé leur veto samedi, le deuxième depuis le début de la révolte, à un projet de résolution présenté par l'Occident et les Arabes, condamnant la répression en Syrie.

Ce veto survenu quelques heures après un terrible bombardement à Homs, a provoqué l'indignation de nombreux pays.

Mais la Russie, alliée de Damas, a contre-attaqué lundi, M. Lavrov dénonçant la réaction «indécente et hystérique» de l'Occident, et expliqué avoir opposé son veto parce que la résolution ne mentionnait pas la nécessité pour l'opposition de se distancer «des extrémistes armés».

En annonçant la visite mardi à Damas de M. Lavrov, Moscou a déclaré avoir «l'intention de faire tout son possible pour une stabilisation rapide» en Syrie et plaidé pour la mise en place rapide des «réformes démocratiques indispensables», même si l'opposition réclame avant tout un départ de M. Assad.

Après l'échec des efforts diplomatiques à l'ONU, les États-Unis et l'Union européenne ont annoncé leur volonté de renforcer les sanctions contre Damas.

Après Washington, Londres, qui a rappelé son ambassadeur à Damas, a dit réfléchir à «d'autres moyens de faire pression» sur le régime syrien.

Les États-Unis ont fermé leur ambassade à Damas, confiant à la Pologne la tâche de les représenter en Syrie, mais le président américain a plaidé contre une intervention militaire à la crise.

«Il est important de résoudre (la crise) sans recourir à une intervention militaire extérieure et je pense que c'est possible», a déclaré Barack Obama dans un entretien à la chaîne NBC.

Le CNS a appelé ceux qui soutiennent la révolution syrienne à encercler les ambassades de Syrie à travers le monde. Une manifestation a eu lieu à Alger où un imposant dispositif de sécurité a maintenu les protestataires à distance de l'ambassade syrienne.

Un général syrien réfugié en Turquie, le plus haut gradé à avoir fait défection, a annoncé avoir crée un «Conseil militaire révolutionnaire supérieur» -- une initiative rejetée par l'Armée syrienne libre (ASL), qui revendique quelque 40 000 déserteurs et mène des opérations contre les forces du régime.