Le président français Nicolas Sarkozy a répété mardi que le dirigeant syrien Bachar al-Assad devait «quitter le pouvoir» et «laisser son peuple décider librement de son destin», estimant que ses «massacres» suscitaient «à juste tire l'écoeurement et la révolte».

La communauté internationale «doit prendre ses responsabilités (...) en dénonçant une répression cruelle» et doit «s'assurer que les observateurs de la Ligue arabe ont tous les moyens et toute la liberté de faire correctement leur travail», a estimé M. Sarkozy en présentant ses voeux aux armées à l'école navale de Lanvéoc-Poulmic (nord-ouest).

Les appels au retrait des observateurs de la Ligue arabe se sont multipliés depuis leur arrivée à Damas le 26 décembre en raison de la poursuite de la répression sanglante menée par le régime, qui a fait plus de 5000 morts, selon l'ONU.

La communauté internationale doit également «prendre ses responsabilités (...) en prenant les sanctions les plus dures, en assurant l'accès humanitaire», a également jugé le chef de l'État. «C'est ce à quoi nous allons travailler d'arrache-pied», a-t-il conclu.

Des observateurs qui manquent de professionnalisme

Les militants pro-démocratie ont dénoncé mardi le «manque de professionnalisme» des observateurs de la Ligue arabe dépêchés en Syrie pour tenter de faire cesser les violences, le secrétaire général de la Ligue admettant que les tirs sur les manifestants anti-régime se poursuivaient.

Trois civils ont encore été tués mardi à Homs (centre) par les forces de sécurité qui ont tiré dans plusieurs quartiers de cette ville, haut lieu de la contestation contre le régime du président Bachar al-Assad, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) alors que la télévision d'État faisait état de la présence d'observateurs dans les régions de Homs, Deraa (sud) et Idleb (nord-ouest).

Face à une répression qui ne faiblit pas en dépit de la mission des observateurs, les Comités locaux de coordination (LCC), qui organisent les manifestations sur le terrain, ont appelé le chef de la Ligue arabe et les observateurs à avoir une attitude «objective, impartiale et honnête ainsi qu'un sens des responsabilités (...) et à annoncer leur impuissance à mener seuls cette mission et demander l'aide des organisations internationales concernées».

«Nous voulons dire à Nabil al-Arabi que le manque de professionnalisme des observateurs et le non-respect des horaires de leur arrivée dans des lieux précis ont fait que de nombreuses personnes ont été tuées», ont-ils dénoncé.

«Le travail des observateurs, qui devaient en principe surveiller l'application du plan arabe visant à faire cesser les assassinats est entravé quotidiennement par le régime», ont indiqué les LCC.

«Les officiers et les soldats de l'armée portent des costumes de policiers, conduisent des véhicules militaires repeints et changent le nom des lieux, mais cela ne signifie pas que l'armée s'est retirée des villes et des rues ni que le régime applique les clauses du protocole» arabe, soulignent les LCC.

Selon eux, 390 personnes ont été tuées depuis que les observateurs ont entamé leur mission le 26 décembre.

Nabil al-Arabi avait demandé lundi «l'arrêt total des tirs» en Syrie où la répression a fait plus de 5000 morts depuis mars, selon l'ONU.

«Un des objectifs de la mission était d'assurer la libération de 3484 personnes détenues par le gouvernement syrien en quatre étapes. La libération d'un nouveau groupe sera annoncée bientôt. Les chars se sont retirés des villes et de leurs environs. Mais selon certaines informations des tireurs embusqués continuent à opérer depuis les toits de bâtiments et il y a des violences continuelles», a affirmé M. Arabi.

Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé s'est dit «dubitatif» quant au déroulement de la mission arabe, estimant que «les conditions dans lesquelles se déroule aujourd'hui cette mission d'observateurs méritent d'être clarifiées».

Seule l'Algérie a exprimé un avis plus optimiste, jugeant que la mission permettra d'évaluer «d'une manière plus crédible» la situation en Syrie.

Par ailleurs, l'agence officielle Sana a annoncé qu'«un groupe terroriste a visé un gazoduc près de Rastane», dans la province de Homs.

Mais sur leur page Facebook «Syrian Revolution 2011», les militants ont accusé «les gangs d'Assad d'avoir fait exploser le gazoduc afin d'en accuser les habitants au moment où les observateurs étaient attendus dans la région».

Entre-temps, 25 prisonniers d'opinion ont entamé une grève de la faim mardi pour réclamer une visite des observateurs arabes dans la prison d'Adra près de Damas, a indiqué l'OSDH.

Dans la province de Banias (nord-ouest), des étudiants ont défilé dans le village de Bayda malgré une présence massive des forces de sécurité alors que les militants ont hissé le drapeau syrien de l'indépendance sur la citadelle Al-Marqab.

L'OSDH a en outre appelé M. Arabi à réclamer la libération de Faten Rajab Fawaz, professeur de physique interpellée le 26 décembre à Douma, près de Damas, où elle anime la contestation et dont on n'est depuis sans nouvelles.

Sur le plan diplomatique, Burhan Ghalioun, président du Conseil national syrien (CNS), principal mouvement d'opposition, devait avoir des entretiens mardi au Portugal, membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU qui défend «une prise de position de cette instance sur la Syrie».

De son côté, le parti Baas au pouvoir a annoncé la tenue de son 11e congrès régional en février, date à laquelle étaient initialement prévues des élections législatives reportées sine die.

Par ailleurs, le quotidien Al-Watan, proche du pouvoir, a annoncé qu'une flotte russe menée par le porte-avions Amiral Kouznetsov accostera dans les prochains jours à la base navale de Tartous (centre-ouest).