Le président syrien Bachar al-Assad a assuré mercredi devant des dizaines de milliers de partisans rassemblés au coeur de Damas qu'il triompherait du «complot» visant selon lui son régime, contesté depuis dix mois par une révolte réprimée dans le sang.

Ce discours intervient alors qu'un membre démissionnaire de la mission de la Ligue arabe, sur le terrain pour rendre compte de la situation, a accusé le régime de «mises en scène» et de commettre des «crimes en série».

M. Assad, détendu, le col de la chemise ouvert, s'est adressé pendant quelques minutes à la foule de manifestants pro-régime agitant des drapeaux syriens sur la place des Omeyyades à Damas et venus, selon la télévision officielle, soutenir les réformes annoncées la veille.

«Je suis venu pour puiser la force auprès de vous. Grâce à vous, je n'ai jamais ressenti la faiblesse», a lancé M. Assad du haut d'une tribune. «Nous allons triompher sans aucun doute du complot. Leur complot approche de sa fin, qui sera la leur aussi», a-t-il ajouté.

Ce gigantesque rassemblement entrait dans le cadre de manifestations d'appui au régime organisées «dans plusieurs localités et villes syriennes», selon le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. «Il a été demandé aux fonctionnaires gouvernementaux de participer à ces défilés. À Deraa (sud), les soldats défilent en civil», a-t-il affirmé à l'AFP.

Mardi, M. Assad avait prononcé un discours télévisé dans lequel il avait accusé des pays étrangers de «comploter» contre la Syrie et réaffirmé faire du rétablissement de la sécurité «la priorité absolue», promettant de frapper les «terroristes» d'une main de fer.

Depuis la mi-mars, la Syrie est en proie à une révolte réprimée dans le sang, mais le régime n'en reconnaît pas l'ampleur et attribue les troubles à des «bandes terroristes armées» manipulées par l'étranger.

La répression de la révolte a fait, selon une estimation de l'ONU, plus de 5000 morts.

Mercredi, quatre civils ont été tués par les forces du régime à Hama (centre) où des affrontements opposaient l'armée régulière à des déserteurs, a rapporté l'OSDH. Un autre a été tué à Homs (centre).

La veille, 22 civils avaient péri dans la répression. Parmi les victimes, figurait un nourrisson qui avait disparu deux jours auparavant avec ses parents, et dont le corps a été retrouvé dans un quartier de Homs, selon l'OSDH et les Comités locaux de coordination (LCC).

Ces violences interviennent malgré la présence depuis le 26 décembre d'observateurs de la Ligue arabe chargés de rendre compte de la situation.

Leur mission est de plus en plus critiquée par l'opposition pour son inefficacité à faire cesser les violences, avec 400 morts recensés par l'ONU depuis leur arrivée.

M. Assad, qui avait succédé en 2000 à son père Hafez al-Assad, avait promis mardi des réformes et annoncé notamment un référendum début mars pour une nouvelle Constitution.

À Istanbul, le Conseil national syrien (CNS), regroupant la majorité de l'opposition, a affirmé avoir vu dans ce discours «de l'incitation à la violence, à la guerre civile, des propos sur la division confessionnelle que le régime a lui-même fomentée et encouragée», selon Bassma Qodmani, membre du CNS.

Ils ont estimé en outre que les réformes évoquées par M. Assad étaient dépassées, alors que les violences n'ont pas cessé et les prisonniers n'ont pas été libérés.

Mais la presse syrienne a appelé mercredi l'opposition à se joindre aux réformes et au gouvernement d'union nationale promis par le président Assad estimant que son discours «constitue un plan de travail pour sortir de la crise».