Les Occidentaux sont «déterminés à voter aujourd'hui» au Conseil de sécurité de l'ONU sur une résolution condamnant la répression en Syrie, a déclaré l'ambassadeur français Gérard Araud à la presse à son entrée dans la salle du Conseil.

«Nous sommes déterminés à voter aujourd'hui», a déclaré M. Araud. Évoquant le projet de résolution sur la table du Conseil, il a ajouté : «C'est une résolution qui soutient le plan de paix de la Ligue arabe, rien de plus, rien de moins». «Nous n'allons pas nous en écarter et nous votons aujourd'hui», a-t-il affirmé.

L'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant a de son côté déclaré : «nous espérons un vote aujourd'hui». Selon des diplomates, la Russie pousse pour sa part à un report du vote.

L'ambassadrice américaine Susan Rice a affirmé que des modifications de dernière minute que les Russes voulaient apporter au texte, étaient «inacceptables».

Les ambassadeurs ont désormais des «discussions informelles» avant d'éventuelles consultations formelles qui pourraient mener à un vote, selon des diplomates.

Plus tôt dans la journée, le ministre russe des affaires étrangères Serguei Lavrov a déclaré que le projet de résolution ne convenait «absolument pas» à la Russie et que le soumettre samedi au Conseil provoquerait un «scandale».

Moscou a aussi annoncé que M. Lavrov allait se rendre mardi à Damas pour rencontrer le président syrien Bachar Al-Assad afin de «trouver une issue politique au conflit».

Malgré dix mois de violences qui ont fait au moins 6.000 morts selon les militants, le Conseil a été incapable jusqu'ici d'adopter une résolution sur la Syrie. Un précédent texte avait été bloqué en octobre dernier par un veto russe et chinois.

Le projet de résolution que les ambassadeurs des 15 pays avaient mis au point jeudi afin de le soumettre au vote «soutient pleinement» les décisions prises par la Ligue arabe en janvier pour assurer une transition vers la démocratie en Syrie. Mais les modalités, en particulier le transfert des pouvoirs du président syrien Bachar al-Assad à son vice-président, ont été laissées de côté pour ne pas heurter Moscou.

Le texte contient d'autres concessions à la Russie: il n'évoque pas des sanctions économiques ni les ventes d'armes russes à Damas et souligne qu'il faut résoudre la crise en Syrie «de manière pacifique», afin de dissiper toute analogie avec l'affaire libyenne.

Le texte «condamne toute violence d'où qu'elle émane», pouvoir ou opposition. Il «dénonce les violations continues, flagrantes et étendues des droits de l'homme» par les autorités syriennes.

Selon des diplomates, la Russie a tenté dans les dernières heures d'affaiblir encore la portée de ce texte par des modifications de vocabulaire,  en minimisant les exactions du régime syrien ou le soutien du Conseil aux décisions de la Ligue arabe. Les Occidentaux et les pays arabes promoteurs de la résolution ont refusé.

Le président américain Barack Obama a accusé samedi le président syrien Bachar al-Assad d'avoir «assassiné des civils» dans les «attaques abominables» qui ont eu lieu dans la ville de Homs vendredi soir, lui demandant de quitter le pouvoir.

Selon l'opposition syrienne, plus de 230 civils ont été tués dans la nuit de vendredi à samedi par des bombardements des forces gouvernementales à Homs. Si ces informations étaient confirmées, il s'agirait de la journée la plus meurtrière depuis le début de la révolte contre le pouvoir du président Assad en mars 2011.

Les autorités syriennes ont démenti avoir bombardé Homs, imputant les violences dans cette ville à des «groupes armés».