Le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a demandé lundi que «les tirs s'arrêtent» en Syrie où le régime continue de réprimer les militants pro-démocratie malgré le déploiement des observateurs de l'organisation panarabe.

M. Arabi a affirmé que selon les «derniers rapports» reçus par téléphone des observateurs en Syrie «il y a toujours des tirs et des tireurs embusqués» dans les villes. «Il faut un arrêt total des tirs», a-t-il ajouté, dans les premières déclarations au sujet de la mission des observateurs arabes.

M. Arabi a en outre évoqué la possibilité d'une réunion prochaine des ministres arabes des Affaires étrangères pour évaluer cette mission.

Parallèlement, les appels au retrait des observateurs se sont multipliés depuis leur arrivée à Damas le 26 décembre, la répression sanglante menée par le régime ne marquant pas de répit, avec onze civils tués lundi.

Cinq personnes, dont une enfant de 10 ans, ont été abattues à Homs (centre) par les forces de sécurité, et quatre autres y ont été blessées, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Dans cette région, haut lieu de la contestation hostile au régime du président Bachar al-Assad, le corps d'un homme arrêté dimanche a été rendu à sa famille. Il portait des traces de torture, selon l'OSDH.

Cinq autres civils ont péri dans la région de Douma, près de Damas, quatre lors de perquisitions des forces de l'ordre et un sous les tirs des chabbiha, les milices civiles du régime, a affirmé l'OSDH, citant des habitants.

Un homme est en outre mort dans la région d'Idleb (nord-ouest) lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu à un barrage.

De leur côté, les observateurs étaient lundi à Homs, Hama (centre), Deraa (sud) où le mouvement de contestation a débuté, et à Daraya, près de Damas, pour rendre compte de la situation, selon l'agence officielle Sana.

Dans la région de Homs, les observateurs, encadrés par les autorités, ont visité une cimenterie près de Rastane, au lieu de se rendre dans cette ville où des milliers de manifestants ont été dispersés par des tirs en l'air, a déploré l'OSDH.

Pour sa part, la France a réclamé que les observateurs «soient en mesure de se rendre partout où ils doivent se rendre pour témoigner et pour accomplir de façon crédible, objective et complète le mandat qu'ils ont reçu de la Ligue arabe».

Dimanche, le président du Parlement arabe, Salem al-Diqbassi, avait appelé à leur «retrait immédiat (...), le régime syrien continuant à tuer des civils innocents», en «violation claire du protocole arabe qui prévoit de protéger le peuple syrien».

Les Comités locaux de coordination (LCC) qui organisent la mobilisation sur le terrain ont fait état lundi soir de la mort de 390 civils, dont 24 personnes décédées sous la torture et 30 enfants, depuis le début de la mission des observateurs.

Ces observateurs sont également contestés par les opposants syriens qui accusent le régime d'entraver leur mission et expriment des inquiétudes au sujet des «positions adoptées» par leurs chefs, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi.

«Les observateurs sont restés trop longtemps dans leurs hôtels avant d'être autorisés à sortir sur le terrain et leurs visites se font sous la surveillance des agents de sécurité du régime», a déploré Jabr al-Choufi, membre du Conseil national syrien (CNS), principal mouvement de l'opposition syrienne, dans des déclarations à la chaîne al-Arabiya.

Leur mission fait partie d'un plan de la Ligue arabe qui prévoit notamment la liberté de manifester, et le retrait des engins militaires des rues.

Certains remettent également en cause le choix du général Dabi «qui appartient à une armée ayant commis des crimes de guerre au Darfour», écrivait lundi le quotidien à capitaux saoudien al-Hayat, basé à Londres.

Un deuxième groupe d'observateurs doit arriver jeudi en Syrie.

Dans la région d'Idleb (nord-ouest), des déserteurs ont attaqué deux points militaires, prenant en otage des dizaines de soldats. Ils ont en outre tué plusieurs soldats.

«La famille Assad n'a plus que quelques semaines à exercer le pouvoir en Syrie», a estimé le ministre israélien de la Défense Ehud Barak, ajoutant qu'il était «impossible de prévoir (...) ce qui va arriver au lendemain de la chute de Bachar al-Assad».

Par ailleurs, la Suisse a refusé un visa d'entrée à un cousin du président Assad, Hafez Makhlouf, chef des services secrets, qui voulait rencontrer son avocat en Suisse, selon le journal NZZ Am Sonntag.