Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants vendredi en Syrie, faisant 24 nouvelles victimes civiles, dont quatre enfants, en particulier à Homs, où l'opposition accuse le régime du président Bachar al-Assad de préparer «un massacre».

Malgré le déploiement massif des forces de l'ordre, de nombreuses manifestations ont eu lieu, en particulier à Deraa (sud), Idleb (nord-ouest), Homs, Hama (centre) et Deir Ezzor (est), sous le slogan «la grève de la dignité», en prévision d'une grève générale dimanche, selon des militants et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Dix civils ont été tués à Homs, dont deux enfants de 10 et 12 ans, et un autre, un adolescent de 14 ans, près de cette ville, cinq près de Damas, quatre à Hama (centre), deux dans la province d'Idleb (nord-ouest) et deux, dont une fillette, à Deraa (sud), où la contestation est née il y a près de neuf mois, a précisé l'OSDH.

Cette association basée au Royaume-Uni a également fait état de «violents affrontements» entre déserteurs et forces gouvernementales à Douma et à Saqba, à 10 km de la capitale.

Le Conseil national syrien (CNS), qui réunit la majorité des courants de l'opposition, a dit craindre un «massacre» à Homs, cible d'une répression violente depuis des semaines.

«Toutes les informations, les vidéos, ainsi que les militants sur le terrain affirment que le régime se prépare à commettre un massacre collectif pour faire taire la révolution à Homs, et en faire un exemple pour les autres régions», a affirmé le CNS dans un communiqué.

«Le régime prétexte des incidents confessionnels pour justifier» ses actes, a ajouté le CNS, affirmant qu'à Homs, les forces de l'ordre incendiaient des mosquées, torturaient et tuaient des jeunes, enlevait des femmes et des enfants.

Le CNS fait état également de la présence d'«importants renforts militaires qui encerclent Homs, dont des milliers de soldats, et un nombre incalculable d'engins militaires lourds».

Sur le plan diplomatique, la Syrie a annoncé vouloir «étudier» une réponse reçue de la Ligue arabe à sa demande de levée des sanctions de l'organisation panarabe pour recevoir des observateurs de la Ligue dans le pays.

Si M. Assad est sincère, il «acceptera des observateurs de la Ligue arabe», a déclaré vendredi le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu.

Les sanctions, les premières de cette ampleur à l'encontre d'un membre de la Ligue, prévoient notamment un gel des transactions commerciales avec le gouvernement syrien et de ses comptes bancaires dans les pays arabes.

À l'étranger, la Suisse a annoncé avoir allongé la liste des personnes en Syrie faisant l'objet de restrictions de déplacements, en ajoutant 18 noms sur sa liste qui en compte désormais 74.

La Turquie a dit qu'elle allait suspendre à son tour un accord de libre-échange avec la Syrie, déjà suspendu par Damas, et prendre des dispositions pour éviter la Syrie dans ses relations commerciales avec le Proche-Orient.

En outre, Paris a annoncé que la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne avaient «obtenu» que la responsable des droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, soit entendue par le Conseil de sécurité à propos de la Syrie, a priori «mardi».

Le rapport récent d'une commission d'enquête internationale du Conseil des droits de l'homme «montre que les exactions visent même les enfants et ne connaissent aucune limite», a relevé le ministère français des Affaires étrangères.

Les Européens, France en tête, plaident depuis des mois -mais en vain- pour que le Conseil de sécurité condamne la répression en Syrie.

La répression a fait selon les Nations unies, au moins 4000 morts, dont plus de 300 enfants, un bilan crédible, a affirmé vendredi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en réponse à des déclarations du président Assad mettant en doute les Nations unies.

«Toutes les informations crédibles disponibles montrent que plus de 4000 personnes ont été tuées par les forces» syriennes, a insisté M. Ban lors d'une visite dans des camps de réfugiés de Dadaab au Kenya.

«Le haut commissaire aux droits de l'homme a été très clair à partir de différentes sources, des sources très crédibles», a-t-il dit devant des journalistes.

Dans un entretien mercredi à la chaîne américaine ABC News, M. Assad avait déclaré n'accorder aucun crédit au bilan de 4000 morts en Syrie avancé par les Nations unies. «Qui a dit que l'ONU était une institution crédible?», avait-il lancé.